Collectif Santé Trans+ : "Pour une approche positive de notre santé "

Publié par jfl-seronet le 26.12.2013
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Droit et socialtrans

Pour la Journée internationale de la lutte contre le VIH et les hépatites, le Collectif Santé Trans+ (composé de AIDES, OUTrans, Chrysalide et l’ODT) a tenu à "rappeler l'urgence que l'ensemble des trans, leurs partenaires et leurs allié-e-s développent, diffusent et luttent ensemble pour la circulation de leurs propres savoirs sur leur santé". Que fera CST+ (diminutif de Collectif Santé Trans+) ? Quels sont ses objectifs ? Seronet vous dit tout… ou presque.

"CST+ entend promouvoir un meilleur accès au droit et à la santé pour notre communauté et lutter contre les dispositifs institutionnels transphobes qui sont des freins pour notre accès aux soins", explique le communiqué du tout récent collectif. "Nous devons, sans plus attendre, mettre en place des discours positifs sur notre santé, nos sexualités et nos réalités sociales, nous permettant de nous informer ainsi que l'ensemble du corps médical, les politiques publiques et les partenaires institutionnels, nous garantissant alors des conditions d'existence dignes. Il est urgent de considérer nos besoins et non les problèmes que la psychiatrie ou l'Etat désignent dans les transidentités, en travaillant à la mutualisation des savoirs, des pratiques et des expertises des personnes directement concernées".

Une "approche féministe de la santé sexuelle"

Dans cet esprit, le CST+ "défend une approche féministe de la santé sexuelle qui prend en compte l’environnement des personnes, qui respecte et soutient toutes les identités, toutes les sexualités dans les communautés T contre les oppressions liées à l'hétérosexisme, et qui se préoccupe du bien être sexuel en soutenant une parole à la première personne". Pour le collectif : "Lutter contre la transphobie — qu'elle vienne de l'Etat, de nos employeurs, de nos familles, de nos partenaires, de nos clients - fait partie de la lutte contre l'épidémie au VIH et aux hépatites. Ce n'est qu'en la combattant que nous permettrons un meilleur dialogue sur le VIH, et donc, une prévention adaptée aux pratiques, aux envies, aux statuts sérologiques et aux corps de chacun-e-s quelque soit son parcours de transitions ou sa trajectoire de vie", explique-t-il.

Lutter contre la pathologisation et la psychiatrisation

"Lutter contre les discriminations et les violences transphobes, c’est d’abord lutter contre la pathologisation et la psychiatrisation des transidentités, principales violences responsables d'une mauvaise estime de soi et qui mettent en danger la santé des personnes trans", avance CST+. "C’est lutter contre le conditionnement médico-légal de parcours de vie réduit à un "changement de sexe" en décorrélant changement d’état civil et conversion sexuée. C'est protéger les personnes quelque soit leur parcours, leur nationalité, leur travail, et lutter pour la libre détermination de nos identités et la libre disposition de nos corps". Le Collectif entend aussi "réaffirmer son entier soutien à nos sœurs trans et travailleuses du sexe, car ce sont elles les plus touchées par le VIH. Si l’ensemble de notre communauté est fortement touchée, nous refusons d'aplanir nos différences et de ne pas reconnaître les spécificités des différents groupes qui la composent".

Droits complets, santé globale

"L’accès à nos droits est déterminant pour nous permettre un accès à la prévention, aux soins, et à la santé globale, notamment pour les personnes les plus vulnérables de notre communauté (trans migrantes, trans travailleuses du sexe, trans en prison, etc.). A l'heure où le gouvernement revient sur ses promesses faites à l'ensemble de la communauté LGBT où les T n'ont eu AUCUN espace de parole et de revendication, CST+ exige que soit remis à l'ordre du jour de l'agenda politique les questions nous concernant :

  • L’instauration d’un accès rapide, libre et gratuit au changement d’état civil dès que la personne en fait la demande, par une procédure administrative ENTIEREMENT déjudiciarisée et démédicalisée ;
  • La réouverture du groupe de travail à la DGOS [direction générale de l’offre de soins] sur les questions de santé et de prise en charge des personnes trans et d'être inclus comme interlocuteur ;
  • La mise en place d’actions de prévention pour la santé sexuelle et de lutte contre le VIH/sida/hépatites adaptées aux personnes trans et à leurs partenaires ;
  • Le remplacement de "l’identité sexuelle" par "l’identité de genre" dans les critères de discrimination en assurant l’effectivité du droit : la non reconnaissance du prénom et genre d’usage adoptés par les personnes doit être prise en compte comme discrimination tout comme le refus d'accès aux soins, sous l'excuse de l'ignorance des médecins qui renvoient les trans aux compétences prétendues d’autres médecins dont les protocoles psychiatrisants et discriminants ne respectent pas le libre consentement des personnes ;
  • La mise en œuvre des dispositifs de formation et des campagnes de communication contre la transphobie (discriminations liées à l’identité de genre) ;
  • La promotion et le respect d’un suivi médical sur la base du consentement éclairé et du libre choix du ou des médecins pour la personne trans usagerE de soins, et une prise en charge des demandes de traitements adaptée à la diversité des parcours trans.

Traitements adaptés : ce que cela implique

Pour le Collectif, ce sont ces points-là :

  • L’arrêt immédiat des stérilisations forcées pour accéder au changement d’état civil ;
  • L’arrêt immédiat des opérations et des mutilations sur les enfants intersexes ;
  • L’accompagnement à l’auto détermination des enfants trans, et intersexes et l’accompagnement de leurs parents ;
  • Le démantèlement des équipes et protocoles hospitaliers et la formation des médecins et chirurgiens français pour un suivi médical de qualité, respectueux et dépsychiatrisé en partenariat avec les associations de terrain.
  • Le financement de la recherche sur la santé des personnes trans et intersexes et de leurs partenaires (VIH/sida, hépatites, IST, effets des traitements à long terme, interactionsmédicamenteuses ARV/Hormones).