Congrès de AIDES : la banlieue pour priorité

Publié par jfl-seronet le 18.06.2013
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Initiativecongrès Aides 2013banlieue

Le prochain congrès de AIDES (il a lieu tous les deux ans) se tient du 20 au 23 juin, à Bobigny, en Ile-de-France, plus précisément en Seine-Saint-Denis, dans le fameux 9.3. Ce choix n’a rien du hasard. C’est le signe d’une volonté politique : montrer les enjeux de la lutte contre le VIH et les hépatites en banlieue. A cette occasion, l’association a publié un dossier sur la situation en banlieue, les enjeux, les atouts, les freins. Il y a beaucoup à faire, mais beaucoup de choses sont possibles. Passage en revue.

L’épidémie se trouve aussi en banlieue

En Ile-de-France, la lutte contre le sida donne parfois l’impression d’être tournée exclusivement sur Paris, un constat assez loin de la réalité. En fait, l’association AIDES a commencé de s’implanter sur l’ensemble de l’Ile-de-France dès 1996. En 2012, l’association a fortement augmenté le nombre de ses antennes sur toute la région (10 en 2010 ; 16 en 2012). En Seine Saint-Denis, en plus de Bobigny, AIDES possède des antennes à Montreuil et à Saint-Denis. Ces antennes dans les grandes villes servent de point de départ à des actions de prévention, de soutien et de dépistage sur l’ensemble du département. Les militants basés à Bobigny interviennent aussi à Pantin, Noisy-le-Sec, Bondy, Drancy, Le Bourget, Villepinte, Aulnay-sous-Bois et Sevran. Il en va de même dans d’autres départements franciliens comme le Val-de-Marne.

Pourquoi une telle présence ?  La raison est simple : la région francilienne concentre près de la moitié des nouveaux diagnostics de séropositivité. Le nombre annuel de découvertes de séropositivité rapportée à la population y est 2,6 fois supérieur à celui observé en métropole (chiffres 2010). Et la Seine-Saint-Denis est après Paris le deuxième département le plus touché par le VIH en Ile-de-France.

Faire reculer les inégalités de santé en banlieue

Une des raisons de cet engagement est que l’association estime que : "Lutter contre le sida, c’est faire reculer les inégalités de santé en banlieue". Au-delà de la question du VIH, la banlieue subit de plein fouet l’impact des inégalités en matière de santé : désertification médicale, refus de soins pour les personnes titulaires de la CMU (couverture maladie universelle) ou de l'AME (Aide médicale d’Etat), renonciations aux soins des personnes les plus précaires en raison de restes à charge de plus en plus lourds, discriminations, marginalisation, etc. Ces inégalités sont ressenties d’autant plus violemment par les personnes vivant avec le VIH de ces territoires, dont les handicaps se cumulent : des difficultés à travailler, à emprunter, des besoins médicaux accrus. L’association est convaincue qu'un accès égalitaire aux soins est une condition absolue pour lutter efficacement contre le sida et les hépatites. "En se battant pour améliorer la prise en charge médicale et les droits des personnes séropositives, AIDES fait avancer l’accès aux soins de tous les citoyens", explique le communiqué de l’association.

La banlieue, fer de lance de la lutte contre le sida

La lutte contre le sida est indissociable de la défense des droits des minorités, c’est un des autres credo de AIDES. Une revendication que l’association défend aussi bien en France qu’à l’étranger. Pourquoi ? Parce que le "VIH et les hépatites frappent prioritairement les populations les plus vulnérables : les personnes migrantes originaires d’Afrique sub-saharienne, les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes et les personnes usagères de drogues. Des populations souvent marginalisées, victimes de dénis de droits de plus en plus fréquents. Des populations souvent stigmatisées par leurs choix de vie" explique l’association. "C’est pourquoi les préoccupations des personnes concernées par le VIH sont proches de celles des citoyens vivant dans certaines banlieue. Les personnes sont parfois en tension : la lutte contre l’homophobie est un combat à poursuivre. Et souvent en synergie".

"Les premiers distributeurs de seringues propres (Distribox) sont apparus à Noisy-le-Sec", rappelle l’association. De même, sans la banlieue, AIDES n’aurait pas autant appris des différents publics qui font appel à elle. "Nous avons su partir à leur rencontre, mobiliser les acteurs locaux, travailler davantage en réseau", explique le communiqué. La mise en place des actions de dépistage rapide du VIH (TROD) déployées sur tout le territoire français en 2012 en témoigne. "Nous proposons cette offre dans une grande diversité de lieux : gares, commerces, bars, salons de coiffure, etc. Sans la mobilisation de l’ensemble des acteurs locaux (mairie, commerçants, travailleurs sociaux), cette innovation n’aurait jamais vu le jour", explique l’association.

AIDES à Bobigny : quoi, quand, où !
Un accueil est ouvert à tous le jeudi de 14 à 18 heures. Des ateliers pour les femmes vivant avec le VIH, sur la santé gay et le vieillissement sont organisés tous les deux mois. Côté prévention et soutien : AIDES Bobigny organise des actions de prévention et de sensibilisation au VIH dans une trentaine de lieux (salons de coiffure, bars, restaurants et foyers de jeunes travailleurs) et des cyberactions sur les forums Internet de rencontres gay.
L’association propose aussi des TROD, dix permanences de dépistage par mois :
- tous les jeudis de 17 heures à 20 heures au local (7 rue Carnot - Bat 7 au Rdc) ;
- tous les derniers mercredis du mois à la gare routière (de 11 heures à 17 heures)
Contact : 06 71 04 80 15