Cameroun : un militant LGBT mort après des tortures

Publié par jfl-seronet le 19.07.2013
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Mondehomophobie

Journaliste et militant des droits LGBT au Cameroun, Eric Ohena Lembembe a été retrouvé mort à son domicile à Yaoundé (15 juillet), après avoir subi de nombreuses tortures, a annoncé le 16 juillet l'organisation Human Right Watch (HRW). Cet assassinat suscite colère et indignation.

"Les amis d’Eric Lembembe ont trouvé son corps lundi soir", a rapporté l'organisation non gouvernementale Human Right Watch dans un communiqué, évoquant "un meurtre". "Selon l'un de ses amis, le cou et les pieds [du jeune militant, ndlr] ont été brisés, et son visage, ses mains et ses pieds ont été brûlés avec un fer à repasser". Eric Lembembe était un militant reconnu au Cameroun où l'homosexualité est passible de cinq années d'emprisonnement, et il était "un proche collaborateur de HRW", a rappelé l'organisation, citée par l’AFP. De nombreuses ONG dénoncent régulièrement les arrestations et emprisonnements d’ homosexuels au Cameroun, de même que les nombreuses pressions et menaces à l'égard des défenseurs de leurs droits.  Selon l'ONG, ce "meurtre" intervient peu de temps après l'incendie criminel en juin du siège d'une ONG camerounaise offrant des soins aux homosexuels vivant avec le VIH.

Comme le rappelle l’AFP, en octobre 2012, un avocat camerounais connu pour défendre des homosexuels poursuivis en justice pour le seul fait qu’ils seraient gays, Me Michel Togué, avait affirmé avoir reçu des "menaces de mort", comme avant lui une autre avocate Alice Nkom. En 2012, le bureau du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'Homme (HCDH) avait estimé "particulièrement inquiétant de recevoir des témoignages de menaces anonymes à l'encontre des défenseurs de droits de l'Homme travaillant à la protection des droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT)".

Le "silence assourdissant des autorités camerounaises"

Dans son communiqué (17 juillet), Africagay contre le sida parle d’une "escalade de la violence" et d’un "silence assourdissant des autorités camerounaises". "Le Cameroun, déjà tristement célèbre pour son acharnement à réprimer les homosexuels est depuis un mois le théâtre de troublantes et récurrentes agressions à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme et plus spécifiquement des droits des minorités sexuelles. La situation de la communauté LGBT et de ceux qui prennent le risque d’en porter les revendications se dégrade très sérieusement : aux régulières intimidations et autres violentes agressions s’ajoutent désormais des menaces de mort dont les coupables, en dépit de multiples dépôts de plaintes ne sont toujours pas identifiés", explique le communiqué.

"C’est avec horreur que le réseau Africagay contre le sida a appris le décès d’Eric Ohena Lembembe, directeur exécutif de l’association camerounaise de lutte contre le Sida, CAMFAIDS, journaliste et militant engagé dans la défense des droits des LGBT (…) Cette mort aussi soudaine qu’atroce intervient dans un contexte d’escalade de la violence à l’encontre des LGBT du Cameroun. Eric Ohena Lembembe, qui avait couvert pour le journal en ligne "Erasing 76 Crimes" ces évènements avait d’ailleurs reçu ses dernières semaines de nombreuses menaces de mort tout comme la plupart des défenseurs des droits de l’Homme et des droits des minorités sexuelles du pays." "Cette surenchère de la violence ne semble (…) pas émouvoir les autorités camerounaises qui ne l’ont toujours pas condamnée publiquement. Alors que la deuxième Journée nationale de lutte contre l’homosexualité s’apprête à être "célébrée" à Yaoundé, à grand renfort de publicité et sans aucune condamnation officielle, le réseau Africagay contre le sida exhorte les autorités du Cameroun à mettre un terme à cette spirale de violence. Seules de véritables enquêtes permettront de traduire les auteurs de ces crimes devant la justice et de mettre un terme à cette dangereuse escalade", conclut l’association.

Un militant exemplaire

"Eric était un militant exemplaire dont l'action était très appréciée par les défenseurs des droits humains au Cameroun et dans le monde entier", a déclaré Neela Ghoashal, chercheuse senior sur les droits des LGBT à Human Rights Watch. "Faire du plaidoyer pour l'égalité des droits au Cameroun, où les LGBTI se heurtent à de profondes discriminations et à des violences, exige un énorme courage. L'activisme d'Eric a ouvert le chemin vers une société basée sur l'égalité et la non-discrimination." "Nous ne savons pas qui a tué Éric Lembembe, ni pourquoi il a été tué, mais une chose est claire: le manquement total des autorités camerounaises à leur devoir d'endiguer les violences homophobes constitue pour leurs auteurs un encouragement à les poursuivre en étant assurés de l'impunité", avance Neela Ghoshal. "La police ne devrait pas avoir de repos tant que les auteurs de ce crime horrible ne seront pas traduits en justice. Le président Paul Biya devrait sortir de son silence sur la vague de violence homophobe qui sévit au Cameroun et condamner publiquement cet ignoble attentat."

Commentaires

Portrait de jean-rene

Ce que je trouve proprement scandaleux, c'est le silence radio et télé qui a été fait par le pouvoir médiatique qui nous gouverne, sur ce crime odieux.

Comme si torturer à mort un homo était encore normal pour les français.

A moins qu'il y ait des conseils aux journalistes venant du Quai d''Orsay de ne pas ébruiter une affaire qui pourrait nuire à nos relations avec un gouvernement ami de la Françafrique....

Pouah !

Portrait de Kio

je pense pareil que toi