Charge virale : des mesures plus fines

Publié par Franck-seronet le 16.05.2010
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charge virale
La mesure de la charge virale est un outil majeur du suivi et avoir une charge virale indétectable, un enjeu important. Certains laboratoires, en France notamment, se sont dotés d'une technique plus fine de mesure de la charge virale qui fait que quelques personnes qui étaient jusqu'alors “indétectables” se retrouvent d’un coup “détectables” parce que le seuil de comptage est plus bas. Que faut-il en penser ?

Atteindre et maintenir une charge virale indétectable sous traitement antirétroviral (trithérapie) est un des objectifs majeurs de la trithérapie. Ceci afin de permettre aux lymphocytes T4 (CD4) de remonter, conduisant à un renforcement du système immunitaire qui éloignera le plus possible les maladies opportunistes, infections ou cancers.
Une charge virale est dite indétectable lorsqu’elle se situe au dessous du seuil que les techniques de comptage sont capables d’atteindre. Cela ne veut pas dire que le virus a disparu du corps, ni même du sang, mais qu’on ne le détecte plus avec les techniques utilisées. Dans les dernières années, les techniques de quantification de la charge virale pouvaient “compter” le nombre de copies de virus dans le sang à partir de 50 copies de virus par millilitre de sang (50 copies/ml). Au dessous de ce chiffre, les techniques de routine ne le pouvaient pas. Des techniques sophistiquées, utilisées seulement dans le cadre de la recherche, peuvent compter les copies de virus jusqu'à une copie/ml, mais ces techniques plus complexes et plus chères ne sont pas utilisées en routine. Au Québec, des techniques par 5 copies sont utilisées en recherche et si on participe à un essai, les résultats sont ajoutés uniquement au dossier de recherche de la personne. On a largement pu établir qu’une charge virale qui se maintient, au dessous de 50 copies/ml était satisfaisante. La plupart des essais thérapeutiques internationaux montrant un bénéfice clinique ont été faits avec ce seuil d’indétectabilité à 50 copies/ml. C’est pourquoi, au Québec, le seuil à 50 copies/ml est jusqu’à présent conservé.


Les techniques de comptage en routine ont progressé. En France, certaines sont passées progressivement à un seuil de 40 copies/ml, ou même 20 copies/ml. Quel que soit le seuil, 50, 40, ou 20, si on est au dessous, on est et on reste avec une charge virale “indétectable”, et l’objectif essentiel est atteint. Nous avons reçu des témoignages de personnes qui, après de longs mois avec une charge virale indétectable, la retrouvaient tout à coup “détectable” à 25 ou 35 copies, parce que le laboratoire qui effectue leurs analyses de sang s’était doté d’une technique plus fine, avec un seuil de détectabilité plus bas. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir à court terme : on reste en fait sous la barre des 50 copies/ml, le seuil d’indétectabilité défini dans les recommandations d’experts actuelles. Rien ne dit par ailleurs que le risque de transmission du virus s’en trouverait augmenté.


La question qui se pose dans la recherche est celle des conséquences possibles de rester longtemps avec une charge virale autour de 40 copies/ml. L’inflammation qui en résulte aura-t-elle des conséquences cliniques à terme ? Il semble que certains médicaments, plus puissants que d’autres, puissent faire baisser un peu ce chiffre, mais compte tenu du mode de réplication du VIH, chercher le zéro ou le 1 copie n’a pas vraiment de sens, si ce n'est, un jour, pouvoir se débarrasser définitivement du virus : le chemin reste à faire !

Commentaires

Portrait de RedBlood

le zero copie, signifierai une transmission nul non?
Portrait de Piicsou

Le zéro copie serait un zéro copie d'ARN/mL dans le sang... Or, on parle aussi beaucoup des autres réservoirs du virus comme les sécrétions sexuelles, le liquide céphalo-rachidien et le tube digestif. Malheureusement une charge virale indétectable dans le sang ne signifie pas automatiquement qu'elle l'est aussi dans les sécrétions sexuelles, le LCR ou le tube digestif... Piicsou, une secrétaire qui vous veut du bien ;)
Portrait de sonia

Excusez moi je joue au Candide...celà voudrait il dire que des personnes seronegatives avec les anciennes mesures pourraient devenir seropositives grâce à ce perfectionnement? Qu'en est il des tests de depistage nouvelle génération? Les chiffres à la hausse ou à la baisse seront ils conservés par les experts au gré des recommandations du ministère de la Santé?
Portrait de sonia

Ah oui Michel tu parles du test elisa et second test pour confirm western blott ? Un article indispensable pour la suite, malheureusement posté en blog donc invisible sinon ici http://www.seronet.info/billet_blog/biomerieux-lance-le-test-moleculaire...
Portrait de michel94

En fait, Sonia, ma première impression est que tu confonds test de dépistage VIH (dépistage, mesure d'anticorps) et mesure de charge virale (suivi de patients déjà dépistés). L'article porte sur la mesure de la charge virale et tu parles de dépistage : "...des personnes seronegatives avec les anciennes mesures pourraient devenir seropositives grâce à ce perfectionnement?...". Donc je me dis : "elle confond". Mais... Y'a un truc qui ma échappé ? Ca existe des tests de dépistage du VIH qui mesurent un nombre de virus ?? ======================= Nous sommes tous des farceurs : nous survivons à nos problèmes - Emil Michel Cioran
Portrait de sonia

Bah si tu lisais mieux l'article tu comprendrais qu'il s'agit de test au delà de la quatrième génération qui mesure directement la charge virale sans passer par l'antigène P24....un deux en un ;-)
Portrait de michel94

J'avais lu, essayé... mais de là à dire que ça a été la révélation. Merci de lever le doute. ================ Nous sommes tous des farceurs : nous survivons à nos problèmes - Emil Michel Cioran
Portrait de sonia

çà veut dire que bientôt on pourra détecter le vih (seropositivité) en même temps que la charge virale! Logique quand il s'agit de traiter de plus en plus précocément, à partir de 500 CD4 (au lieu de 350 CD4 rapport yeni 2008). Grosso modo vous êtes seropositif avec moins de 500 cv, on vous met sous traitement illico presto! C'est ça la Prévention Nouvelle! je ne vous sers pas la main car vous allez savoir que j'ai le vih, et oui tellement sensible ces appareils....
Portrait de sonia

Les nouvelles recommandations préconisent donc de débuter un traitement entre 350 et 500 CD4/mm3 pour les personnes les plus à risque. Ces dernières comprennent d'abord celles présentant une charge virale (CV) élevée supérieure à 100 000 copies/mL

http://www.vih.org/20090408/quand-traiter-3249

Portrait de frabro

Ce qui est détecté lors d'un dépistage ce sont les anticorps spécifiques anti VIH, et il n'y a rien de changé à cette méthode à ma connaissance. Il y a bien longtemps qu'on ne recherche plus les antigènes P 24, qui ne donnent aucune indication complémentaire. La mesure de charge virale permet de voir quelle est la quantité de virus dans le sang circulant d'une personne déjà dépistée séropositive, et ceci dans le but d'"envisager ou non un traitement ou une modification de traitement. Que le seuil de détection de la charge virale s'abaisse ne change rien, puisque tous les experts s'accordent pour dire qu'une CV
Portrait de sonia

Franck-seronet wrote:

 Il n’y a pas d’inquiétude à avoir à court terme : on reste en fait sous la barre des 50 copies/ml, le seuil d’indétectabilité défini dans les recommandations d’experts actuelles. Rien ne dit par ailleurs que le risque de transmission du virus s’en trouverait augmenté.

 

  • l'auteur dit pas d'inquiètudes à court terme, d'accord, mais c'est quoi le court terme? le temps biologique, humain, scientifique??? Que ne nous a-t-on pas dit encore?
  • le risque de transmission du virus même à quantité microscopique ? il va falloir revoir les recommandations du professeur Hirschel ET préciser le seuil d'indetectabilité, cv indetectable à X copies....non contaminant à Y % etc
  • tests pour les medicaments et non pour les malades (mesurer la performance d'une molecule et  la commercialiser élu meilleur produit de l'année ;-) et protéger ses brevets !!!

Portrait de RedBlood

faudrait faire des analyse de sperme pour savoir si on est contaminant?
Portrait de frabro

avant chaque rapport puisque ça varie surement d'un moment à l'autre... Quelle galère... Après la trousse à medocs, la trousse à analyse quand tu te déplace... ça va être pratique non ? lol
Portrait de RedBlood

c'est con la variation, j'avais oublié momentanément que rien n'est définitif.
Portrait de Ovomaltine

Bonjour, Voici une émission que j'ai trouvé TRÈS intéressant: C.V, risque de transmission... je ne rentre pas dans le sujet de discussion mais vous laisse écouter (ça dure 50 min environ) et surtout le faire écouter a tout ce qui sont encore dans le moyen-age dans leur tète!

http://survivreausida.net/a9605
 

Keep Smiling! :-)

Portrait de barebackette

Le hic c'est que le corps se divise en compartiments biologiques qui peuvent parfois présenter une certaine indépendance entre eux. C'est une des raisons pour lesquelles la charge virale mesurée dans le plasma sanguin ne correspond pas forcément à celle mesurée dans le sperme ou dans le compartiment cérébral, etc.

Ce peut être en partie lié au fait que les médicaments ne pénètrent pas forcément de la même manière dans ces compartiments ou dans les différents organes. Pour autant, on n'a jusqu'à présent pas réussi à mettre en évidence que la dissociation entre la charge virale plasmatique et séminale était plus fréquente avec les médicaments pénétrant moins bien dans le compartiment génital. C'est que l'alimentation en virus des compartiments peut aussi être le résultat d'activation immunitaire. Certaines cellules de l'immunité (cellules mémoires) archivent le virus. Lorsqu'elles sont activées, elles peuvent être à l'origine d'une production virale locale.

Lorsque les trithérapies sont sorties en 1996, on pensait pouvoir éradiquer le virus du corps humain compte tenu de la vitesse de la diminution de la charge virale. Mais c'était sans compter sur ces cellules mémoires et ce que l'on appelle les réservoirs. Un des enjeux actuels de la recherche est d'envisager comment purger progressivement ces réservoirs du virus pour parvenir peut-être un jour à la guérison.

Act Up organise une réunion publique d'information sur ce sujet très bientôt si ça vous intéresse.

80e Réunion Publique d’Information Eradication du VIH de l’organisme mercredi 16 juin - 19h - Mairie du 4ème Paris

http://www.actupparis.org/spip.php?article404

Quant à la question posée par Franck concernant les phénomènes inflammatoires et, si je comprends bien, l'idée que l'on pourrait totalement écraser la charge virale pour les réduire. Pour le moment, les essais de multithérapies super fortes pour y parvenir n'ont pas permis d'y parvenir (en recherche on dispose déjà de mesures de charge virale ultra sensible).

D'après ce que j'ai compris, on suppose que la réplication virale à bas bruit est en partie le fait de l'expression de cellules mémoires. Si les phénomènes inflammatoires peuvent avoir des effets problématiques à long terme pour nous (c'est une des raisons du sur-risque cardiaque par exemple). D'un autre côté ces mêmes phénomènes sont aussi ceux qui mobilisent le système immunitaire pour contrôler naturellement l'infection.