Afrique : l'accès à la santé pour tous, partout

Publié par Sophie-seronet le 21.07.2011
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santé globaleprise en charge
Juste avant le lancement officiel du congrès de l’IAS 2011, Médecins sans Frontières a organisé un symposium sur la prise en charge globale (médicale, psychologique, sociale…) des personnes séropositives qui vivent dans les pays d’Afrique subsaharienne, les plus touchés par l’épidémie. Emilie Henry de Coalition PLUS y était. Conclusions des dernières stratégies expérimentées dans la région…
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La problématique centrale semble désuète mais elle est, aujourd'hui encore, une priorité en Afrique : comment permettre aux personnes d'accéder à la prévention, aux soins, et de se maintenir dans le système de soins lorsqu'elles sont diagnostiquées séropositives, dans une région soumise aux inégalités sociales, économiques et géographiques ?

Structures médicales inaccessibles et patients "perdus de vue"
La grande majorité des personnes séropositives recensées par les structures médicales de la région sont aujourd'hui "perdues de vue". Sans suivi médical régulier et donc sans traitement anti-VIH, ces personnes représentent une urgence sanitaire au niveau individuel - puisque leur vie est en danger – et au niveau populationnel puisque la prise d'un traitement efficace annule quasiment les risques de transmission. Les centres médicaux sont rares, loin des zones rurales où vit pourtant une grande majorité de la population africaine. Il faut souvent attendre des heures, une journée, avant d'être reçu par un soignant. Et il faut plusieurs heures, parfois plusieurs jours, de route pour accéder à un de ces centres. D'après les résultats de nombreuses études, il est nécessaire de décentraliser l’accès à la prise en charge et de déléguer certaines missions à des non-soignants. Dans la pratique, beaucoup reste à faire.

82 % de la population dépistée grâce aux actions à domicile !
Dans plusieurs pays d'Afrique du Sud, la mise en place d’un centre de dépistage mobile a permis aux soignants de se rapprocher des hommes hétérosexuels, une population habituellement difficile à joindre. Proposer un dépistage et une prise en charge de la tuberculose, avant d'ouvrir le dialogue autour du VIH, a permis les mêmes progrès. En Ouganda, une action de dépistage à domicile a permis de toucher 82% de la population dans la zone délimitée.
Au Kenya, un système de prise en charge communautaire à domicile a été expérimenté : des personnes séropositives au niveau d’éducation suffisant (études secondaires) se sont chargées du suivi régulier d'autres personnes séropositives, en particulier pour les aider à bien prendre leur traitement, point essentiel au succès thérapeutique. Au Mozambique, des petits groupes de personnes sont formés et responsabilisés : à tour de rôle, ils sont chargés d'animer un atelier de soutien, d'approvisionner les autres membres du groupe en médicaments, de suivre l’adhérence aux traitements et l’état de santé général de chacun et d’en rendre compte au personnel de leur centre médical.

Il faut soutenir et accompagner les personnes séropositives…
Faute de moyens, de soignants formés ou de volonté politique, les services spécialisés VIH/sida se font rares dans les centres médicaux et les personnes séropositives en restent très souvent éloignées. Elles y reviennent souvent à un stade avancé de la maladie, dans un état critique qui demande une prise en charge plus lourde et plus coûteuse. Parmi les stratégies récemment testées, la mise en place de groupes d'observance, de parole (qui aident notamment à gérer les effets indésirables des traitements) et la distribution d'antibiotiques ont permis de réduire le nombre de "perdus de vue". Ces formes de support psychologique et social semblent également bénéficier aux adolescents séropositifs qui subissent une pression et une stigmatisation très fortes. L'ouverture de lieux "neutres", ouverts aussi aux séronégatifs, et dédiés à la santé sexuelle en général, pourraient aider ceux qui ne parviennent pas à fréquenter les centres dédiés au VIH. Enfin, toujours de manière expérimentale, les migrants reçus par Médecins sans Frontières (MSF) se voient désormais remettre un "passeport santé". Ce document résume l'essentiel de leurs particularités et besoins en matière de santé. Ils peuvent le présenter partout, au cours de leurs éventuels déplacements, ce qui facilite la communication avec les soignants.
Plus d’infos.

Commentaires

Portrait de sonia

Emilie Henry wrote:
Parmi les stratégies récemment testées, la mise en place de groupes d'observance, de parole, et la distribution d'antibiotiques (qui aident notamment à gérer les effets indésirables des traitements)

En quoi les antibiotiques aident-ils à la gestion des effets indésirables(et secondaires) du traitement ?

ps : quelle thérapie arv pour les africains??

Portrait de Ferdy

(réponse à Sonia !) Parmi les innombrables problèmes sanitaires que rencontre l'Afrique Sub-saharienne, la sous-nutrition, quand ce n'est pas tout simplement la famine ou l'absence d'eau (et donc de puits), participe largement au taux de mortalité. Alors, des groupes de parole, des tests de dépistage... pourquoi pas, mais une alimentation à peu près correcte serait peut-être plus utile pour limiter déjà les ravages liés à la tuberculose. Les ONG affirment ne pas avoir les moyens de construire les puits indispensables. Mais, il y a tout à faire. Et ceci simultanément.
Portrait de Sophie-seronet

Hello,

J'ai déplacé la parenthèse dans le texte : "Parmi les stratégies récemment testées, la mise en place de groupes d'observance, de parole (qui aident notamment à gérer les effets indésirables des traitements) et la distribution d'antibiotiques ont permis de réduire le nombre de "perdus de vue"." afin de redonner sons sens à la phrase. Les antibiotiques sont donnés pour pallier à des infections collatérales et non pour gérer les effets indésirables.

Bises. Sophie

Portrait de sonia

merci Sophie pour cet éclaircissement ;-) Il est vrai que l'oms l'onusida et differents chercheurs preconisaient un antibiotique : le Bactrim pour lutter contre le sida, d'où peut être la confusion... http://www.atf-paris.fr/spip.php?article353

Et comme l'indiquait Ferdy , un bol de riz serait salvateur, importé de Chine pour les africains!