Aids Impact : de la sociologie à la psychologie en passant par le droit et l’économie

Publié par Rédacteur-seronet le 28.08.2019
3 132 lectures
Notez l'article : 
1
 
InterviewAids Impact 2019

Bruno Spire, ancien président de AIDES et chercheur au Sesstim (Sciences économiques et sociales de la santé et traitement de l'information médicale), était présent à Londres pour Aids Impact 2019. Il revient sur l’intérêt de cette conférence et sa différence avec d’autres rassemblements scientifiques internationaux sur le VIH.

Comment percevez-vous l'intérêt d'une conférence portant sur les sciences sociales comme Aids Impact, en comparaison d'autres, comme la Croi ou l'IAS ?

Bruno Spire : La Croi est centrée sur la recherche biomédicale et elle est dominée par les chercheurs-ses américains-es. Les conférences de l’IAS sont réellement internationales mais la place des sciences humaines et sociales (SHS) y reste limitée. Aids Impact est la conférence de référence pour les chercheurs-ses en sciences humaines et sociales, sur le VIH, de la sociologie à la psychologie en passant par le droit et l’économie, mais aussi la recherche communautaire et les expériences de terrain.

En tant que chercheur et militant, que retenez-vous comme discussions ou informations marquantes de cette édition londonienne ?

J’ai beaucoup apprécié les premiers échanges sur les expériences des autotests de dépistage du VIH en Afrique. J’ai adoré la session sur les droits des personnes où les associations de différents pays ont été visibles dont deux excellentes présentations de AIDES (1). Enfin, j’ai été très heureux de voir la présentation du docteur Didier Ekouevi (Togo), épidémiologiste et professeur de santé publique, en plénière sur l’Afrique de l’Ouest, qui a montré comment cette partie du monde est ignorée du monde anglo-saxon.

Quelle place doit avoir cette recherche, plus interventionnelle et stratégique dans la réponse à l'épidémie de VIH ?

Les recherches présentées à Aids Impact ne sont pas nécessairement toutes interventionnelles. Certaines sont plus fondamentales, sur le plan des théories. L’alliance des deux est nécessaire. Il est indispensable de défendre une recherche qui ne soit pas qu’appliquée si on veut trouver de nouvelles interventions pour améliorer les perceptions et les comportements de santé des populations, afin que ces interventions soient définies avec un rationnel ayant le plus de chance de fonctionner.

Propos recueillis par Mathieu Brancourt

(1) : « La santé reste-t-elle un argument fort pour la régularisation et contre les expulsions ? Le cas de la France et de sa législation durcissante contre les personnes étrangères malades séropositives », présentée par Matthias Thibeaud (Plaidoyer et Observatoires, AIDES) et « Combattre les prix des médicaments anti-VIH et hépatites dans les pays à hauts revenus : comment les tactiques de propriété intellectuelles issues des pays à faibles et moyens revenus peut aider à préserver l’accès universel aux traitements », présentée par Marie Missioux (Plaidoyer, AIDES).