Accords commerciaux sur les génériques : une politique de Gucht ?

Publié par Mathieu Brancourt le 11.07.2011
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Drôle de réveil pour Karel De Gucht, commissaire européen au commerce, dimanche 3 juillet. Des militant-e-s d’Act Up-Paris sont venus dénoncer sa politique en matière de médicaments. La Commission européenne négocie en effet des accords commerciaux avec les pays en développement, menaçant la fabrication et l’exportation de médicaments génériques à bas prix. Pour des millions de malades, c’est la promesse de l’accès universel au traitement qui s’envole.
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Il ne s’y attendait pas. Dans une petite ville de la région de Gent, en Belgique, quelques militants et militantes d’Act Up-Paris sont venus rompre le paisible sommeil du commissaire européen Karel De Gucht. Ce dernier est en charge des négociations des accords commerciaux sur la fabrication des médicaments génériques. Ces accords, augmentant la durée des brevets et de la protection des données [de 20 à 30 ans, ndlr], auront des conséquences désastreuses sur la circulation des médicaments à bas prix, indispensables pour l’accès aux traitements, notamment antirétroviraux, des pays en développement. Slogans en bouche et banderoles en mains, ils sont venus demander un dialogue, qui leur est obstinément refusé. "Jusque là indifférent aux arguments de la société civile, reflétant parfaitement son mépris pour les malades, nous avons décidé d’aller le réveiller chez lui. Week-end ou pas, l’accès aux traitements n’attend pas", résume une porte-parole d’Act Up-Paris. "De Gucht, ne touche pas à nos médicaments" ou encore "De Gucht, vous avez du sang sur les mains", ont hurlé les militants de l’association de lutte contre le sida.
Pire, ces négociations interviennent alors que les pays industrialisés viennent de réitérer leurs promesses quant à l’accès universel aux soins et aux traitements pour 2015. Alors que l’accord négocié avec l’Inde, premier producteur de médicaments génériques, occupe la scène médiatique, la Commission européenne amorce en parallèle de nombreux projets d’accords bilatéraux avec des pays de différents continents. Au mépris des règles fixées par les différentes instances internationales existantes, ces accords sont une menace pour l’accès aux traitements et protègent, d’après le communiqué d’Act Up-Paris, les intérêts de certains conglomérats pharmaceutiques, tels que Sanofi Aventis ou GlaxoSmithKline. Véritable décisionnaire, en l’absence de politique claire des Etats membres de l’UE (Union européenne), Karel De Gucht est jugé, par l’association, irresponsable et "complice du sida", en renforçant des monopoles au profit de l’Europe. L’association appelle à l’arrêt immédiat de toutes ces négociations, aux graves conséquences sanitaires pour les pays en développement, à moins de cynisme et plus de pragmatisme. "La chasse aux génériques a assez duré".