Carla : la première députée espagnole transsexuelle

Publié par jfl-seronet le 18.02.2011
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Transsexualitépolitique
Carla Antonelli deviendra dans quelques mois la première transsexuelle élue dans un parlement en Espagne. C’est ce qu’affirme l’AFP (13 février) dans un article consacré à cette nouvelle personnalité politique qui figure sur les listes du Parti socialiste espagnol (PSOE) pour les élections de mai 2011 au parlement régional de Madrid. Carla Antonelli est, en effet, à une place qui l'assure quasiment d'être élue députée en mai prochain.
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Ce qui frappe d’entrée lorsqu’on évoque le nom de Carla Antonelli, c’est l’exemplarité d’un parcours. Et sa probable élection en mai 2011 comme députée au parlement régional de Madrid a d’ores et déjà des allures de prouesse. D’abord parce l’élue serait la seule personnalité transsexuelle à siéger dans un parlement en Espagne. Ensuite parce que le parcours de la future élue a été difficile comme militante et transsexuelle. En 1997, elle quitte son village natal sur l'île de Tenerife, aux Canaries, rappelle l’AFP. A cette époque et dans ce contexte-là, il était alors impensable de vivre ouvertement sa transsexualité. Née sous la dictature franquiste (de 1939 à 1975), Carla Antonelli, qui cache son âge, a été, comme des milliers d'autres personnes pendant la dictature, emprisonnée à cause de son orientation sexuelle. "Deux mois et demi au total, aux Canaries et sur la péninsule", se souvient-elle. Sous le franquisme, une loi permettait, en effet, de poursuivre et d'emprisonner les homosexuels et les transsexuels ou de les placer dans des centres de "rééducation". A la mort de Franco en 1975, tout change. En 1980, le militantisme chevillé au corps, Carla Antonelli participe à un documentaire sur les transsexuels pour la télévision publique. Elle y dénonce la justice qui interdit encore aux transsexuels de changer de nom sur leurs papiers d'identité. Pour cause de censure, il faudra attendre un an avant la diffusion du reportage. Considérée administrativement comme un homme, Carla Antonelli rencontre des difficultés surtout dans ses déplacements : elle est arrêtée à Cuba et au Venezuela où on ne comprend pas qu’une femme ait une pièce d’identité avec un prénom d’homme. Qu’on se rassure la vie de Carla Antonelli n’est pas qu’une suite de gardes à vue pour vérification d’identité. Actrice à ses heures, elle s'engage dès 1977 pour la défense des droits des transsexuels. Depuis 1997, elle travaille pour le PSOE et a activement participé à la préparation du programme socialiste pour les législatives de 2004, des élections remportées par Zapatero. Ce n’est un secret pour personne que l’Espagne est un des pays les plus avancés d’Europe concernant les droits des personnes LGBT. Ainsi, en 2005, le gouvernement a approuvé une loi autorisant le mariage entre personnes de même sexe. En 2007, une loi permettant aux personnes souffrant d'un "trouble de l'identité sexuelle" et qui suivent un traitement hormonal ou endocrinien, de changer d'état civil, sans même subir une opération chirurgicale de changement de sexe, entre en vigueur. Une réforme défendue par Carla Antonelli. "On a eu du mal, mais finalement on a réussi", se souvient celle qui avait menacé d'entamer une grève de la faim, en apprenant que le gouvernement Zapatero pensait reculer la date d'approbation de cette loi. Militante… on vous dit.
Plus d’infos (en espagnol) sur www.carlaantonelli.com