CCR5 : une cible du VIH étudiée sous toutes ses coutures

Publié par jfl-seronet le 27.12.2018
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ThérapeutiqueCCR5

La molécule CCR5 est une des clés d’entrée du VIH dans les cellules. Dans un communiqué (6 décembre), l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) explique que des chercheurs-euses de l’Inserm/Institut Pasteur, de l’université Toulouse III – Paul Sabatier et du CNRS, ont démontré que sa morphologie détermine la propension du virus à infecter l’organisme. Ce travail soutenu par l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales a été publié dans la revue Plos Pathogens. « C’est un nouveau pas vers la compréhension du rôle de la molécule CCR5 dans l’infection VIH et en tant que cible pour bloquer l’entrée du virus dans les cellules », explique l’Inserm.

©Inserm/Chermann, Jean-Claude

La molécule CCR5 (un récepteur de chimiokines dont la fonction est de transmettre un signal d’activation qui conduit au déplacement des cellules dans les tissus) figure parmi les cibles thérapeutiques dans la lutte contre le VIH. Un médicament ciblant la molécule CCR5 (maraviroc/Celsentri) fait d’ailleurs déjà partie de l’arsenal thérapeutique anti-VIH. « Située à la surface des globules blancs, la molécule CCR5 régule les réponses immunitaires de l’hôte contre les pathogènes. Mais, victime de son succès, elle sert également d’ancrage au VIH pour infecter les cellules immunitaires, contribuant ainsi au développement [de la maladie] », explique le communiqué de l’Inserm. La molécule CCR5 joue donc un rôle clé dans la transmission du virus et le développement de la maladie. Des personnes possèdent une mutation du gène de la molécule CCR5 (connue sous le nom de mutation CCR5 delta 32) qui les protège d’une infection par le VIH, le virus n’ayant pas son point d’accroche sur les globules blancs. Le rôle central de ce récepteur en fait donc une cible de choix pour bloquer l’entrée du virus dans l’organisme.

Le récepteur CCR5 existe sous plusieurs formes à la surface des cellules, rappelle l’institut de recherche. « Cependant, la nature et les propriétés de ces différentes populations de CCR5 restent mal connues ». Une très grande variabilité caractérise aussi les souches de VIH portées par les personnes qui vivent avec le VIH. « Cette variabilité se manifeste essentiellement au niveau d’une protéine de la surface du virus, appelée protéine d’enveloppe. C’est elle qui s’attache à CCR5 lorsque le virus pénètre dans les cellules. La variabilité de cette protéine d’enveloppe est utile au virus, puisqu’elle lui permet de contourner les réponses immunitaires de l’hôte et de développer des résistances à des traitements inhibiteurs de l’entrée ». Dans le contexte de cette nouvelle étude, les chercheurs-euses se sont posé la question de savoir si « différentes souches du VIH diffèrent par la nature des formes de CCR5 qu’elles utilisent, et si tel est le cas, si cela influence leur capacité à infecter [une personne] ».

Les résultats de ce travail mené par l’équipe de Bernard Lagane, chercheur Inserm à l’Institut Pasteur de Paris répondent par l’affirmative à ces deux questions, indique l’ communiqué de l’agence scientifique. « De plus, les chercheurs démontrent que le processus par lequel plusieurs molécules de CCR5 s’assemblent entre elles (oligomérisation) rend l’entrée virale moins efficace », précise l’Inserm.

« Tous ces résultats convergent vers un modèle selon lequel la susceptibilité au VIH dépendrait non seulement des souches de virus auxquelles un individu est confronté, mais aussi de la nature des molécules de CCR5 exprimées à la surface de ses cellules immunitaires », déclare Bernard Lagane. En cela, cette étude « met en lumière la plasticité de CCR5 comme un nouvel élément susceptible de réguler la capacité des souches de VIH à entrer dans l’organisme et leur rôle dans la pathogénicité de l’infection, en même temps qu’elle ouvre de nouvelles perspectives pour le développement d’inhibiteurs du récepteur ».