2022 : #FaceAuSida

Publié par Sophie-seronet le 19.03.2022
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Politique

Les enjeux de la lutte contre le VIH et les hépatites virales sont très peu visibles, voire invisibles, dans les programmes des candidats-es à l’élection présidentielle 2022. C’est ce qui a poussé AIDES à se mobiliser au travers de sa propre campagne, pour y défendre ses revendications. Demandez le programme !

Dos au mur !

Sur l’affiche, les candidats-es à la présidentielle (reconnaissables à leur coupe de cheveux, leur allure…) sont de dos. On y voit le président sortant, Emmanuel Macron, certains-es de ses challengers pour 2022 : Anne Hidalgo, Valérie Pécresse, Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon. Sur leur dos, un slogan cinglant : « Aujourd’hui pour faire face au sida, il n’y a aucun-e candidat-e » et juste en dessous quelques précisions sur le grief : « Politiques des drogues, accès aux médicaments, politiques migratoires : face au sida, il est temps d’agir ». « Nos propositions résultent de nos vécus, nos expériences, nos expertises, nos histoires individuelles que nous confrontons collectivement pour construire des réponses à nos besoins et aux difficultés que nous rencontrons », explique Camille Spire, la présidente de AIDES. « Nos communautés sont toujours surreprésentées parmi les nouvelles infections au VIH : 43 % concernent des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, 38 % des personnes hétérosexuelles nées à l’étranger et 1,5 % des usagers-es de drogues par voie intraveineuse » souligne-t-elle, avant d’expliquer : « Pour impacter fortement les épidémies, la santé publique doit s’appuyer sur des principes qui ont fait leurs preuves : associer les personnes concernées aux décisions qui les concernent, faire appel aux acteurs communautaires en proximité avec les personnes vulnérable, prendre en compte le vécu des malades et des personnes exposées, privilégier la santé et la prévention à la répression, lutter contre les discriminations qui touchent nos communautés, etc. » Et Camille Spire de conclure : « Nous demandons l’écoute et le soutien des pouvoirs publics, ils ont la responsabilité de mener des politiques de santé à la hauteur des enjeux de la lutte. »

Un débat escamoté… malgré les enjeux

À quelques semaines de l’élection présidentielle, on aurait presque l’impression d’avoir vaincu l’épidémie de VIH, tant elle est absente du débat public, ironise AIDES. « Alors ça y est, c’en est enfin fini des contaminations ? De la sérophobie ? Des morts-es ? Si le virus du sida ne mérite pas notre attention, c’est probablement qu’il ne représente plus de menace, me direz-vous. Et pourtant ! En France, 200 000 personnes vivent avec le virus du sida. Parmi elles, 24 000 l’ignorent. Le nombre de dépistages a chuté de 14 % entre 2019 et 2020. Cette même année, 30 % des infections au VIH ont été découvertes à un stade avancé de l’infection. Sans grande surprise, les populations les plus touchées par ces problématiques demeurent celles déjà discriminées : les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, les femmes, les consommateurs-rices de drogues, les personnes nées à l’étranger ou encore les travailleurs-ses du sexe », expliquait récemment la présidente de AIDES dans un édito.

Ces chiffres sont éloquents. Ils montrent que « l’épidémie du VIH/sida n’est pas terminée et les défis à relever sont encore nombreux ». Pourtant, ces thèmes sont absents des débats qui entourent l’élection présidentielle à venir, alors même que certains programmes font une part conséquente à la santé. Sur le VIH comme sur les hépatites, quasiment rien. « Quel-le prétendant-e à la fonction suprême s’indigne de la mort de 680 000 personnes du sida dans le monde en 2020 ? Qui défend l’accès aux soins pour tous-tes ? Quel-le homme ou femme politique soutient que la lutte contre les épidémies, parce qu’elles ne s’arrêtent ni aux frontières, ni à un groupe de population, est en réalité un sujet de santé publique ? », interroge Camille Spire. AIDES n’entend pas se résoudre au « constat affligeant » qui s’impose à nous : « Aujourd’hui, pour faire face au sida, il n’y a aucun-e candidat-e ! Il faut pourtant être lucide, notre prochain-e président-e entrera, quoi qu’il arrive, dans l’histoire de la lutte contre le VIH/sida. Soit par son inaction qui coûtera de nouveau la vie à des milliers de personnes, soit par son implication qui permettra d’atteindre l’objectif de 0 contamination en France d’ici 2030 », résume la militante. « Ignorer le sujet de la lutte contre le virus du sida, c’est mépriser toutes les personnes qui vivent avec le VIH aujourd’hui et celles qui pourraient vivre avec demain. La seule voix qui résonne actuellement sur ces enjeux, c’est la nôtre. Et nous ne nous tairons pas. Militants-es, personnes concernées, personnes vulnérables, alliés-es de nos luttes, mobilisons-nous ! Continuons de marteler que des solutions concrètes existent pour faire reculer l’épidémie. Ensemble, nous parviendrons à faire entendre nos revendications, pour qu’enfin, d’autres s’en saisissent ».

Donnons de la voix pour faire face au sida !

À chaque élection présidentielle, AIDES mène campagne pour renforcer la lutte contre le sida en France, comme au plan mondial, avec dans le viseur la fin de l’épidémie pour 2030. Cette année, la configuration est particulière puisque nous sommes en période électorale (présidentielle, puis législatives), que la France préside l’Union européenne pour quelques mois, et que la 7e reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida se déroule en 2022. Cette année, l’association a donc mis le paquet sur cette « campagne qui dénonce l’absence de propositions politiques pour la lutte contre le VIH/sida ». La campagne met l’accent sur des enjeux de la lutte contre le VIH/sida qui sont toujours trop d’actualité : le prix exorbitant des médicaments, le monopole injustifié des firmes pharmaceutiques, les inégalités d'accès aux soins de santé, l’accès à la prévention des consommateurs-rices de drogues, les enjeux sanitaires des personnes migrantes, etc.