1er décembre 2014 : des chiffres, des annonces, des idées

Publié par jfl-seronet le 01.12.2014
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Chiffres1er décembre 2014épidémiologie

A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, organismes officiels et associations de lutte contre le sida ont publié des communiqués de presse annonçant des chiffres, des recommandations, des stratégies pour mieux faire face à l’épidémie au niveau mondial comme à l’échelon français. Voici quelques chiffres et quelques pistes nouvelles.

Les chiffres de l’ONUSIDA

En 2013 : 35 millions de personnes vivaient avec le VIH. Depuis le début de l’épidémie, environ 78 millions de personnes ont été infectées par le VIH et 39 millions de personnes sont décédées de maladies liées au sida. Dans le monde, 2,1 millions de personnes ont été nouvellement infectées par le VIH en 2013 ; dans le monde, 240 000 enfants ont été nouvellement infectés par le VIH en 2013, rappelle l’organisme onusien. En 2013 toujours, 1,5 million de personnes sont décédées de maladies liées au sida dans le monde. En 2013, environ 12,9 millions de personnes vivant avec le VIH avaient accès à la thérapie antirétrovirale. Cela représente 37 % de toutes les personnes vivant avec le VIH ; toutefois, seuls 24 % de tous les enfants vivant avec le VIH bénéficient des médicaments salvateurs. L’ONUSIDA a aussi rappelé que la "tuberculose reste la principale cause de décès parmi les personnes vivant avec le VIH, avec 320 000 décès, selon les estimations, en 2012.

Combler l’écart en matière d’accès aux soins

L’ONUSIDA a rappelé ses points de vigilance et d’action concernant l’écart en matière d’accès aux soins et notamment les populations les plus exposées. Le VIH est la principale cause de décès parmi les femmes en âge de procréer. En 2013, 54 % des femmes enceintes dans les pays à revenu faible ou intermédiaire n’ont pas bénéficié d’un test VIH. En 2013, près de 60 % de toutes les nouvelles infections à VIH parmi les jeunes de 15 à 24 ans sont survenues parmi les adolescentes et les jeunes femmes. En Afrique, les maladies liées au sida sont la principale cause de décès parmi les adolescents de 10 à 19 ans. Par ailleurs, sur le plan mondial, les gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes sont 19 fois plus susceptibles de vivre avec le VIH que la population générale. La prévalence du VIH parmi les professionnel-le-s du sexe est 12 fois plus élevée que parmi la population générale. Les femmes trans sont 49 fois plus susceptibles de contracter le VIH que l’ensemble des adultes en âge de procréer. On estime que la prévalence du VIH est jusqu’à 28 fois plus élevée parmi les personnes qui s’injectent des drogues que parmi la population générale.

La stratégie du 90-90-90

L’organisme onusien a choisi de mettre en avant la stratégie qu’il préconise pour "combler l’écart qui nous sépare de zéro nouvelle infection à VIH". Il s’agit de la réalisation des objectifs 90-90-90 de l’ONUSIDA afin que "90 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur séropositivité, 90 % des personnes conscientes de leur séropositivité au VIH soient sous traitement antirétroviral et 90 % des personnes sous traitement aient une charge virale indétectable, ce qui permettra de les maintenir en bonne santé et de réduire le risque de transmission du VIH. Mettre fin à l’épidémie de sida est réalisable si les grandes villes du monde agissent immédiatement et avec détermination pour accélérer leurs ripostes au sida d’ici à 2020", a déclaré Michel Sidibé, directeur exécutif de l’ONUSIDA.

Le message de Coalition PLUS

"Bonne nouvelle : le monde est en bonne voie pour atteindre la cible des 15 millions de personnes sous traitement l’an prochain, et la fin du sida n'a jamais été aussi proche", note un communiqué de Coalition PLUS. "En s'appuyant sur la stratégie 90-90-90, ce sont plus de 21 millions de vies que la communauté internationale peut décider de sauver, et 28 millions de nouvelles contaminations d’éviter d'ici à 2030. En revanche, le rapport révèle également que si des augmentations massives de financement n'ont pas lieu rapidement, l'épidémie risque de reprendre le dessus et de devenir de nouveau hors de contrôle dans quelques années", note Coalition PLUS.

"Aujourd'hui, seuls 1 adulte sur 3 et 1 enfant sur 4 qui en ont besoin ont accès à un traitement antirétroviral dans les pays en développement. Alors qu'il faudrait doubler le nombre de personnes sous traitement et que les pays pauvres augmentent leurs investissements, l'aide en provenance des pays riches, elle, stagne", a rappelé Hakima Himmich, présidente de Coalition PLUS. "Les moyens d’augmenter les investissements dans la lutte contre le sida sont là", indique Coalition PLUS. "La France pèse 3,6 % des richesses mondiales, mais seulement 2,4 % de la lutte mondiale contre le sida. Avec la TTF européenne, la France et ses partenaires ont l'opportunité de faire leur part du chemin en affectant une partie des revenus à la lutte mondiale contre le sida", explique Bruno Spire, président de AIDES et administrateur de Coalition PLUS. Si elle est bien conçue, la TTF pourrait générer 35 milliards d'euros par an au niveau européen, et au moins 10 milliards d'euros uniquement en France.

Le Conseil national du sida (CNS) défend le dépistage

"Des progrès récents ont été constatés en matière de dépistage : si le nombre de tests réalisés reste stable, le nombre de tests positifs connait une augmentation de 7 % entre 2011 et 2013", note le communiqué (fin novembre) du Conseil national du sida (CNS). "Un ciblage plus performant des personnes dépistées pourrait expliquer cette augmentation, notamment grâce aux actions de prévention incluant une offre de tests rapides d’orientation diagnostique (TROD). Les efforts pour adapter l’offre de dépistage aux évolutions de l’épidémie doivent donc être poursuivis et considérablement amplifiés. Les stratégies de prévention, y compris les plus innovantes, doivent être pleinement mobilisées pour limiter la progression de l’épidémie". A l’occasion de cette journée mondiale de lutte contre le sida, le Conseil national du sida appelle plus particulièrement à : "Promouvoir les centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic du VIH, des hépatites et des infections sexuellement transmissibles qui sont appelés à succéder aux CDAG et CIDDIST actuels, et saisir cette opportunité pour améliorer l’accessibilité des établissements" ; "Pérenniser et amplifier l’offre de TROD et favoriser la diversité des opérateurs habilités et la pluralité des territoires d’intervention, au plus près des besoins des populations" ; "Développer une offre de santé sexuelle en pérennisant les structures existantes, en particulier le centre 190 à Paris, et en accompagnant les structures naissantes, en cours de préfiguration ou en projets dans les différentes régions" ; "Anticiper la prochaine disponibilité à la vente des autotests d’infection par le VIH en pharmacie et permettre leur mise à disposition gratuite dans les structures adaptées au bénéfice des populations exposées" ; "Préparer les conditions de promotion et de mise en œuvre de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) compte tenu des résultats récents obtenus dans de larges essais".