Arrestations en cascades : Africagay contre le sida dénonce

Publié par jfl-seronet le 01.12.2013
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Mode de vieHomophobie d'Etat

A dix jours de la Journée mondiale de lutte contre le sida… Plus de 20 personnes arrêtées pour homosexualité en une semaine ! C’est ce que dénonce Africagay contre le sida. Dans un communiqué (19 novembre), le collectif estime que : "Novembre 2013 restera gravé dans nos mémoires comme le mois le plus sombre pour la communauté LGBTI en Afrique".

A dix jours de la Journée mondiale de lutte contre le sida, en l’espace d’une semaine, pas moins d’une vingtaine de personnes issues de trois pays africains ont été arbitrairement arrêtées en raison de leur orientation sexuelle ou de leur appartenance supposée à la communauté LGBT. Et Africagay contre le sida de détailler.

Egypte

"En Egypte, alors qu’on souhaiterait que la transition démocratique qui s’opère actuellement dans le pays se traduise par le respect des minorités, le 5 novembre dernier, dix personnes ont été arrêtées dans une fête privée, en raison de leur homosexualité présumée. Ces dernières ont été placées en garde en vue durant quinze jours et ont subi des examens médicaux visant à établir les preuves de leur homosexualité. Est-il utile de préciser qu’aucun examen scientifique à ce jour ne peut déterminer de l’orientation sexuelle d’une personne et on peut aisément supposer que ces examens sont tout aussi arbitraires que ces arrestations !"

Sénégal

"Au Sénégal, le 11 novembre dernier, cinq jeunes femmes ont été arrêtées dans un bar, pour "acte contre-nature" et "attentat à la pudeur", sans que ces accusations ne soient fondées ou constatées. L’appartenance de l’une d’entre elle à la seule association sénégalaise de défense des droits des lesbiennes, Sourire De Femmes, est très certainement à l’origine de cette arrestation. Présentées au juge le lundi 18 novembre, elles risquent selon l’article 319 du Code pénal, de 1 à 5 ans de prison. Le réseau Africagay contre le sida se rappelle pourtant des déclarations du Ministre de la Justice, Sidiki Kaba, lors du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies le 22 octobre dernier : "Il n’existe pas dans la législation sénégalaise un texte incriminant l’homosexualité. Aucune personne n’est détenue au Sénégal en raison de son homosexualité». Force est de constater que le Sénégal se distingue à nouveau par ses contradictions en matière de non respect des droits humains".

Ouganda

En Ouganda, le 12 novembre dernier, le militant ouvertement gay, Samuel K. Ganafa, directeur exécutif de Spectrum Uganda (association de défense des droits des personnes LGBT et de lutte contre le VIH/sida) et président du conseil d'administration de Sexual Minorities Uganda - SMUG (1) - a été arrêté pour "sodomie" et soumis de force à un test du VIH/sida. Suite à la perquisition de son domicile, les trois proches de Samuel K. Ganafa qui s’y trouvaient ont été également arrêtés. Avant même d’avoir pu organiser sa défense, Samuel K. Ganafa a été exhibé à la télévision ougandaise "comme le violeur sodomite qui transmet le sida".

A dix jours de la Journée mondiale de lutte contre le sida, Africagay contre le sida souhaite rappeler qu’il n’y a pas de politique efficiente de lutte contre cette pandémie sans défense des droits humains et que la discrimination et la stigmatisation font le lit de l’épidémie. Africagay contre le sida exhorte donc les autorités ougandaises, sénégalaises et égyptiennes à respecter les traités internationaux relatifs aux Droits de l’Homme ratifiés par ces pays. Car ces arrestations qui visent en particulier les militants de la défense des droits humains restent l’exemple le plus flagrant des coups portés à la démocratie !

(1) L’association de David Kato, leader associatif LGBTI brutalement assassiné à Kampala en 2011.