Abacavir et risque d’infarctus du myocarde

Publié par olivier-seronet le 11.02.2009
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CROI 2009
Les inquiétudes relevées par l'étude internationale DAD début 2008 sur le risque de problèmes cardiaques en cas de prise d'abacavir ont été à nouveau discutées lors de la conférence de la CROI. Une étude française amène un nouvel éclairage.
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S’il a été montré que la famille des antiprotéases augmente le risque de survenue de problèmes cardiaques avec le temps, le débat concernant l’implication de l’abacavir (Ziagen, Kivexa, un nucléoside) dans ce genre de problèmes, n’est pas encore clos, depuis qu’une étude internationale (DAD) avait mentionné un risque deux fois plus important d’infarctus du myocarde en cas d’exposition à l’abacavir.  

Une étude française s’est penchée sur le sujet en utilisant les données de la base hospitalière française (qui est une collection d’informations concernant le suivi d’un peu plus de la moitié  des personnes séropositives suivies en France), et en comparant les données des personnes ayant eu un infarctus du myocarde entre 2000 et 2006 à d’autres personnes n’ayant jamais eu ce genre de problème pendant la même période.

Les chercheurs français ont retrouvé une augmentation du risque d’infarctus dans le cas d’une exposition récente à l’abacavir, datant de moins d’un an, mais pas dans le cas d’une exposition plus prolongée, et pas avec les autres nucléosides.

Concernant le risque avec les antiprotéases, ils ont confirmé le risque 4 fois plus élevé après 10 ans d’utilisation de certaines antiprotéases : lopinavir (Kaletra), amprenavir (Agenerase) et fosamprenavir (Telzir).

Nous avons posé quelques questions à Dominique Costagliola sur cette rercherche menée en France. Voici l'interview :

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Interview du professeur Dominique Costagliola de Unité 6. Inserm U720 (Epidémiologie clinique et traitement de l'infection à VIH)

Des données supplémentaires de l’étude DAD ont également été présentées à Montréal. Elles confirment l’augmentation du risque cardiaque avec l’utilisation récente de l’abacavir, mais aussi du ddI (Videx). Pour les antiprotéases, l’augmentation du risque est retrouvée avec le lopivanavir et l’indinavir (Crixivan). Aucun risque n’a été retrouvé pour les non nucléosides (nevirapine, efavirenz).

Ces résultats sont à considérer avec précaution vu le niveau de preuve de ce genre d’études observationnelles, moins élevé que dans des essais construits spécialement pour répondre à une question. Le groupe d’experts qui élabore les recommandations de prise en charge des personnes infectées par le VIH en France devra se réunir après la CROI afin de décider des recommandations pratiques à tirer de ces études.