17 mai : Africagay contre le sida use de sa "liberté d’expression"

Publié par jfl-seronet le 17.05.2014
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InitiativeIDAHO 2014homophobie

Alors que certains pays africains se sont distingués récemment par le durcissement de leur arsenal juridique contre l’homosexualité, AIDES et les associations membres du réseau Africagay contre le sida se mobilisent à l’occasion de l’IDAHO (International Day Against Homophobia and transphobia), qui a lieu le 17 mai et dont le thème de cette année est la "liberté d’expression".

Le réseau Africagay contre le sida (dont AIDES est membre) n’entend pas rater le coche de la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie. Il a choisi de le faire à travers 14 vidéos de témoignages de militants africains qui permettent de comprendre les principaux enjeux de lutte contre l’homophobie et le VIH/ Sida en Afrique. Ces vidéos qui traitent de larges sujets comme l’intérêt du dépistage chez les gays, les discriminations, la pénalisation de l’homosexualité au Cameroun et au Sénégal, les préjugés selon lesquels être gay serait une importation occidentale, ou encore l’intérêt de militer, constituent autant des états des lieux, que des points d’infos et surtout des appels à la mobilisation en faveur des droits des minorités.

Droits des minorités : pourquoi se mobiliser ?

La fin de l’épidémie de VIH/sida est indissociable de l’accès universel aux traitements et aux droits. Trop souvent le cadre législatif est un obstacle à une lutte véritablement efficace contre l’épidémie de sida en ce qu’il nourrit les discriminations et la stigmatisation des populations les plus vulnérables. Cette analyse, le directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé la partage. Il explique ainsi dans un récent communiqué de presse de l’instance onusienne : "Chaque individu doit pouvoir aimer la personne de son choix et exprimer son identité, et cette liberté doit être respectée. Les personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) ont fait preuve d'un très grand courage et sont en train de provoquer une transformation sociale. La criminalisation des comportements des personnes LGBTI met en danger des communautés entières. Elle maintient, en effet, des personnes qui ont besoin de services de prévention et de traitement à l'écart de programmes d'une importance vitale". Et Michel Sidibé d’ajouter : "Il est scandaleux qu'en 2014, alors que nous disposons des outils qui permettront de vaincre le sida, nous soyons encore en train de nous battre contre les préjugés, la stigmatisation et la discrimination active dans 78 pays à travers le monde. Et cela pas seulement auprès du citoyen ordinaire, mais aussi dans les tribunaux, les salles de classe et les établissements de soins. La stigmatisation et la discrimination fondées sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre sont la cause de nouveaux cas d'infection par le VIH". Difficile d’être plus clair !

Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes

Dans sa campagne pour le 17 mai, Africagay contre le sida rappelle, elle aussi, que "la pénalisation de l’homosexualité aggrave la stigmatisation et les discriminations des HSH et augmente dramatiquement leur vulnérabilité à l’épidémie de sida. Ces législations répressives les exclues en effet des politiques de prévention et des moyens de protection spécifiques". Une preuve ? "Alors que 39 des 53 pays que compte le continent africain pénalisent l’homosexualité, de nombreuses études démontrent que les MSM [ou HSH : hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, ndlr] en Afrique sont de 5 à 25 fois plus exposés à l’épidémie de sida que la population générale (1).

Autre élément avancé par Africagay contre le sida : "La violation des droits fondamentaux des HSH concerne tout un chacun en ce qu’elle impacte la société dans son intégralité. Cependant seul 18 % des pays dans le monde ont des programmes à destination des HSH (2)". Cet argument : faire du tort aux homosexuels, c’est faire du tort à la société dans son ensemble, suscite toujours des réticences. Et pourtant, on doit bien constater que face à la stigmatisation et à la discrimination, nombre de HSH ont des relations hétérosexuelles afin de "sauver les apparences sociales", de donner le change Les taux de prévalence très élevés dans cette communauté de même que l’ignorance des modes de transmissions constituent alors un problème pour le reste de la société. "La moitié des pays qui pénalisent l’homosexualité dans le monde se trouvent sur le continent africain, le plus touché par l’épidémie de sida. On ne pourra jamais mettre fin à cette pandémie si on ne lutte pas efficacement contre les lois qui nourrissent les discriminations et la stigmatisation des HSH, vulnérabilisant ainsi les populations les plus exposées au virus", assure Africagay contre le sida.

Pour des raisons de protection des personnes, ces vidéos ne sont pas toutes accessibles sur Internet, certaines ne pourront donc pas être consultées ; cinq seulement sont disponibles.

(1) : "Prévention et traitement de l’infection à VIH et des autres IST parmi les HSH et chez les personnes transgenres", OMS, PNUD, ONUSIDA, Juin 2011.
(2) : Déclaration Politique : "Intensifier nos efforts pour éliminer le VIH/sida", Assemblée Générale de l’ONU, Juin 2011.