Alcool : SPF entre enfin en campagne

Publié par jfl-seronet le 18.01.2023
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Coup double sur la consommation d’alcool avec le désormais traditionnel Dry January que vient concurrencer une campagne inédite de Santé publique France : « La bonne santé n’a rien à voir avec l’alcool ». Explications.

L’État a toujours refusé de s’engager au côté des promoteurs-rices de l’opération Dry January (Janvier sec) qui a cours en ce moment. Cette année, pas de soutien, une fois encore, de cette opération conduite à l’initiative de différents-es acteurs-rices de la société civile, mais le lancement d’une campagne par Santé publique France (SPF) sur l’alcool. Cette campagne entend dénoncer l’association paradoxale couramment faite entre alcool et bonne santé. « Avec la période des fêtes, le mois de janvier est souvent synonyme de célébrations accompagnées de consommations d’alcool, pour se souhaiter une bonne année et trinquer " "à la santé" de ses proches et de sa famille. Pourtant, l’alcool n’a rien à voir avec la bonne santé », explique ainsi l’agence sanitaire dans un communiqué publié le 9 janvier dernier. Chaque année en France, 41 000 décès sont attribuables à l’alcool. « Sa consommation, même à faible dose, multiplie les risques de cancers, d’accidents vasculaires cérébraux hémorragiques (AVC) et de troubles du rythme cardiaque, ce qui en fait une préoccupation majeure de santé publique », explique SPF, d’où le lancement de cette campagne inédite dont le slogan est : « La bonne santé n’a rien à voir avec l’alcool ». cette campagne a surtout pour objectif d’inviter chacun-e à s’interroger sur le lien entre alcool et bonne santé, à changer de regard sur sa consommation d’alcool et, le cas échéant se faire aider via le dispositif d’aide et d’écoute Alcool Info Service.

Une consommation d’alcool très répandue

Cocorico (non, on blague !) La France est l’un des pays les plus consommateurs d’alcool parmi les pays d’Europe occidentale. Plusieurs études menées par Santé publique France auprès du grand public montrent, sans surprise, que l’alcool est très associé au plaisir, à la convivialité en famille ou entre amis-es, à la fête. « Sa consommation est justifiée par ses vertus perçues en matière de socialisation, pour le plaisir du goût, et pour ses effets psychoactifs immédiats (ses propriétés désinhibantes, relaxantes, euphorisantes) », souligne SPF. Par ailleurs, l’alcool accompagne très souvent les événements marquants de la vie sociale : naissances, mariages, emménagements, pots de départ ou de retraite, succès professionnels ou sportifs… Grosso modo, consommer ou offrir de l’alcool est souvent perçu comme une règle sociale, voire de savoir-vivre.

Le Baromètre de Santé publique France, en 2017, donne une idée de la consommation chez nous : 87 % des personnes âgées de 18 à 75 ans déclaraient avoir bu de l’alcool au cours des douze derniers mois et 40 % au moins une fois par semaine. En 2020, parmi les 18-75 ans, 24 % déclaraient une consommation qui dépasse les repères de consommation à moindre risque fixés en 2020, à savoir maximum deux verres par jour et pas tous les jours. Reste que les consommateurs-rices d’alcool mettent à distance les risques pour la santé, en particulier pour des consommations ponctuelles ou régulières à faible dose. Ainsi, l’enquête Eropp 2018 explique que seuls 11 % des 18-75 ans pensent qu’une consommation occasionnelle peut être dangereuse pour la santé — 79 % pensent que la consommation d’alcool est dangereuse lorsqu’elle est quotidienne.

Quand la bonne santé n’a rien à voir avec l’alcool

Ce thème a donc été retenu pour la campagne de SPF qui sera diffusée jusqu’au 31 janvier 2023. Elle a pour objectifs de « débanaliser la consommation d’alcool » en interpellant sur le caractère absurde de se souhaiter une « bonne santé » ou « santé » en trinquant avec des verres d’alcool, de prévenir et réduire les risques qui y sont associés et de proposer des outils d’aide via le dispositif d’aide à distance Alcool Info service. Des spots seront diffusés au cinéma et à la télévision ; un spot a aussi été conçu pour la radio. Tous les supports de cette campagne orientent vers le site Alcool Info Service. Il s’agit d’inviter « le public à se renseigner sur ses propres habitudes de consommation et à trouver des conseils pour réduire sa consommation d’alcool ».

Un dispositif d’aide à distance

Alcool Info Service est un dispositif national d’information, d’orientation et d’aide personnalisée, accessible à tous-tes via Internet ou par téléphone au 0 980 980 930, disponible 7jours/7 de 8 heures à 2 heures. Le site met à la disposition du grand public de nombreuses informations, des conseils pour réduire sa consommation d’alcool et des outils, comme l’alcoomètre permettant d’évaluer sa consommation d’alcool. Des actualités sont publiées régulièrement sur différentes thématiques comme l’alcool et la grossesse, l’alcool chez les jeunes et les personnes âgées, ou encore le Dry January. Le site propose aussi des modules interactifs (service de Questions-Réponses, témoignages, forums de discussion…) et des chats individuels pour dialoguer avec un-e professionnel-le. Alcool Info Service recense l’ensemble des structures spécialisées en addictologie au sein d’un annuaire national de plus de 3 000 structures. Il permet d’assurer une orientation au plus proche du domicile de la personne concernée.

Une campagne qui fait réagir

À peine lancée, la campagne de SPF a fait réagir. Rappelant que la France reste l’un des pays les plus consommateurs d’Europe occidentale, la Fédération Addiction salue certes « toute initiative qui vise à réduire la consommation d’alcool dans notre pays », mais indique que les « professionnels — qui n’ont pas été associés à l’élaboration de cette campagne — s’interrogent : alors que le succès toujours croissant du Dry January montre l’efficacité des messages positifs et mobilisateurs, pourquoi la communication publique se concentre-t-elle dans la même période sur des messages traditionnels de critique de pratiques festives à risques et de rappel de la dangerosité ? ». Pour la Fédération Addiction, il y a un double problème : la concomitance de deux campagnes, dont la plus efficace ne bénéficie pas de l’appui de l’État ; la mise en concurrence de deux approches aux discours opposés. Et la Fédération Addiction de défendre l’idée que le « succès grandissant du « Dry January » montre l’efficacité des messages de prévention positifs (…) cette campagne, qui se déroule en ce moment pour la quatrième année en France grâce un consortium d’associations, de mutuelles et de collectivités mais sans le soutien de l’État, réussit à faire adopter des comportements plus vertueux en termes de santé grâce à un vrai marketing social positif et ludique, basé sur la valorisation de comportements positifs et écartant tout message négatif » ; ce que ne fait pas la nouvelle campagne de SPF. « Le choix du message risque de donner un peu l’impression de faire du vieux avec du neuf en surfant sur le Dry January. Face à l’évolution des problèmes liés à l’alcool, il nous semble nécessaire de renouveler et diversifier les messages de prévention en bonne coordination avec l’ensemble des acteurs », tacle Jean-Michel Delile, président de la Fédération Addiction. Et la Fédération Addiction de conclure par une critique de la méthode de SPF. « La campagne [de SPF, ndlr] n’a malheureusement pas fait l’objet d’une concertation avec les professionnels de l’addictologie. Un choix regrettable et étonnant  alors même que ce sont ces associations et professionnels qui portent le Dry January depuis ses origines et sur leurs propres ressources humaines et financières à la suite du retrait de l’État en 2019. La Fédération Addiction est disponible pour reprendre le travail avec Santé publique France afin de contribuer à l’élaboration et à la mise en œuvre coordonnée de stratégies de prévention innovantes. L’expertise des professionnels de terrain que nous représentons nous semble précieuse à partager avec les pouvoirs publics ». De son côté, la Société française d’alcoologie salue une campagne « audacieuse ».

Commentaires

Portrait de jl06

Les  hectares de vignes ne se sont jamais vendue aussi chers , le monde entier viens investir dans la vignes en France , dans les couloirs de la république la protection de l,alcool et affiché clairement, donc faudrait commencer par le commencement..... aucun partis politiques ne s,aventurera à limiter l,acool ,un peut comme les chasseurs..... que de l,hypocrisies,  vieux réflexes, Et pour l,acool ,se sont des milliards en jeux , donc pas touches ,ou , circulé y à rien a voir .....

Bon courage au Dry January ......