Appel d’Essaouira : un cri de ralliement !

Publié par Cédric Aubouin le 18.04.2022
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Politiquefonds mondial

Les 4 et 5 mars derniers se tenait à Essaouira (Maroc), une conférence internationale sur le VIH/sida. Organisé à l’occasion des 40 ans de la lutte contre le VIH/sida, ce rassemblement a permis de mettre en lumière les actions de lutte au Maroc et en France pour mettre fin à l’épidémie de VIH. Ce fut l’occasion aussi pour les participants-es de lancer un Appel d’Essaouira dans lequel ils-elles plaident pour une riposte « juste » et « forte » face au VIH et demandent l’augmentation des contributions au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Cédric Aubouin, président de la région AIDES Île-de-France et membre du conseil d’administration de l’association, était présent. Il raconte.

44 millions de vies sauvées

« Aujourd'hui, nous, personnes vivant avec le VIH, populations clés et vulnérables, représentants gouvernementaux, maires signataires de la charte « Villes sans sida », activistes, travailleurs communautaires, médecins, personnalités publiques, du Maroc et d’ailleurs, nous unissons, à Essaouira, pour exhorter tous les donateurs à augmenter leurs contributions au Fonds mondial afin de renforcer la riposte au VIH/sida tout en pérennisant l’accès aux droits des communautés ». Sans la solidarité et la mobilisation internationales, la lutte contre le VIH/sida n'aurait pas connu de grandes avancées. Créé en 2002, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme incarne cette mobilisation mondiale. En 20 ans, il aura permis globalement de sauver 44 millions de vies et, en particulier, de réduire de 74 % la mortalité du VIH et de 54 % les nouvelles infections. C’est aussi l’outil qui a su soutenir la défense des populations marginalisées et les plus vulnérables à l'épidémie de VIH en appuyant l’approche communautaire, menée par les personnes concernées.

2022, en plus de célébrer les 20 ans du Fonds, marque sa septième conférence de reconstitution, dont la cible est fixée à un strict minimum de 18 milliards de dollars, un montant restreint face aux besoins réels constatés par les associations. Il s’agira d’un moment politique clé qui déterminera le visage de la lutte dans les années à venir. Un moment décisif appelant à voir des contributions ambitieuses et revues à la hausse pour compenser les reculs liés à la crise sanitaire. L'arrivée du Fonds mondial en 2004 au Maroc a marqué un tournant dans la riposte au VIH. Il a appuyé les efforts gouvernementaux et a consacré le travail fondateur de la société civile mené conjointement avec les communautés pour une réponse faite avec elles et pour elles. C’est notamment le cas depuis l’instauration du dépistage communautaire au Maroc : alors que les associations impliquées dans le VIH/sida au Maroc ne réalisent que le dixième des tests, ces derniers représentent 50 % des tests positifs, preuve du ciblage efficace de l’approche communautaire.

Besoin de plus de moyens

Cependant, n’oublions pas que les avancées ne sont jamais acquises définitivement. La crise sanitaire liée à la Covid-19 n’aura pas épargné la santé mondiale. Entre l’impact sur les systèmes de santé, les confinements à répétition et les conséquences économiques, les luttes contre les autres pandémies ont cruellement souffert ces deux dernières années. Alors qu’un virus ne doit pas en cacher un autre, les chiffres avancés par le Fonds mondial sont sans appel. Une baisse de 22 % des dépistages au VIH et de 11 % des services de prévention. C’est la première fois en 20 ans que la lutte contre le VIH accuse de tels reculs. Un seul indicateur reste en hausse : la mise sous antirétroviraux a progressé de 9 %. Soulignons-le ! C’est grâce à l’appui des agents de santé communautaire qui en ont permis la distribution. Comme tant d’autres associations, l’ALCS (principale association de lutte contre le sida au Maroc et membre de Coalition PLUS) a su rebondir et innover en apprenant de la lutte contre le VIH/sida pour limiter les conséquences de la Covid-19. En assurant une dispensation plus large et démédicalisée des antirétroviraux et autres médicaments nécessaires par les acteurs communautaires, les associations ont pu désengorger les services de soins et autonomiser davantage les personnes vivant avec le VIH. Pour ne pas perdre du terrain dans la lutte contre le VIH/sida, nous avons besoin de moyens. Les Nations Unies et ses membres se sont accordés sur la nécessité d'investir 29 milliards de dollars par an dans les pays à faible et moyen revenus d’ici 2025. Ce montant peut paraître vertigineux, mais chaque dollar versé aujourd’hui dans la lutte contre les trois pandémies représente 31 dollars de gains en dépenses de santé. Personne n’est en sécurité si tout le monde ne l’est pas. Alors qu’aujourd’hui le VIH peut se vivre comme une maladie chronique, l’accès aux soins et à une vie sereine et digne est encore trop souvent inaccessible. Les personnes vivant avec le VIH en Afrique du Nord et au Moyen Orient, et ayant accès au traitement antirétroviral, sont encore trop peu nombreuses. En effet, seules 43 % d’entre elles y ont accès : l’une des plus faibles couvertures au monde. Triste record.

Cet appel, porté par les vents d’Essaouira, est un cri de ralliement. En Afrique du Nord et au Moyen Orient, où la prévalence du VIH est en général faible, le nombre de personnes infectées croît un peu plus chaque année, particulièrement chez les plus vulnérables d’entre nous. Dans la région, 95 % des nouvelles infections touchent des personnes criminalisées, stigmatisées et discriminées. Pourquoi laisser la vulnérabilité, la précarité ou encore la dépendance à des produits psychoactifs empêcher l’accès au droit universel à la santé ?

Nous ne devons pas baisser la garde face au VIH/sida. La communauté internationale doit prendre ses responsabilités pour que l’épidémie ne reparte pas. C’est la seule solution pour cette septième reconstitution du Fonds Mondial. Ayons toujours en tête la colère et les voix des personnes séropositives disparues faute de traitements et de moyens donnés à la lutte. N’oublions pas celles et ceux qui ne sont plus là aujourd’hui faute de justice sanitaire. Entendons la colère et les craintes des personnes debout aujourd’hui. Si ce n’est pas nous, qui ? Si ce n’est pas maintenant, quand ?

Commentaires

Portrait de jl06

Essaouira EX Mogador , je veut bien venir à la prochaine réunion ... j'en  connais les coins est recoins .....

Aprés le tourisme du sexe au Maroc  et au  Maghreb en général marche trés bien , les prises de risques aussi ....!

Cet appel, porté par les vents d’Essaouira ,trés juste beaucoup de vents ,mais sur le port tu mange du poisson pour une bouchée d,EU ,