Cameroun : Positive-Generation contre les clichés !

Publié par jfl-seronet le 19.11.2012
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sérophobiediscrimination
En septembre dernier, la presse camerounaise fait état d’une affaire étrange. Selon une organisation de lutte contre le sida, Positive-Generation, des personnes vivant avec le VIH ont été photographiées contre leur volonté par un responsable de l'Hôpital de Djoungolo à Yaoundé où elles sont suivies. Présidente de l’association Alice Djenadek a bien voulu répondre aux questions de Seronet. Interview.
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Qui vous a alertés sur le fait qu’un administrateur de l’hôpital de Djoungolo à Yaoundé prenait en photos sans leur consentement des personnes séropositives en attente de consultations à l’unité de prise en charge ?

Alice Djenadek : L’une des principales activités de Positive-Generation est la promotion de l’accès aux soins des personnes vivant avec le VIH, des droits humains et la justice sociale. Nous avons été alertés non seulement par nos membres qui se font prendre en charge dans cette formation sanitaire, mais aussi par les patients et membres d’autres organisations de lutte contre le sida qui s’y font suivre ; nous avons un dispositif de suivi de l’accès aux soins qui nous permet d’avoir ce genre d’information à temps. Les patients se sont plaints du fait, parfois, alors qu’ils attendent d’être reçus d’être pris en photos et surtout sans leur consentement par l’administrateur de l’hôpital. Cette information a été également été relayée par plusieurs autres membres d’associations sœurs.

Avez-vous eu des explications à cela ? A quoi ces photos servent-elles ?

Face à cette situation qui nous a semblé grave et dans une démarche qui se voulait dans un premier temps purement de recherche de l’information et de compréhension, des responsables de Positive-Generation se sont rendus dans ce service afin de rencontrer son administrateur. Après plusieurs tentatives, ils ont finalement été reçus par ce dernier. Malheureusement, au lieu d’apporter des réponses aux interrogations et des explications sur ces agissements, l’administrateur les a purement et simplement éconduits de son bureau non sans avoir rappelé qu’il n’a aucun compte à leur rendre et que, selon ses mots, "les malades du VIH sont des ingrats qui ne savent pas apprécier les faveurs que son hôpital leur fait en acceptant de les prendre en charge".
 
Qui avez-vous alerté de cette situation et quelles réponses avez-vous obtenues de l’hôpital, du ministère de la santé ou d’autres structures ?

Face une attitude de violation grave et flagrante des droits humains de la part de quelqu’un sensé les protéger, Positive-Generation a saisi, par correspondance, plusieurs personnalités ; entre autres, le directeur des œuvres de l’Eglise presbytérienne camerounaise en charge des œuvres médicales… puisque cet hôpital est confessionnel. Ont également été saisis la coordinatrice régionale GTR centre du Conseil national de lutte contre le sida, le gouverneur de la région du centre en sa qualité de président du comite régional de lutte contre le VIH, le coordinateur des pays de l’ONUSIDA, la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés et le ministère de la Santé publique.
 
Des personnes prises en photos ont-elles porté plainte contre cet administrateur, contre l’hôpital ?
Les personnes vivant avec le VIH sont des personnes à part entière, elles ont des droits comme tous les autres citoyens camerounais. Pour le moment, les personnes prises en photos n’ont pas porté plainte, ni contre cet administrateur, ni contre l’hôpital. Pour l’instant, notre démarche s’est voulue préventive et explicative afin de ne pas répondre du tac au tac. Cependant, si une telle manœuvre persiste, Positive-Generation entend se porter partie civile et trainera sans hésiter devant les tribunaux tous les auteurs de telles dérives.