8 mars 2023 : faits et annonces

Publié par jfl-seronet le 13.03.2023
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Initiativefemmes

Comme chaque année, la Journée internationale des droits des femmes, a été l’occasion d’annonces politiques, de publication de données sur les progrès en matière d’égalité entre les femmes ou les hommes, mais aussi, hélas, de régressions. Données françaises et internationales, initiatives nationales et prises de position, Seronet fait le point.

Un 8 mars sous le signe des retraites

Tonalité particulière pour cette édition 2023 du 8 mars en France. Des dizaines de milliers de manifestantes et manifestants ont participé, sous un ciel mauvais, à Paris et dans environ 150 villes en France à la Journée internationale des droits des femmes, placée sous le signe de la lutte contre la réforme des retraites et les inégalités salariales dont celles-ci sont les premières victimes. Ce 8 mars est « l’occasion d’appeler les femmes à investir massivement les rues pour obtenir le retrait du projet de réforme des retraites, qui va les pénaliser plus sévèrement », a déclaré, lors d’une conférence de presse, Youlie Yamamoto, cofondatrice du mouvement féministe « Les Rosies ». Les syndicats FSU, CGT et Solidaires, ainsi que 45 organisations féministes, avaient appelé à la « grève féministe » pour exiger « l’égalité au travail et dans la vie ». Ils avaient déposé des préavis dans tous les secteurs d’activité. Des manifestations étaient prévues dans environ 150 villes en France, dont Bordeaux, Lyon, Marseille et Nantes mais aussi dans des villes plus petites, comme Arras, Blois ou Carcassone. « Cette année, on voit bien qu’il y a une dynamique hors du commun sur ce 8 mars puisqu’on a environ 166 points de mobilisation enregistrés contre 60-70 les autres années », indiquait (6 mars) Murielle Guilbert, co-déléguée générale de Solidaires. À Paris, un cortège est partir de la place de la République en direction de la place de la Nation. Des débrayages ont été organisés dans des entreprises de plusieurs secteurs (commerce, industrie, etc.), notamment à 15h40, heure théorique à laquelle les femmes cessent d’être rémunérées, compte tenu des écarts de salaires entre les sexes. Les femmes gagnaient en moyenne près de 15 % de moins que les hommes dans le secteur privé en 2021, selon une étude de l’Insee. Le projet de réforme des retraites du gouvernement est vivement critiqué pour son manque d’équité envers les femmes, puisque les mesures qu’il comprend devraient allonger leur carrière davantage que celles des hommes. Même si cela leur permettrait de réduire un peu l’écart financièrement. À l’heure actuelle, les inégalités de pension restent substantielles : fin 2020, les femmes avaient une retraite inférieure en moyenne de 40 % à celle des hommes, différence ramenée à 28 % en cas de réversion.

Index égalité femmes/hommes

L’index égalité femmes/hommes au sein des entreprises a progressé en 2023, a salué (8 mars) le ministre du Travail Olivier Dussopt, mais 77 entreprises sont passibles d’être sanctionnées, selon un bilan du ministère. « La part des entreprises qui respectent leur obligation de déclaration augmente et c’est bien », a salué sur France Inter le ministre lors d’une interview. « La deuxième bonne nouvelle, c’est que la note moyenne obtenue par les entreprises ne cesse de progresser », a-t-il ajouté. Chaque année au 1er mars, les entreprises de plus de 50 salariés-es doivent calculer et publier leur index. Il se mesure sur 100 points avec cinq critères : l’écart de rémunération femmes-hommes (40 points), l’écart dans les augmentations annuelles (20 points), l’écart dans les promotions (15 points), les augmentations au retour de congé maternité (15 points) et la part de femmes dans les dix plus gros salaires (10 points). Les entreprises de plus de 250 salariés-es ont l’obligation de publier leur note globale (sur 100) depuis 2019, et celles de 50 à 250 salariés depuis 2020. Lorsque la note est inférieure à 75, l’entreprise doit prendre des mesures correctives dans les trois ans. En 2023, « 72 % des entreprises concernées ont publié leur note au 1er mars, proportion en forte augmentation par rapport aux années précédentes (61 % en 2022 et 2021 et 54 % en 2020) », selon le bilan du ministère.  La note moyenne déclarée par les entreprises est en augmentation, s’établissant « à 88 sur 100 en 2023, contre 86 sur 100 en 2022 ». Elle a augmenté de 4 points depuis 2020 (84 sur 100). La note moyenne des seules entreprises de plus de 1 000 salariés-es a augmenté d’environ 7 points entre 2019 (82,9) et 2023 (89,7), détaille l’AFP. Néanmoins, ajoute le ministère, seules « 2 % des entreprises ont une note de 100 » et 77 entreprises ont « une note inférieure à 75 points depuis 2020. Ces entreprises pourront faire l’objet d’une sanction en 2023 ». En terme de contrôle, le ministère précise que depuis 2019, l’inspection du travail a conduit « 42 017 interventions et prononcé 695 mises en demeure ». Au total, « 49 pénalités » ont été notifiées à des entreprises. Sur France inter, Olivier Dussopt a, par ailleurs, relevé « quelques points de fragilité ou en tout cas des points de progrès » en ce qui concerne l’égalité de représentation dans les instances de direction. La loi Rixain de 2021 prévoit pour les grandes entreprises de plus de 1 000 salariés-es un quota de 30 % de femmes dans les instances dirigeantes au 1er mars 2026 et 40 % au 1er mars 2029, sous peine de pénalité financière. Or, selon les chiffres du ministère, « 60 % des entreprises comptent moins de 30 % de femmes parmi leurs cadres dirigeants et 44 % ont moins de 30% de femmes dans les instances dirigeantes ». D’après une évaluation réalisée par l’Institut des politiques publiques à la demande de la CFDT rendue publique lundi 6 mars, la mise en place de l’index égalité professionnelle n’a « pas eu d’effet » à court terme sur la réduction des inégalités entre hommes et femmes dans les entreprises.

Un plan égalité à la française

Le 7 mars, veille de la Journée internationale des droits des femmes, la Première ministre a annoncé le déploiement d’un plan interministériel pour l’égalité entre les femmes et les hommes (2023-2027). Ce nouveau plan s’articule autour de quatre grands axes : la lutte contre les violences faites aux femmes ; la santé des femmes ; l’égalité professionnelle et économique ; la culture de l’égalité. Il est composé d’une centaine de mesures qui commenceront à s'appliquer pendant le quinquennat en cours. Concernant la lutte contre les violences faites aux femmes : des mesures vont permettre de rompre l’isolement des victimes et de les accompagner partout sur le territoire. D’ici à 2024, chaque département sera doté d'une maison des femmes, structure de prise en charge globale des femmes victimes de tous types de violences, adossée à un centre hospitalier, où les plaintes pourront aussi être recueillies. Un « pack nouveau départ » va aussi être progressivement déployé pour les femmes qui doivent quitter leur domicile ou qui préfèrent y rester après l'éviction de l’ex-conjoint. Par ailleurs, la complexité et la spécificité des violences conjugales rendent nécessaires la formation de tous-tes les acteurs-rices. Le plan prévoit le déploiement de pôles spécialisés dans chaque juridiction. Le Garde des Sceaux en précisera les modalités de mise en œuvre concrètes d’ici à l’été. De plus, le fichier de protection des victimes de violences intrafamiliales, dont le déploiement est prévu à compter de la fin 2023 avec des données relatives à l’auteur, sera à terme enrichi de données relatives à la victime, etc.

Concernant l’axe de la santé des femmes, ce plan propose une « approche globale en faveur de la santé des femmes ». Parmi les mesures préconisées : les conséquences dues aux fausses couches seront mieux prises en compte avec la suppression du délai de carence dès le premier jour de l’arrêt de travail. Pour lutter contre la précarité menstruelle, les protections périodiques réutilisables seront remboursées pour les femmes jusqu’à 25 ans.Concernant le pilier égalité professionnelle et économique, le plan « renforce le rôl e des entreprises et de la fonction publique dans l’atteinte de l’égalité salariale et de l’accès égal à des postes à responsabilité ». L’index égalité professionnelle va s’appliquer à toute la fonction publique et les dispositifs de nomination équilibrée seront renforcés. « Pour mettre fin aux préjugés, il est essentiel de diffuser et de transmettre une culture de l’égalité », explique le gouvernement. C’est l’objet du quatrième et dernier axe du plan qui prévoit notamment le soutien à la création d’un musée des féminismes ou encore l’accompagnement global de 10 000 jeunes filles pour intégrer les métiers du numérique et de la tech. De son côté, le Haut conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCE) s’est félicité (8 mars) de voir « figurer [dans le plan Égalité] certaines des principales recommandations issues de son rapport annuel sur le sexisme ». Il a rappelé aussi que « leur mise en œuvre nécessite des moyens conséquents, humains et financiers. Quelques centaines de millions sont annoncées. C’est un bon début mais il faudra nécessairement une suite » et sans doute plus !

Lutte contre les inégalités hommes-femmes au plus bas

Ça commence mal. Le rythme des réformes visant à réduire les inégalités entre les hommes et les femmes a fortement ralenti en 2022 pour atteindre son niveau le plus bas depuis 20 ans, selon un rapport de la Banque mondiale (BM) publié le 2 mars dernier.  L'indice mesurant l'évolution des réformes en faveur d'une plus grande égalité juridique n'a progressé que de 0,5 point et s'établit désormais à 77,1 points, « cela signifie que les femmes ne jouissent en moyenne qu'à peine 77 % des droits juridiques reconnus aux hommes » écrit l'institution, dans son rapport, intitulé : « Les femmes, l'entreprise et le droit » pour 2022.  Concrètement, trente-quatre réformes ont été menées l'année écoulée, dans dix-huit pays, ce qui en fait le plus faible total depuis le début du siècle.  Au rythme actuel des réformes, une jeune femme entrant aujourd'hui dans la vie active n'atteindra pas l'égalité juridique lors de son départ à la retraite dans la plupart des pays, estime le rapport. Celui-ci pointe dans cette situation un risque d'entrave de « la croissance économique à un moment critique pour l'économie mondiale ».  Et d’indiquer : « Le fait qu'une grande partie du monde n'accorde pas aux femmes les mêmes droits qu'aux hommes constitue non seulement une injustice à l'égard de celles-ci, mais aussi un obstacle dans la capacité de ces pays à promouvoir un développement vert, résilient et inclusif », a estimé le chef économiste de la BM, Indermit Gill, cité dans un communiqué. D’un point de vue économique, l’institution estime qu'une égalité juridique permettrait d'augmenter le Produit intérieur brut (PIB) par habitant-e à long terme de près de 20 % en moyenne, avec des gains économiques mondiaux estimés entre 5 000 et 6 000 milliard de dollars si les femmes pouvaient créer et développer de nouvelles entreprises aussi facilement que les hommes. Si le niveau d'égalité est le plus élevé dans les économies avancées, l'Afrique subsaharienne est la région à avoir réalisé le plus de réformes en la matière en 2022, la moitié du total étant réalisé dans sept pays de la zone. Dans le cadre de son rapport, la Banque mondiale a étudié l'ensemble des lois et règlements votés ou mis en place dans 190 pays en 2022 en prenant en compte huit domaines qui « influent sur la participation des femmes à la vie économique » : mobilité, travail, rémunération, mariage, parentalité, entrepreneuriat, actifs et retraite.

Des femmes mobilisées dans le monde entier

All over the world ! Comme à Madrid, où une marée violette a déferlé dans la ville, les femmes du monde entier ont manifesté 8 mars pour défendre leurs droits, bafoués en divers endroits de la planète. « Pour moi, c'est très important (d'être là) car mes grands-mères se sont battues pour que nous ayons certaines libertés », a confié à l'AFP, dans le cortège madrilène, Mariam Ferradas, cuisinière de 52 ans.  Au moins 27 000 femmes, presque toutes vêtues de violet, la couleur du féminisme, ont défilé dans la capitale espagnole, selon les chiffres des autorités. Ailleurs en Europe et en Asie, des milliers de femmes se sont rassemblées, défiant parfois les autorités, comme à Istanbul où elles ont célébré une « marche de nuit féministe », sifflant et chantant sous l'œil attentif de la police qui avait interdit toute manifestation sur la place Taksim. En France, la contestation avait été placée sous le signe de la lutte contre la réforme des retraites, accusée d'être injuste envers les femmes. Au Pakistan, pays très conservateur et patriarcal, les femmes sont aussi descendues dans les rues par milliers malgré les tentatives des autorités d'empêcher certaines de leurs marches, où sont évoqués des sujets souvent tabous comme le divorce, le harcèlement sexuel ou les menstruations. En Afghanistan, « pays le plus répressif au monde en ce qui concerne les droits des femmes », selon Rosa Otounbaïeva, cheffe de la Mission d'assistance des Nations unies dans le pays, elles étaient une vingtaine à manifester à Kaboul, a constaté l'AFP. En Ukraine, le président Volodymyr Zelensky a tenu, pour sa part, à rendre hommage aux femmes « qui ont sacrifié leur vie » depuis le début de l'invasion russe il y a un an. Démarche symbolique et inédite, l'Union européenne a adopté (8 mars) des sanctions contre des individus responsables de violations des droits des femmes dans six pays, dont le ministre taliban de l'Enseignement supérieur Neda Mohammad Nadeem alors que les Afghanes n'ont plus le droit d'aller à l'université ou dans l'enseignement secondaire.  Elle a été imitée par le Royaume-Uni qui a gelé les actifs et interdit de séjour plusieurs individus et entités responsables de violences envers les femmes en Iran, en Syrie, au Soudan du Sud et en République centrafricaine.

En Amérique latine, la mobilisation du Nord au Sud a été placée sous le signe de la lutte contre les féminicides. Un fléau au Brésil notamment, où plus de 1 400 de ces crimes ont été recensés l'an dernier, soit un toutes les six heures. Au Brésil, le président Lula a annoncé des mesures pour lutter contre ces violences « intolérables ».  Même mot d'ordre au Mexique, où 969 féminicides ont été enregistrés en 2022. En Colombie, le nombre de féminicides est passé de 182 en 2020 à 614 l'année dernière.  Au Venezuela, la manifestation de femmes à Caracas s'est concentrée sur la demande « d'un salaire décent » dans un contexte d'inflation accélérée.  Au Pérou, englué dans une crise politique, les slogans étaient dirigés contre la première femme présidente du pays, Dina Boluarte, accusée par les manifestantes autochtones d'être responsable de la mort de dizaines de civils : « On n'a rien à célébrer en ce jour car nous pleurons la perte de tant de jeunes gens », a déclaré à l'AFP Ana Isabel Aguilar, une des manifestantes. À Cuba, faute de pouvoir défiler librement, les organisations féministes indépendantes ont appelé à une « manifestation virtuelle » sur les réseaux sociaux. Les féministes se mobilisent aussi particulièrement à travers le monde pour défendre le droit à l'avortement, remis en cause en particulier aux États-Unis par la décision de la Cour suprême de révoquer en juin l'arrêt « Roe versus Wade » de 1973 garantissant ce droit.

Égalité entre les sexes pas avant 300 ans

Désespérant. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a déploré, lundi 7 mars, que « l’égalité » entre les femmes et les hommes dans le monde soit un objectif de plus en plus lointain, atteint au mieux « dans 300 ans ». Et ce propos n'est pas ironique, simplement la traduction d'une évolution qu'il juge bien trop lente, voire fragilisée. « L’égalité entre les sexes s’éloigne de plus en plus. Au rythme actuel, (l’organisation) ONU Femmes la fixe à dans 300 ans », a-t-il dénoncé dans un discours à l’ouverture de deux semaines de débats à New York de la Commission de la condition de la femme (CSW) et deux jours avant la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars, indique l'AFP. Dans l’amphithéâtre de l’Assemblée générale, le chef de l’ONU a estimé que les « droits des femmes étaient maltraités, menacés, violés à travers le monde » et que « le progrès effectué depuis des décennies disparaissait sous nos yeux » « Des siècles de patriarcat, de discrimination et de stéréotypes pénibles ont créé un fossé entre les sexes, dans les sciences et les technologies », secteurs dans lesquels les femmes ne représentent que « 3% des lauréats de prix Nobel », a-t-il pris comme exemple. « Le patriarcat contre-attaque, constate-t-il. Nous aussi. Je suis ici pour affirmer clairement et avec force : les Nations unies se tiennent partout aux côtés des femmes et des filles », a conclu le secrétaire général.

La Cimade s’engage en faveur des femmes exilées

Dans quelques semaines, un nouveau projet de loi Asile et immigration (le 29ème en 40 ans !) sera présenté au Sénat, explique un communiqué de la Cimade. « Parmi les rares articles qui ne sont pas liés à des mesures coercitives à l’encontre des personnes étrangères, le gouvernement prévoit deux mesures pour le moins contradictoires », explique l’ONG. « D’un côté, l’attribution de titres de séjour aux personnes occupant des métiers dits « sous tension ». De l’autre, une amende administrative sanctionnant les employeurs de personnes sans-papiers », pointe la Cimade. Et l’ONG d’expliquer : « Les femmes migrantes représentent plus de la moitié des personnes ayant quitté leur pays d’origine pour rejoindre la France. Elles sont pourtant les grandes absentes de ce texte de loi. En tant que femmes étrangères, elles sont en effet souvent cantonnées à des emplois qui ne font pas partie des métiers « sous tension », peu rémunérateurs ou non-déclarés qui font fonctionner des pans entiers de l’économie française à moindre frais ». De fait, sans ressources suffisantes, un grand nombre de ces femmes ne peut obtenir de carte de résident-e longue durée, et se retrouve sans permis de travail, du jour au lendemain. La perspective d’une amende plus importante infligée à leurs employeurs-ses risque d’accentuer leur vulnérabilité, voire leur possible exploitation. Pour d’autres femmes ayant obtenu un titre de séjour en tant que « conjointe de », la situation peut devenir dramatique, le renouvellement de ce droit au séjour étant dépendant de la communauté de vie. Et perdre ce droit a des conséquences catastrophiques en termes d’autonomie, d'accès au travail, au logement, etc. À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la Cimade a appelé à « la régularisation sans condition des personnes exilées, et en particulier des femmes ».

PMA pour toutes : 23 000 demandes

Ça marche ! L'introduction en France en 2021 de la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes avait donné lieu, fin 2022, à près de 23 000 demandes de première consultation de la part des couples de femmes ou de femmes seules, selon des chiffres publiés mercredi 8 mars par l'Agence de la biomédecine. « On a été surpris par l'ampleur des demandes et maintenant on va entrer dans un processus de normalisation », a précisé à l'AFP, Claire de Vienne, médecin référente à l'Agence de la biomédecine, la structure qui encadre le don de gamètes et la procréation médicalement assistée.  Au total, ont été recensées quelque 22 800 demandes de premières consultations pour une assistance médicale à la procréation avec don de spermatozoïdes de la part des couples de femmes et des femmes seules depuis la mise en application de cette loi, détaille l'agence. La PMA, ou AMP (assistance médicale à la procréation), est ouverte aux couples lesbiens et aux femmes célibataires depuis son entrée en vigueur le 29 septembre 2021.  Jusque-là, elle était uniquement réservée aux couples hétérosexuels avec des problèmes de fertilité ou souhaitant éviter de transmettre une maladie grave. Au 31 décembre 2022, près de 5 600 personnes étaient en attente d'une AMP avec don de spermatozoïdes, dont 36 % de couples de femmes et 38 % de femmes non mariées, soit 74 % des personnes sur liste d'attente qui correspondent aux nouveaux publics.  Reste que le délai de prise en charge pour une AMP avec don de spermatozoïdes continue à varier fortement d'un centre à l'autre. Le délai moyen est toutefois en voie de stabilisation et était estimé à 14,4 mois au niveau national, depuis la prise du rendez-vous jusqu'à la première tentative, poursuit l'agence qui compte réduire ce délai avec l'ouverture de nouveaux centres dédiés à cette activité.

Trop peu de femmes à la tête des banques

Économie. « La représentation des femmes (à la tête de banques européennes) s'améliore progressivement » mais « trop lentement » alors même que leur présence au sein des organes de direction contribue à une meilleure rentabilité, a indiqué l'Autorité bancaire européenne (ABE) dans un rapport publié mardi 7 mars. Le rapport a étudié la situation de 662 établissements de crédit et 129 entreprises d'investissement, l'institution a relevé que seuls 11,3 % des 689 directeurs-rices généraux-les étaient des femmes (contre 8,5 % en 2018). En outre, plus de la moitié de ces établissements (56 %) n'a pas de femme directrice exécutive. L'ABE a également noté que plus de la moitié (58 %) des établissements de crédit où les directions exécutives sont féminisées affiche une rentabilité plus élevée que la moyenne. Les dirigeantes reçoivent en moyenne une rémunération inférieure de 9,4 % à celles de leurs homologues masculins, relève encore l'étude. Malgré la législation incitative, voire contraignante en vigueur, une « proportion significative » de ces établissements, soit 27 %, n'a pas adopté de politique en matière de diversité (contre 41,6 % en 2018).  Les banques françaises cherchent à féminiser leurs états-majors et ont réalisé de « vrais efforts » et de « vrais progrès » en ce sens ces dernières années, a récemment assuré la directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF) Maya Atig dans un entretien à l'AFP. Cette dernière explique cependant que des freins subsistent : d'abord, l'âge auquel les candidates accèdent à ces fonctions, « autour de 55, 60 ans », qui reflète « les viviers de recrutement des grandes écoles il y a 30 ans, qui étaient très loin de la parité ». Et d'autre part, « les hommes ayant souvent occupé des postes de responsabilité plus variés dans leur carrière, c'est un atout pour monter la dernière marche », selon elle.

Les femmes moins émettrices de gaz à effet de serre

Surprise. Les femmes ont des modes de vie moins émetteurs de gaz à effet de serre en moyenne que les hommes, mais elles sont davantage victimes des dérèglements climatiques, selon une note d'une économiste. « S'il peut sembler à première vue que le changement climatique [dont les gaz à effet de serre (GES) sont largement responsables, ndlr] touche toute la population de la même manière, des études mettent en évidence des disparités de genre dans les comportements à l'origine d'émissions de gaz à effet de serre et dans les conséquences du dérèglement climatique », selon un billet d'Oriane Wegner cité par Libération et publié, in extenso, sur le site de la Banque de France.  Spécialiste de l'économie du climat au sein de cette institution, Oriane Wegner s’appuie sur une étude suédoise de 2021 pour affirmer que « les postes de consommation des hommes sont à l'origine de 16 % de plus de GES en moyenne » que ceux des femmes.  L'écart s'explique par la propension des hommes à consommer des biens et services plus émetteurs, comme le carburant. Le régime alimentaire pourrait aussi jouer un rôle, dans la mesure où « une alimentation moins carnée engendre une plus faible quantité d'émissions ». Selon une enquête Ifop de mai 2021, en France, les deux tiers des végétariens (67 %) sont des femmes. En 2021, les hommes célibataires émettaient en moyenne une dizaine de tonnes de gaz à effet de serre, contre un peu plus de huit tonnes pour les femmes célibataires, alors même que les dépenses des premiers sont supérieures d’à peine 2 % à celles des secondes. Reste que si le genre est un critère « pertinent » pour expliquer les disparités en termes d'émissions, « le niveau de revenu joue un rôle souvent plus important », prévient Oriane Wegner. Comme le mentionne l’AFP, face aux conséquences des dérèglements climatiques, hommes et femmes ne sont pas davantage égaux-les. Selon des travaux de l'ONU cités par Oriane Wegner, 80 % des personnes chassées de leur domicile par des événements climatiques extrêmes sont des femmes. « Les politiques publiques nationales et les cadres d'action internationaux pourraient gagner à tenir compte des interactions entre genre et environnement pour renforcer leur efficacité, et leur articulation avec les objectifs de justice climatique », conclut l'autrice, dont le billet n’est pas la « position » officielle de la Banque de France.

Remboursement des protections périodiques réutilisables

Progrès. Un des intérêts du 8 mars est que cette date incite les politiques à faire des annonces dont certaines constituent, au-delà du symbole, des progrès. C’est ce qu’a fait Élisabeth Borne la veille du 8 mars. La Première ministre a annoncé que les protections périodiques réutilisables (serviettes hygiéniques lavables, culottes et coupes menstruelles) seront remboursées à partir de 2024 par la Sécurité sociale pour les moins de 25 ans, afin de lutter contre la précarité menstruelle, Et la première ministre d’expliquer lors d’une interview sur France 5 : « Nous allons mettre en place un remboursement par la Sécurité sociale des protections périodiques réutilisable à partir de l'an prochain ». Cela concernera « toutes les jeunes femmes de moins de 25 ans » et la mesure sera inscrite au budget 2024, a-t-elle ajouté. Pour être remboursées, ces protections périodiques devront être achetées en pharmacie, ce qui sera possible « sans ordonnance », a-t-elle encore précisé. « C'est impensable que des femmes ne puissent pas avoir les protections dont elles ont besoin », a commenté la Première ministre. Par ailleurs, et c’est une autre avancée, les compositions des protections périodiques sont désormais inscrites sur les emballages depuis le 1er janvier 2023. Les précautions d'utilisation et les effets indésirables graves que peuvent provoquer des composants des protections intimes figurent aussi sur l'emballage ou sur une notice. Les précautions d'utilisation mentionnent l'importance du lavage des mains avant insertion ou le retrait des protections intimes ou encore le temps de port maximal recommandé. Les protections intimes entrent dans la catégorie des biens de consommation courante en France, alors que dans d’autres pays, elles figurent parmi les dispositifs médicaux. De ce fait, aucune réglementation n'obligeait jusqu'à présent les fabricants à rendre visible la composition des protections ou à fournir une notice avec les contre-indications. Un rapport parlementaire préconisait, déjà en février 2020, l'obligation de mentionner la présence éventuelle de traces de substances toxiques sur les emballages pour prévenir de tout risque de « choc toxique menstruel ».

Plus de femmes enceintes malnutries

Désastre. L’Unicef dresse un constat alarmant : le nombre de femmes enceintes et de mères allaitantes souffrant de malnutrition aiguë a augmenté de 25 % depuis 2020 dans douze pays à l'« épicentre » de la crise alimentaire mondiale, et ce, avec des conséquences mortifères sur les enfants. Le rapport de l’Unicef s’appuie sur l’analyse de données relatives à l'insuffisance pondérale et à l'anémie dans presque tous les pays. Il estime que plus d'un milliard de femmes et d'adolescentes dans le monde souffrent de dénutrition — entraînant insuffisance pondérale et petite taille —, de carences en micronutriments essentiels et d'anémie. Dont une majorité dans les régions les plus pauvres. L’Asie du Sud Est et l’Afrique subsaharienne concentrent 68 % des femmes et adolescentes présentant un poids insuffisant et 60 % de celles souffrant d'anémie. La malnutrition augmente le risque de mortalité néonatale mais nuit également « au développement fœtal, générant des effets durables sur la nutrition, la croissance et l'apprentissage des enfants, ainsi que sur leur future capacité à subvenir à leurs besoins » indique le rapport. « À l'échelle mondiale, 51 millions d'enfants de moins de deux ans présentent un retard de croissance. Nous estimons que dans près de la moitié des cas, celui-ci survient durant la grossesse et les six premiers mois de la vie, lorsque la nutrition d'un enfant dépend entièrement de sa mère », souligne le rapport, qui porte une attention particulière aux femmes enceintes et allaitantes. Il estime ainsi qu'entre 2020 et 2022, le nombre de femmes enceintes ou allaitantes souffrant de malnutrition aiguë a augmenté de 25 %, passant de 5,5 à 6,9 millions, dans douze pays en crise alimentaire (Afghanistan, Burkina Faso, Éthiopie, Kenya, Mali, Niger, Nigeria, Somalie, Soudan, Soudan du Sud, Tchad et Yémen). « Si la communauté internationale n'agit pas de toute urgence, cette crise pourrait avoir des conséquences durables sur les générations futures », a mis en garde dans un communiqué la directrice générale de l'Unicef, Catherine Russell.

Les femmes moins entendues à la télévision et à la radio

Angle mort. Un peu plus présentes à la télévision et à la radio en 2022, les femmes ont continué à disposer d'un temps de parole bien moindre, constate le régulateur des médias (Arcom, anciennement CSA) dans un rapport publié lundi 6 mars. « Il est tout simplement inacceptable que les femmes qui représentent plus de 52 % de la population française ne soit pas représentées de manière paritaire », a lancé Roch-Olivier Maistre, à la tête du régulateur, lors d'une conférence de presse, en présence de la ministre de la Culture. La proportion de femmes présentes sur les chaînes de télévisions et radios, toutes catégories confondues, en 2022 a progressé d'un point par rapport à l'année précédente à 44 % (46 % à la télévision, 42 % à la radio). En revanche, leur temps de parole a stagné à 36 %, selon le rapport de l'Arcom, réalisé avec la participation de l'Ina. Sur ces deux points, l'audiovisuel public fait mieux que le privé : la présence des femmes y a été plus importante (47 % contre 45 %) et leur temps de parole bien plus élevé (42 % contre 32 %), indique l’AFP. De manière générale, la part des présentatrices a augmenté (50 %, +2 points), tout comme celles des expertes (45 %, +2 points), les invitées politiques (32 %, +2 points) et les autres intervenantes (41 %, +2 points). En revanche, la proportion de femmes journalistes ou chroniqueuses a reculé d'un point en un an à 42 %. Contrairement aux autres catégories, les invitées politiques sont les seules à ne pas avoir décollé à l'antenne (32 % en 2022, comme en 2016). Ainsi, en 2022, pourtant année d'élections présidentielle et législatives, le temps de parole politique des femmes n'a pas progressé, il a même été « largement inférieur à celui des hommes » s'élevant à 29 % en moyenne sur l'année, constate le régulateur. Les deux semaines précédant le premier tour de la présidentielle, les femmes n'ont représenté que 20 % du temps de parole des soutiens aux candidats à l'Elysée puis 18 % durant l'entre-deux tours. « Malgré la nomination d'Élisabeth Borne au poste de Première ministre et la parité stricte mise en place au sein du nouveau gouvernement, le temps de parole des femmes au sein du gouvernement, du 16 mai au 31 décembre 2022, était en moyenne de 36,7 % », relève l'Arcom. Les programmes sportifs demeurent les plus fermés aux femmes : 21 % de présence en plateau en moyenne (seulement 9 % de présentatrices/journalistes/chroniqueuses sportives à la radio) et 11 % du temps de parole. Le rapport s’est aussi intéressé à la publicité. En six ans, la pub a fait, elle, des progrès : les femmes y sont devenues majoritaires en 2022, tous rôles confondus, à 51 % contre 46 % en 2017, s'approchant ainsi de la réalité sociale. Elles y font aussi moins office de « plantes vertes » : elles ont tenu des rôles esthétiques ou inactifs dans 18 % des publicités diffusées en 2022 contre 50 % en 2017. Elles représentent désormais environ un tiers des « expert(e)s » (34 % contre 18 % six ans auparavant). La pub s'amuse aussi à tordre les clichés en représentant plus les femmes que les hommes dans des activités scientifiques ou pour la conduite de véhicules. À l'inverse, les hommes sont majoritaires quand il s'agit de montrer des personnes faisant le ménage ou s'occupant seules des enfants. Malgré ces progrès, les stéréotypes de genre continuent d'être véhiculés avec la surreprésentation des femmes dans certaines catégories de publicité (luxe, habillement, entretien du corps). Les femmes y restent aussi beaucoup plus sexualisées et dénudées que les hommes.

Violences conjugales : vers des « pôles spécialisés »

Initiative. La Première ministre Élisabeth Borne a annoncé lundi 6 mars la mise en place de « pôles spécialisés » dans les violences conjugales au sein des tribunaux, afin de « répondre en proximité » aux difficultés des femmes victimes. « On va mettre en place des pôles spécialisés dans chaque tribunal pour pouvoir mieux traiter ces violences conjugales, pour pouvoir aussi répondre globalement aux difficultés que rencontrent les femmes victimes de violences », a expliqué Élisabeth Borne au cours d’une interview sur France 5. Il ne s'agit pas de juridictions spécialisées, a précisé la Première ministre après avoir reçu les premières conclusions d'une mission parlementaire, qui doit rendre ses travaux définitifs fin mars. Quelque 200 pôles seront créés au total, au sein des 164 tribunaux judiciaires et 36 cours d'appel, a-t-on précisé à Matignon. Ces structures traiteront les dossiers de violences intrafamiliales tant sur le plan civil que sur le plan pénal, avec un dossier unique et des audiences dédiées. « L'objectif, c'est d'avoir une réponse complète pour ces femmes victimes de violences. Il s'agit d'une justice de proximité […] pour pouvoir répondre en proximité aux difficultés de ces femmes », selon Élisabeth Borne. Des magistrats-es vont être recrutés-es et des moyens financiers supplémentaires accordés, selon la cheffe du gouvernement qui n’a pas donné plus de précisions. Afin d'éloigner les conjoints violents, le gouvernement va, par ailleurs, raccourcir les délais d'ordonnance de protection immédiate. Ces ordonnances pourront être délivrées par le juge « en 24 heures » et « sans contradictoire si on pense qu'une femme est réellement en danger », a-t-elle annoncé.

 

L'IVG dans la Constitution
Emmanuel Macron a annoncé mercredi 8 mars sa volonté d'inscrire dans la Constitution la « liberté » de recourir à l'avortement dans le cadre de sa future réforme des institutions, lors d'un hommage national à l'avocate féministe Gisèle Halimi à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes.  « Les avancées issues des débats parlementaires (...) permettront, je le souhaite, d'inscrire dans notre texte fondamental cette liberté dans le cadre du projet de loi portant révision de notre Constitution qui sera préparé dans les prochains mois », a déclaré le chef de l'État au Palais de justice de Paris.  Ce projet de loi portera sur une vaste réforme des institutions, voulue par le chef de l'État, qui pourrait aller d'un redécoupage des régions à une redéfinition des mandats électoraux, selon l'entourage présidentiel. Le Parlement examine actuellement une proposition de loi constitutionnelle spécifique sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG), présentée par des parlementaires, qui doit donc être approuvée dans des termes identiques par l'Assemblée nationale et le Sénat, puis être soumise à référendum.  En optant pour un projet de loi gouvernemental, Emmanuel Macron a ouvert la voie à une « constitutionnalisation » de l'avortement par un vote du Parlement réuni en Congrès, à la majorité des 3/5e, au moment où le droit à l'avortement, parfois remis en cause dans le monde, notamment aux États-Unis.

 

Nouveau site officiel sur l’IVG
Informer de façon objective et fiable sur l’IVG, telle est la volonté des pouvoirs publics qui viennent de lancer un  nouveau site dont c’est l’objectif. Le site est ivg.gouv.fr. Dans un communiqué commun, le ministère de la Santé et de la Prévention, ainsi que le ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, expliquent qu’ils souhaitaient permettre aux personnes d’accéder à une information objective et fiable sur l’IVG, lutter contre les idées reçues et orienter les personnes qui souhaitent interrompre une grossesse. « Il est nécessaire d’être vigilant lors de la recherche d’informations en ligne relatives à l’IVG. En effet, certains sites internet peuvent indiquer qu’ils proposent une information sur l’IVG mais sont en réalité édités par des militants contre le droit à l’avortement. Il en va de même pour les forums dits de soutien où certains témoignages sont montés de toutes pièces par des opposants au droit à l’IVG », rappelle le communiqué. Le nouveau site met à disposition du grand public une information fiable et complète sur l’IVG. Il propose également un annuaire des centres de santé sexuelle (ex-centres de planification et d’éducation familiale – CPEF) et des Evars (Espaces vie affective, relationnelle et sexuelle). Ces structures, présentes sur l’ensemble du territoire, apportent informations et conseils en matière de santé sexuelle. De plus, il existe un numéro vert national d’information (0 800 08 11 11, appel anonyme et gratuit) piloté par le Mouvement français du planning familial (MFPF) pour s’informer. Gratuit, anonyme et accessible en métropole et dans les DOM, ce numéro est disponible pour répondre à toutes les questions sur les sexualités, la contraception et l’IVG. Il permet d’accéder à une écoute attentive et sans jugement et d’être orientée vers les personnes compétentes et les lieux les mieux adaptés à la situation et aux besoins de chacun.