"Sida : la fin justifie les moyens"

Publié par jfl-seronet le 01.01.2014
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MondeTTFFonds Mondial contre le sidaaccès aux traitements pour tous

La conférence de reconstitution du Fonds mondial s’est tenue à Washington les 2 et 3 décembre 2013. A cette occasion, les grands contributeurs ont annoncé leur engagement financier dans la lutte contre le sida sur les trois prochaines années à venir. Dans ce contexte, Bruno Spire, président de AIDES et administrateur de Coalition PLUS, a publié sur le site du "Huffington Post", une tribune sur les enjeux de cette reconstitution des fonds. Seronet la publie.

"Nous savons depuis 2010 qu'un monde sans sida est possible. Nous savons aujourd'hui comment mettre un terme à l'épidémie et faire en sorte que les générations futures puissent vivre sans risquer d'être contaminées. Durant cette dernière décennie, d'innombrables progrès scientifiques ont été menés et l'accès aux traitements a permis de sauver des millions de vies. Sur les 35 millions de personnes vivant avec le VIH, ce sont près de 10 millions de personnes qui reçoivent un traitement, dont 800 000 grâce à la France. Grâce aux médicaments, la transmission du virus a chuté de plus de 30 % en l'espace de dix ans. Ainsi, nous savons comment inverser la courbe de l'épidémie et y mettre un terme définitif.

Ces avancées ne sont évidemment pas à négliger. Mais au-delà de ces 10 millions bénéficiant d'un traitement, 16 millions d'autres malades sont encore en attente de prise en charge. La France s'est engagée à l'ONU à faire sa part pour finir de soigner tous les malades de la planète, ce que l'on appelle "l'accès universel" au traitement. Pour cela, il faut au moins doubler le nombre de malades pris en charge, c'est-à-dire au moins doubler les moyens consacrés. Pourtant, la France refuse d'augmenter sa contribution au Fonds mondial, alors même que la Grande-Bretagne vient de doubler la sienne. Qu'on ne s'y trompe pas : la situation budgétaire et économique de la Grande-Bretagne est encore plus tendue que celle de la France.

Il ne s'agit donc pas que d'une question de capacité contributive, mais bien d'un choix politique de la part du Président français. Un exemple : la taxe Robin des Bois sur la spéculation boursière, promue par les associations depuis 2009. Nicolas Sarkozy avait fini par l'adopter début 2012, et cette taxe née du mouvement associatif a rapporté à l'Etat français plus de 600 millions d'euros l'année dernière. Quelle portion de ces 600 millions d'euros supplémentaires a servi à soigner davantage de malades du sida ? Zéro euro. Le Président Hollande a décidé de geler la contribution française au Fonds mondial et les 60 millions d'euros alloués au Fonds mondial à travers la TTF n'ont servi qu'à palier le manque d'engagement financier de la part de la France pour le cycle à venir. Mais la guerre contre le sida n'est pas finie. François Hollande a la possibilité de respecter ses engagements envers les malades, en assurant qu'une partie de la version européenne de la taxe sur la spéculation boursière serve à augmenter les moyens du Fonds mondial pour l'accès universel au traitement. La conférence de reconstitution du Fonds mondial qui a lieu à Washington les 2 et 3 décembre est le début d'un nouveau cycle au cours duquel la France, mais également tous les Etats contributeurs, doivent prendre leurs responsabilités et s'engager à mettre en œuvre toutes les mesures possibles pour mettre fin une bonne fois pour toutes à l'épidémie".