Autotest : qu’en pensent les assos ?

Publié par jfl-seronet le 03.04.2013
8 142 lectures
Notez l'article : 
0
 
Mode de vieautotest VIH

A la suite de la publication (22 mars) de l’avis du Conseil national du sida sur les autotests de dépistage du VIH, des associations ont fait part de leurs points de vue sur ce nouvel outil de dépistage. Les voici. Extraits.

AIDES dit "oui" aux autotests

Dans un communiqué (22 mars 2013), l’association explique : "La question de l'usage autonome des tests de dépistage (autotest ou parfois appelé home test) n'est pas nouvelle dans le champ du VIH et l'association AIDES a été régulièrement amenée à s'exprimer sur le sujet plus ou moins formellement ces dernières années. Les dernières prises de position (…) ont été partagées avec le conseil national du sida (CNS) et le comité consultatif national d'éthique (CCNE) fin 2012 et début 2013.

L'autotest, un outil supplémentaire : La lutte contre le VIH/sida, et l'espoir de mettre fin à l'épidémie, passe par un meilleur accès au dépistage pour permettre à chacun et chacune une connaissance suffisamment actualisée et renouvelée de son statut sérologique au regard de ses expositions au VIH. La mise à disposition des autotests en France peut offrir un outil supplémentaire de réduction des risques de la transmission du VIH pour les personnes qui ne peuvent ou ne veulent pas recourir aux autres offres de dépistage (…)

L'autotest, un outil complémentaire : Pour que cet outil supplémentaire exprime son utilité il faut qu'il vienne en complément de l'offre de dépistage qui s'organise actuellement et qui s'appuie sur l'offre médicalisée classique, les CDAG-CIDIST et le dépistage communautaire décliné en proximité des lieux de vie des personnes. Ces outils de dépistage ne sont pas substituables l'un par l'autre et c'est sur l'articulation et la coordination de ces offres que tous les efforts doivent porter.

L'autotest, un outil accompagné : La mise à disposition des autotests, salivaires ou sanguins, doit être accompagnée en amont du test par l'accès à une information objective et de qualité pour s'assurer de la compréhension des enjeux, des limites et des techniques par l'utilisateur. Elle doit aussi proposer un accompagnement après la réalisation du test, que le résultat soit positif ou négatif, pour faciliter le lien vers la confirmation du test et le soin ou vers un soutien préventif. Ce dispositif d'accompagnement (physique, téléphonique, par Internet) doit être financé par les producteurs de tests et doit s'appuyer sur l'expérience des acteurs associatifs  formés à l'usage des TROD [tests à résultats rapides d’orientation diagnostic, ndlr] et des acteurs médicaux déjà présents dans le champ du dépistage du VIH.

L'autotest, un outil accessible : Pour que l'offre d'autotest atteigne son objectif et le public qui en a le plus besoin, il faut une mise à disposition par différents canaux comme l'ont été les préservatifs, à savoir une diffusion par le canal de la vente (pharmacie, internet, etc.) et par le canal de la distribution ciblée et subventionnée, en passant par les différents acteurs de la promotion de la santé sexuelle".

Warning : "Les autotests de dépistage du VIH, ENFIN !"

"Warning demande depuis 2008 la légalisation des autotests du VIH, explique l’association dans son communiqué du 22 mars. En mars 2012, notre association a ouvert le seul site internet exhaustif en France d’information sur les autotests. Warning a interpelé (…) Marisol Touraine, lors de la Conférence mondiale sur le VIH à Washington en juillet dernier. La ministre avait saisi alors le Conseil national du sida (CNS) "sur les problèmes posés par la commercialisation d’autotests de dépistage de l’infection à VIH" (…) Cet avis recommande que ces autotests soient disponibles en complément de l’offre actuelle de dépistage. L’accès à ce nouvel outil doit être diversifié et adapté aux besoins de chacun, c’est pourquoi le CNS prône leur vente en pharmacie, parapharmacie et sur Internet. Le CNS préconise également que ces autotests soient mis à disposition par des associations, médecins, etc., se fondant sur la mise en place des TROD.  Au vu de l’urgence sanitaire, avec un nombre de contaminations à un haut niveau qui ne diminue pas chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, Warning demande à la ministre de prendre rapidement les mesures réglementaires nécessaires à la mise à disposition d’autotests. Pour Warning, cette mise à disposition est aussi une avancée en matière de santé individuelle dans la mesure où elle répond enfin au souhait des personnes qui estiment que la connaissance de leur statut sérologique relève de leur seule vie intime. Warning tient à souligner néanmoins que dans la stratégie de diffusion proposée par le CNS, la mise à disposition via des distributeurs automatiques, à l’instar des distributeurs de préservatifs, n’est pas évoquée. Or, comme Internet, ceux-ci représentent une possibilité d’accès pour ceux "qui souhaitent une forte discrétion". Warning demande à la ministre d’étudier cette possibilité qui serait complémentaire et additionnelle".

Par ailleurs, l’association demande "à la ministre d’être vigilante à la situation de précarité financière de certain-e-s utilisateurs-trices et à ce que des mécanismes de gratuité soient mis en place, par la distribution via des associations, notamment celles œuvrant au dépistage communautaire, en prévoyant leur financement, et par la création d’un mécanisme de remboursement. Pour que l’introduction et la diffusion des autotests apportent un bénéfice individuel et collectif significatif, il faut lancer une campagne nationale à même de contrer la peur de la séropositivité et la sérophobie, freins majeurs au dépistage".

Act Up-Paris

"Act Up-Paris était opposée à l’autorisation des autotests", rappelle l’association dans un article publié sur son site le 18 mars 2013. "Les problèmes de fiabilité, les enjeux éthiques que peut poser un tel outil mis à disposition librement (par exemple le dépistage à l’insu d’une personne) ou les craintes que peut susciter l’idée d’un diagnostic découvert sans accompagnement fondaient notre position", explique l’association. "Le maintien d’une épidémie cachée, l’échec des politiques de dépistage à l’endiguer et la nécessité que les personnes qui l’ignorent connaissent leur statut sérologique justifient qu’on réinterroge ce refus (…) L’autotest peut donc être utile à des populations qui échappent totalement au dépistage traditionnel. Cette adaptation à une réalité indéniable ne doit cependant pas faire oublier toutes nos réserves sur l’outil qui permettrait d’y faire face. Il s’agit donc de trouver un mode de diffusion, de counselling, d’orientation, adapté aux situations identifiées mais qui évite une banalisation, et qui permette un raccrochage au système traditionnel".

Auditionnée, comme d’autres acteurs (AIDES, Warning…), par le Conseil national du sida, Act Up-Paris a expliqué ceci : "Il est nécessaire de lutter contre la sérophobie, l’homophobie, le sexisme, la transphobie et tout ce qui empêche des personnes d’aller se faire dépister. La discrimination est une expérience partagée par de nombreuses personnes vivant avec le VIH. Qu’elle soit légale (…) ou non, il est toujours possible d’agir sur elle. L’introduction d’un nouvel outil, moins fiable, pour combattre les freins au dépistage ne doit pas dispenser les pouvoirs publics de lever ces freins. Travailler contre ces discriminations est d’autant plus nécessaire que les freins au dépistage sont le plus souvent des freins à l’accès aux soins. Les autotests doivent être complémentaires de tous les dépistages existants, et non se substituer à eux. Il est donc nécessaire d’intégrer les discussions sur leur mise à disposition dans un débat plus général sur l’offre de dépistage. Il est notamment nécessaire qu’un bilan exhaustif et critique des diverses formes récentes de dépistage (dépistage rapide, hors les murs, communautaires, etc.) afin que la mise en place des autotests réponde aux besoins de façon optimum. La question du counselling et de l’orientation d’une personne séropositive qui se serait auto-diagnostiquée doit être posée et recevoir des réponses satisfaisantes (…) Des études supplémentaires sur la situation française sont nécessaires (…) Il faut donc, avant, pendant et après la mise en place des autotests, produire l’expertise scientifique sur les populations qui pourraient avoir le plus besoin de cet outil, sans oublier les femmes. Sans cette expertise, la réflexion sur les canaux de mise à disposition échouera. Les autotests doivent être gratuits pour être accessibles à toutes les personnes qui en ont besoin. Faute de quoi, les pouvoirs publics produiraient de la discrimination en fonction du revenu. Les autotests ne doivent pas servir à justifier la mise à disposition des PrEPs (antirétroviraux préventifs, pas encore commercialisés en France), sous prétexte que ces tests seraient une garantie supplémentaire de bon usage des PrEPs (qui nécessitent des tests réguliers) : les PrEPs posent des problèmes de mise à disposition plus complexes, et les auto-tests constitueraient a priori un risque de "bricolage" préventif trop important".

Commentaires

Portrait de PtitZeff

Nous en avons parké lors d'une formation TRODn le seul soucis est que la personne sera seule pour lire le résuktat, donc surement désemparée si le test est positif alors que le faire AIDES elle sera accompagnée et guidée pour le démarches qui suivron

Solidairement

Portrait de psychomore

Si elles le font à Aides elles seront accompagnées par qui en cas de découverte de séropositivité?

Par des salariés qui n'en ont rien à faire - trop occupés à faire du chiffres? Par des bénévoles exploités et démotivés? Par des salariés et des bénévoles qui sont de moins en moins formés à l'accompagnement? Ne parlons pas des brèches de confidentialité, du manque de préparation des équipes et de l'ambiance délétère qui règne de plus en plus au sein des équipes. A Aides depuis 3 ans, je me demande à quoi je sers...

Portrait de Vincent

hello

Si tu te demandes à quoi tu sers c'est plutôt sain comme réflexion. Tout en sachant qu'en étant dans le système on est tout autant acteur et responsable de celui-ci que les autres.

Je suis militant à Lyon. Toutes les personnes que nous avons accompagnées dans leur découverte de séropositivité, que ce soit par un test avec nous ou ailleurs, ont été ravies de l'accompagnement dont elles ont bénéficié à AIDES. Il ne faut pas généraliser des situations particulières. Globalement à AIDES est proposé un accompagnement que peu de médecins sont en capacité de faire. 

Ensuite concernant le côté "désamparée" d'une personne qui découvrirait seule sa séropositivité, c'est un mythe je pense. D'une part déjà une partie importante des personnes découvrent leur séropositivité seules aujourd'hui en ouvrant une enveloppe qu'on leur refile au laboratoire d'analyse médical. Et ce avec peu d'indications. Les autotests seraient donnés/vendus avec une documentation sur la marche à suivre en cas de séropositivité et les contacts-clé. Ensuite une personne qui ferait la démarche de l'auto-test a de grande chance de s'être préalablement posée la question de comment elle réagirait si le résultat était positif. Si elle souhaite être accompagnée, il existera toujours un dispositif pour cela.

Après tout pourquoi pas, ne demande-t-on pas régulièrement aux personnes de s'auto-tester ? Les femmes avec le cancer du sein à qui l'on demande de se palper régulièrement ?

Portrait de brw40

il me semble bien que les labos ne donnent pas les resultats en cas de serologie positive ..... ils demandent au patient de se rapprocher du generaliste qui a fait la demande d'analyse ...... je sais qu'a Aides le monde est remplis de bisounours ... mais quand même .....

Un palpage n'est pas un resultat d'analyse du cancers du sein ..... ceci se fait toujours dans un encadrement medical et le resultat se donne de medecin a patient.

Il faut aussi rappeler qu'un auto test n'est pas un Trod ..... on est seul... pas en face de quelqu'un formé a l'annonce de ce genre de chose .... rien ne prouve qu'il ira voir quelqu'un.... rien ne prouve non plus qu'il ne fera pas l'autruche .....

Militant a Aides je reste opposé a ce choix d'auto-test tel qu'il est présenté . (C'est un choix personnel je le precise )

Portrait de psychomore

vincent,

salut collègue du sud !

ta comparaison du trod et du dépistage du cancer du sein vaut ce qu'elle vaut, mais merci d'apporter ta contribution à ce débat 

Aides Lyon semble etre 'le village dans les nuages', titre d'une série télé des années 80 préfigurant les bisounours (et encore plus teubé). si vous avez des places disponibles et si vous n'arrivez pas a trouver de militants qui y croient, je suis dispo --- avec salaire à l'appui, faut pas pousser mamie dans les orties, je me suis déjà assez fait exploiter comme ça à nourrir pendant 3 ans le narcisssisme malade des salariés, des élus, des bons et des mauvais en mal de reconnaissance et qui sont devenus des produits associatifs sans grande humanité).

je me demande si certains militants de Aides baignent tellement dans la bonne soupe à 20 millions qu'ils en oublient la réalité... cela dit, si je suis encore à Aides, c'est que je pense que le boulot de Rdr est utile (pas essentiel comme je le pensais avant vu le nombre de séroconversions chez mes collègues militants ces dernières années, qu'on en arrive à promouvoir une étude suisse qui a fait ses preuves pour les relations vaginales pretextant un droit à l'amour... et oubliant que l'amour, ce n'est pas se faire sauter bareback dans un sauna, mais c'est déjà l'amour de soi, de son corps et le respect de soi et des autres).

parfois je me demande meme si le but de l'asso n'est pas d'étendre l'épidémie pour continuer à exister. en étant contre l'auto-dépistage qui rendrait caduque toute la structure trod de l'asso (sa raison de vivre... pardon, sa raison de recevoir des finances). je sais, ça parait totalement fou de dire ça à des convertis qui se rassurent par l'action et qui oublient qu'il y a une vie avant et après Aides, mais c'est malheureusement compréhensible.

je vous rappelle que la victoire de la lutte anti-sida signifiera la mort de Aides... le but de notre action au sein de l'asso est de la tuer ! pas de la faire vivre éternellement en promouvant des comportements à risque pour des raisons fallacieuses.

un peu de réflexion avant de réagir spontanément serait une bonne idée...

solidairement !!

Portrait de aurore

Ne peut-on laisser le choix du dépistage?

Seul ou accompagné?

L'important n'est il pas un maximum de dépistage?

 toute personne qui apprend sa S+ n'a pas forcément l'envie ou le besoin d'être suivie par une assos.

 Bien amicalement