Afrique : plus d'examens ou plus de traitements ?

Publié par jfl-seronet le 25.09.2009
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accès aux traitements
Le programme DART est le plus important essai clinique sur le VIH mené en Afrique. Cet essai clinique est récemment arrivé à une conclusion assez surprenante concernant les traitements de l'infection à VIH. Explications.
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Qu'elle est cette conclusion surprenante ? "Les ressources consacrées au suivi biologique régulier pourraient servir à financer davantage de traitements contre le VIH", explique l'équipe scientifique du programme DART (Développement des traitements antirétroviraux en Afrique). Cela signifie que les données de cet essai clinique, analysées par des économistes de la santé, arrivent à la conclusion selon laquelle "il serait possible de traiter un tiers de personnes supplémentaires contre le VIH en Afrique, si on ne procédait pas systématiquement à un suivi biologique onéreux." Une façon d'affirmer aussi que "la prise d'un traitement contre le VIH ne doit pas être nécessairement accompagnée d'un suivi biologique régulier, du moins pendant les deux premières années." Aujourd'hui, on estime qu'une personne sous traitement anti-VIH doit faire l'objet d'un suivi biologique régulier. Ce suivi comporte notamment une numération des lymphocytes CD4, ce qui permet de mesurer le fonctionnement du système immunitaire. Cela a un coût important. Les résultats de l'essai DART montrent que "87% des personnes sous traitement antirétroviral ne bénéficiant pas d'un suivi biologique régulier sont toujours vivantes [la formule est celle de l'équipe, ndlr] bien au-delà de cinq ans de traitement." Du coup, les spécialistes se disent que dans le cadre de pays aux contraintes économiques très fortes, on pourrait faire le choix d'avoir moins recours à un suivi biologique régulier les deux premières années de la mise sous traitement de façon à pouvoir proposer le traitement à plus de personnes.
Pour les chercheurs de DART, cela pourrait aussi aboutir à ce que des traitements soient administrés "en toute sécurité et de manière efficace par des professionnels de santé formés et supervisés", dans les communautés les plus reculées où un suivi biologique régulier est impossible en raison de coûts élevés ou de ressources financières insuffisantes. D'après les estimations de l'ONUSIDA, un tiers seulement des 9,7 millions de personnes nécessitant un traitement contre le VIH y avaient accès à la fin de 2007. Rien qu'en Afrique, près de quatre millions de personnes ont un besoin urgent de médicaments antirétroviraux, d'où l'intérêt de cette conclusion de l'étude DART.

Photo : AIDES

Commentaires

Portrait de eris

Que les organismes internationaux économiques de tous ordres ( baque mondiale, FMI , OMC..) ont les moyens de faire tout et n importe quoi avec les pays riches mais surtout les pays pauvres, c'est malheureux d'en arriver là ( un suivi biologique moins bon pour les pauvres -dont les pays souvent ne sont pas pauvres-...)

D'un côté, c'est le moindre mal, mais ce n'est pas non plus le meilleur possible ! De toute façon, dans cette société mondiale égoïste et hypocrite, si l'on voulait éradiquer la faim, et pas mal des principales maladies contagieuses dans le monde, cela serait largement possible... Mais le monde se plaît à entretenir des souffrances humaines, depuis la nuit des temps, pour arriver à ses fins politiques.

L'âge de la conscience universelle du bien être de Tous n'est pas encore arrivé.

Et quand on voit le résultat de la crise financière, on se demande si elle a eu lieu, vu que presque rien n'a changé! C'est sûr, il ne faut pas toucher aux plus riches, ce serait si inconvenant ...

« Le but est le chemin lui-même. Prenez plaisir maintenant. L'éternité est ici. » Soyons nous-mêmes, en toute circonstance...

Portrait de nathan

J'ai indiqué sur un forum (je ne sais plus où...) qu'une étude avait révélé que là où par faute de moyens on pratiquait moins les examens biologiques mais davantage les examens cliniques, on obtenait une qualité de prise en charge aussi bonne, voire meilleure que là où on effectuait les examens biologiques en routine. J'ai lu aussi ici et là sur Sis et ici que des patients français se plaignaient que leur infectiologue était trop souvent rivé sur son ordinateur pour entrer les données biologiques plutôt que de les ausculter...
Portrait de olivier-seronet

Portrait de nathan

C'est donc de cette étude dont j'avais parlé sur un forum. Merci
Portrait de eris

Nathan sur mon billet à propos de mon infectiologue... Si c'est pour être effectivement vu tous les 3 mois mais ne pas être entendu vu que seul ou pratiquement seul le bilan biologique l'interesse... Effectivement, à quoi ça sert...

« Le but est le chemin lui-même. Prenez plaisir maintenant. L'éternité est ici. » Soyons nous-mêmes, en toute circonstance...

Portrait de nathan

Sauf ton infectiologue (lol) Eris, on peut comprendre aussi parfois qu'avec la file d'attente, le manque de personnels administratifs, les médecins soient obligés de prendre du temps pour entrer les données. En même temps, c'est un peu idiot de rémunérer un cadre A pour faire du boulot d'adjoint administratif catégorie C. Les petites économies coûtent parfois plus qu'elles ne rapportent. Encore faudrait-il aussi que les médecins soient tous formés à l'utilisation d'un clavier. J'en ai vu taper à deux doigts à la vitesse de la tortue. Si, si c'est vrai. Au moins ce serait vite expédié et ils pourraient consacrer l'essentiel du temps au dialogue nécessaire et aux examens cliniques... Et puis comme tu l'indiques aussi, il faut la motivation et là ce n'est pas forcément la chose la mieux partagée par tous les médecins.