Co-infection VIH/VHC : quels paramètres jouent sur la mortalité ?

Publié par jfl-seronet le 15.09.2019
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Thérapeutiqueco-infectionVIH/VHC

Le 3 septembre dernier, l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS) a publié un communiqué concernant la co-infection VIH et hépatite C. Il fait état de résultats de travaux scientifiques attestant de la « confirmation des effets des comportements sur la mortalité associée à l'hépatite C ». De quoi s’agit-Il ?

Les personnes qui sont co-infectées par le VIH et le VHC (hépatite C) souffrent d'un taux de mortalité toujours élevé, malgré les traitements anti-VHC disponibles depuis plusieurs années dans de nombreux pays et qui ont une très grande efficacité en matière de guérison de l’infection VHC. Sur ce constat, une équipe de chercheurs-ses dirigée par Patrizia Carrieri, chercheuse à l’Inserm au sein du laboratoire « Sciences économiques & sociales de la santé & traitement de l’information médicale » (Sesstim, Aix-Marseille Université/Inserm/IRD) s’est intéressée à différents facteurs capables d'influer sur la mortalité liée au VHC.

Cela a fait l’objet d’une étude soutenue par l'ANRS, dont les résultats ont été publiés récemment dans la revue AIDS and Behavior. L’équipe a étudié les 77 décès ayant eu lieu parmi les 1 028 patients-es co-infectées par le VIH et le VHC en France de la cohorte ANRS CO13 Hepavih, sur une durée de cinq ans. Ces nouveaux résultats s'inscrivent dans la continuité des données présentées par la même équipe en 2017 à la conférence organisée par l’International Aids Society (IAS).

Dans leur nouvelle étude, les auteurs-rices observent que la consommation régulière de cannabis et la consommation élevée de café sont respectivement associés à une division par près de quatre et de trois du taux de mortalité associée à l'hépatite C. À l'inverse, le tabagisme est associé à une multiplication par 3,5 de ce taux, indique le communiqué de l’ANRS. Du côté des chercheurs-ses, on explique que si les différents médicaments antiviraux ou antirétroviraux permettent aujourd'hui de contrôler le VIH et de guérir de l'hépatite C, les personnes co-infectées par ces deux virus ont un risque accru de complications liées au virus de l’hépatite C (VHC), comme la cirrhose décompensée, principale cause de décès de ce groupe. Cela est dû au fait que la « co-infection par le VIH diminue la réponse au traitement anti-VHC », et que cette co-infection « cause une progression plus rapide vers une maladie chronique du foie ».

Les travaux de Patrizia Carrieri et de son équipe portent sur l’observation de l’effet de certains comportements et pratiques (consommation de café, tabagisme et consommation de cannabis notamment) sur la mortalité liée au VHC, chez les personnes co-infectées.  Ce travail a été mené en analysant les données de 1 028 patients suivis dans la cohorte ANRS CO13 Hepavih pendant cinq ans. Au cours de cette période, 77 décès sont survenus, dont 33 liés au VHC.

Avec ces nouveaux résultats, les chercheurs-ses confirment que « les consommateurs réguliers de cannabis ont une réduction du taux de mortalité liée au VHC de près de 70 % par rapport aux autres. Les consommateurs de trois tasses de café et plus par jour bénéficient d'un taux de mortalité liée au VHC réduit de 60 % par rapport à ceux qui en boivent moins. « L'action de ces deux substances pourrait être liée à leurs effets antioxydants et anti-inflammatoires qui réduisent les dommages au foie », avance l’équipe de recherche.  Deux autres facteurs de risque majeurs sont d'une part le tabagisme, les fumeurs de tabac présentant un taux de mortalité trois fois et demi plus élevé que les non-fumeurs, et d'autre part l’obésité, qui est associée à un risque deux fois et demi plus élevé que les patients présentant un poids normal.

L’équipe de Patrizia Carrieri conclut que des changements de comportements et styles de vie - en particulier pour l’arrêt du tabac - seraient à même de réduire la mortalité liée au VHC, et que des interventions sociales pourraient faciliter ces changements. À présent, « Il serait nécessaire d’évaluer l’intérêt des pharmacothérapies dérivées du cannabis, pour estimer de façon plus précise leurs effets et bénéfices pour les patients vivant avec le VIH et/ou l’hépatite C », précisent-ils.

Source : HCV-Related Mortality Among HIV/HCV Co-infected Patients: The Importance of Behaviors in the HCV Cure Era (ANRS CO13 HEPAVIH Cohort). Melina Erica Santos ; Camelia Protopopescu ; Philippe Sogni ; Issifou Yaya ; Lionel Piroth ; François Bailly ; Fabienne Marcellin ; Laure Esterle ; Linda Wittkop ; Eric Rosenthal ; Philippe Morlat ; Perrine Roux ; Wildo Navegantes de Araujo ; Dominique Salmon‑Ceron ; Maria Patrizia Carrieri, etc.

Co-infection VIH/VHC : consommation de café et de cannabis
Deux études réalisées dans le cadre de la cohorte ANRS CO13-Hepavih de personnes co-infectées par le VIH et l’hépatite C mettent en évidence un risque moins élevé de fibrose hépatique chez les personnes qui consomment au moins trois tasses de café par jour, quel que soit leur niveau de consommation d’alcool, et un risque moins élevé de stéatose hépatique chez les consommateurs-rices quotidiens de cannabis. Ces résultats soulignent l’importance de prendre en compte les comportements de consommation dans la prise en charge et le suivi clinique des patients co-infectés, expliquait alors en juillet 2017 l’équipe de Patrizia Carrieri. Ces résultats ont été présentés le 26 juillet 2017 lors de la 9e Conférence scientifique sur le VIH (IAS 2017) organisée par l’International Aids Society et l’ANRS à Paris. En juillet 2017, Patrizia Carrieri expliquait à propos des résultats présentés : « les interactions entre comportements alimentaires, consommations de substances psychoactives et évolution de la maladie hépatique nécessitent des études complémentaires, en particulier des études interventionnelles. Bien évidemment, les résultats obtenus dans la cohorte ANRS Hepavih ne peuvent conduire à recommander aux patients co-infectés la consommation de telle ou telle substance ou produit. En revanche, il serait certainement utile que les cliniciens tiennent compte des comportements de consommation de leurs patients dans le cadre de leur évaluation clinique ».
Sources : Coffee intake modifies the relationship between alcohol consumption and liver fibrosis in patients coinfected with HIV and hepatitis C virus (ANRS CO13-Hepavih cohort) et Daily cannabis use and reduced risk of severe steatosis in a population of patients co-infected with HIV and hepatitis C virus (HCV) (ANRS CO13-Hepavih).

Qu’est-ce que la cohorte ANRS CO13-Hepavih ?
Ouverte en 2005, la cohorte ANRS CO13-Hepavih a inclus 1 859 patients co-infectés par le VIH et le virus de l’hépatite C (VHC). Cette cohorte vise à préciser l’histoire naturelle de la co-infection et à mieux comprendre les interactions entre les deux virus et leurs traitements. Les patients-es inclus-es sont suivis-es tous les six ou douze mois, selon l’évolution de leur hépatite C et de leurs traitements. La cohorte ANRS CO13-Hepavih a ainsi permis de recueillir un ensemble de données très riches sur la co-infection VIH/VHC et sa prise en charge à l’ère des traitements à action directe sur le VHC (AAD).

 

Commentaires

Portrait de Tony54100

Avec ces nouveaux résultats, les chercheurs-ses confirment que « les consommateurs réguliers de cannabis ont une réduction du taux de mortalité liée au VHC de près de 70 % par rapport aux autres. Les consommateurs de trois tasses de café et plus par jour bénéficient d'un taux de mortalité liée au VHC réduit de 60 % par rapport à ceux qui en boivent moins. 

= Donc la si c est vrai , on va bientot nous expliquer que consommer du cannabis est bénéfique... Desolé monsieur l'agent..

Portrait de Tony54100

Sinon je propose deja

Arret de l alcool
Arret du tabac
Arret du sucre
Mise au sport regulier
Curcuma / thé vert
Fruit legume