Covid-19 et VIH : résultats de l’enquête

Publié par Fred Lebreton le 26.07.2021
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ChiffresCovid-19

En juillet 2020, Seronet vous présentait Acovih, une enquête qui vise à décrire les enjeux psychosociaux et les ressources individuelles et collectives déployées par les personnes vivant avec le VIH dans le contexte de crise sanitaire liée à la Covid-19 sur le territoire français (métropole et Outre-mer). L’enquête, par questionnaire auto-administré en ligne, s’est déroulée entre juin et septembre 2020. Elle portait sur la période de mars à mai 2020. Voici les premiers résultats.

À quoi sert cette enquête ?

Elle a plusieurs objectifs scientifiques. Il s’agit notamment d’identifier les facteurs psychosociaux impliqués dans la construction de la perception du risque infectieux de la Covid-19. Autrement dit, quels sont les éléments qui ont influé sur la réponse psychologique que l’on peut avoir individuellement face à la menace que représente cette nouvelle maladie. Autre point : comprendre les enjeux relatifs à la continuité des soins, notamment dans le suivi VIH et des autres pathologies pour lesquelles les personnes sont également suivies. Enfin, il y avait l’objectif de documenter les ressources et stratégies d’adaptation mises en œuvre par les personnes vivant avec le VIH dans ce contexte.

Qui conduit cette enquête ?

Acovih (Adaptations à la Covid-19 quand on vit avec le VIH) est une enquête que AIDES, Coalition PLUS et le groupe de recherche en psychologie sociale (GRePS) de l'Université de Lyon 2 ont créé. Les responsables scientifiques de l’enquête sont Daniela Rojas Castro (Coalition PLUS), David Michels (AIDES) et Marie Préau (GRePS).

Qui a répondu à l’enquête ?

Ce sont 249 personnes qui ont répondu à l’enquête Acovih ; parmi elles : 199 hommes (dont un homme trans), 46 femmes (dont quatre femmes trans) et quatre personnes « genderqueer » (qui ne s’identifient ni au genre masculin, ni au genre féminin). L’âge moyen était de 47 ans chez les hommes, 31 ans chez les genderqueer et 51 ans chez les femmes. En ce qui concerne l’orientation sexuelle, 67 % des répondants-es se sont déclarés-es homosexuels-les dont 98 % d’hommes et 2 % de femmes. Les participants-es habitaient à 80 % en France métropolitaine et 15 % étaient nés-es à l’étranger. Deux-tiers (67 %) des répondants-es se considéraient à l’aise financièrement avant le confinement. Un tiers (34 %) était engagé dans des associations de lutte contre le VIH/sida. Enfin 27 % ont déclaré consommer des produits psychoactifs et 43 % fumaient du tabac.

Inquiétudes sur la prise en charge VIH

Ces résultats traduisent une certaine inquiétude des personnes vivant avec le VIH concernant l’impact de la crise sanitaire sur leur suivi. En effet, 62 % des répondants-es craignaient que la crise sanitaire n’engendre des perturbations sur le long terme dans leur prise en charge. Cette inquiétude est fondée sur des perturbations vécues pendant le premier confinement au printemps 2020. Près de la moitié (48 %) des répondants-es ont déclaré avoir eu un rendez-vous reporté ou annulé, 30 % ont déclaré que la communication avec l’équipe médicale de leur lieu de suivi s’était détériorée et 15 % que la relation de confiance avec l’équipe médicale s’était détériorée.

En ce qui concerne certains aspects de la vie quotidienne, 21 % des répondants-s ont constaté une dégradation de leur situation financière durant le confinement, 39 % ont constaté une baisse de leur satisfaction sexuelle (dont 44 % d’hommes, 15 % de femmes et 25 % de personnes trans ou genderqueer). Enfin, 58 % des consommateurs-rices d’anxiolytiques ont augmenté leur consommation. C’est également le cas pour 32 % des consommateurs-rices d’antidépresseurs.