AME : la Sécu débloque ferme à Paris

Publié par jfl-seronet le 16.02.2012
1 559 lectures
Notez l'article : 
0
 
assurance maladieAME
La décision de la Caisse primaire d’assurance maladie de Paris de réduire les lieux de dépôt des demandes d’Aide médicale d’Etat (AME), fin 2011, était présentée comme le gage d’un traitement plus efficace et rapide des dossiers. C’est très exactement le contraire qui se passe et que dénonce aujourd’hui l’Observatoire du droit à la santé des étrangers.
Honte.jpg

Fin 2011, la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de Paris décide d’interdire le dépôt des demandes d’Aide médicale Etat (AME) dans les centres de Sécurité sociale de quartier. Elle avance alors que le traitement des dossiers serait désormais plus rapide et efficace puisque centralisé dans deux endroits. Résultat ? "Une paralysie totale du dispositif", dénoncent les organisations de l’ODSE (l’Observatoire du droit à la santé des étrangers). "Deux centres de Sécurité sociale, désormais interdits au reste de la population, sont transformés en agences spécialisées pour "Sans-papiers", explique l’ODSE dans un communiqué (7 février). Seulement deux centres pour gérer annuellement 65 000 AME, soit chaque jour, 270 personnes précaires à accueillir et aider pour ouvrir ou renouveler leur droit".


Evidemment, ce n’est pas tenable. Il en résulte : "Des files d’attente interminables dès le milieu de la nuit, obligeant les familles à lutter pour se faire une place, un accueil tendu, avec des vigiles qui contrôlent le contenu des dossiers, une sélection sommaire des dossiers obligeant les personnes à enchaîner les nuits d’attente pour espérer être reçues, des personnes sommées de remplir un formulaire sur le trottoir pour espérer passer le pré-accueil, des agents de la caisse qui n’apportent plus aucune aide au remplissage des dossiers, mais se retrouvent exposés à une surcharge de travail et de stress ingérable, des demandes de pièces justificatives fantaisistes, voire abusives, des délais de traitement excessifs et des pertes de dossiers, etc. Quant aux dossiers adressés par courrier depuis l’été, ils sont au placard et y resteront : les demandeurs sont invités à refaire leur demande !", explique l’ODSE. L’Observatoire explique que les conséquences sont "dramatiques pour la santé". "Au final, de plus en plus de personnes en rupture de soins viendront, en dernier recours, rejoindre les salles d’attente des urgences hospitalières déjà saturées. Elles se présenteront dans un état de santé dégradé qui coûtera plus cher à la collectivité. Sous couvert de rationalisation, la CPAM fait le choix brutal de la stigmatisation et de l’exclusion des soins au détriment de la santé de tous et des finances publiques". Le Collectif réclame "la réintégration du traitement des demandes d’AME dans les centres de sécurité sociale de quartier", que "la Direction de la CPAM mette un terme à une politique de réduction des moyens qui frappe d’abord les populations en difficulté", que la CPAM "assume et défende son rôle de service public sans déléguer aux associations la gestion de l’AME et "qu’elle mette un terme à sa politique d’opacité réglementaire et de mépris des usagers".