Covid-19 : fin du monopole sur les traitements ?

Publié par jfl-seronet le 02.11.2020
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Thérapeutiquelaboratoires pharmaceutiques

Comment sortir du piège actuel qui réserve les traitements et vaccins contre la Covid-19 aux pays les plus riches ? C’est tout l’enjeu de l’initiative récente, lancée en amont d’une importante réunion des Nations unies, par des personnes concernées et des structures internationales de santé.

Des personnes qui ont survécu à la Covid-19, ou ont perdu des proches, dans 37 pays (de l'Afrique du Sud à la Finlande et de la Nouvelle-Zélande jusqu'au Brésil) à travers le monde font partie du millier de signataires d'une lettre ouverte adressée aux responsables de l'industrie pharmaceutique, appelant à la mise à disposition pour toutes et tous d'un vaccin et de traitements libres de brevets. La publication de cette lettre s’est faite la veille d’une réunion sur la pandémie organisée le 30 septembre lors de l’Assemblée générale de l’Onu à New York. « Nous avons perdu des êtres chers à cause de cette maladie mortelle. Nous avons vu la mort de près. Nous continuons de vivre dans la peur d’une contamination qui nous serait fatale. À nos yeux, rien ne justifie que vos profits ou vos monopoles se fassent au détriment de la vie d’autrui », indique cette lettre ouverte. Elle reproche aux groupes pharmaceutiques de « n’avoir rien changé à leurs pratiques, de défendre leurs monopoles en refusant de partager leurs recherches et leur savoir-faire », pointe l’Onusida, qui soutient cette initiative. Elle appelle, par ailleurs, les grands noms du secteur à « garantir que les vaccins et les traitements de la Covid-19 atteignent celles et ceux qui en ont besoin en luttant contre les positions de monopole, en renforçant la production et en partageant les connaissances. »

Les monopoles pharmaceutiques actuels réservent, en effet, la production de vaccins et de traitements efficaces à un nombre restreint de fabricants, empêchant ainsi la production de masse nécessaire pour satisfaire la demande mondiale, constate l’Onusida. La lettre exige que les « grands groupes transfèrent immédiatement les droits de propriété intellectuelle et sur les technologies de vaccins au Covid-19 Technology Access Pool (C-TAP).

Comme le précise un communiqué de l’Onusida, cette lettre est le fruit des efforts de la People’s Vaccine Alliance, une coalition mondiale d’organisations et de militant-es que rassemble un objectif commun : lutter pour un vaccin universel contre la Covid-19, qui repose sur le partage de connaissances et qui soit mis à disposition de toutes et tous. Cette lettre vise à sortir du piège qui se dessine aujourd’hui. Pour le moment, aucun pays riche n’exerce de pressions sur les grands groupes pharmaceutiques pour que ces derniers partagent leurs technologies et optimisent la livraison de vaccins efficaces et de traitements dans le monde entier. On semble plutôt jouer la carte personnelle avec des commandes nationales voire européennes et un peu mondiales de la part des instances supranationales ou de fondations. Au début du mois, une analyse d’Oxfam a révélé qu’un petit groupe de pays riches représentant 13 % seulement de la population mondiale avait déjà acheté plus de la moitié (51 %) des futures doses des principaux vaccins potentiels contre la Covid-19. De ce point de vue, le parallèle peut être fait avec le VIH, ce que n’a pas manqué de faire Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’Onusida, quant elle indique : « Le sida nous a montré qu’avec l’arrivée de traitements efficaces, les populations aisées des pays riches retrouvent la santé, tandis que des millions de personnes dans les pays en voie de développement continuent de mourir. Nous ne devons pas faire la même erreur lorsqu’un vaccin contre la Covid-19 sera découvert. Le droit à la santé est un droit humain. Se faire vacciner contre ce virus mortel ne doit pas dépendre de votre compte en banque, ni de la couleur de votre peau. Un vaccin doit être un bien public mondial mis à disposition gratuitement de toutes et tous. »

Enfin, l’Alliance appelle également les gouvernements à ne subventionner les efforts de recherche et développement des groupes pharmaceutiques portant sur des méthodes de diagnostic, des vaccins et des traitements de la Covid-19 que si « les bénéficiaires s'engagent à partager leurs connaissances et leurs technologies libres de brevets ».

People’s Vaccine Alliance, c’est quoi ?
People’s Vaccine Alliance est une coalition d’organisations et de militant-es autour d'un objectif commun : lutter pour un vaccin universel contre la Covid-19, qui repose sur le partage de connaissances et qui soit mis gratuitement à disposition de toutes et tous. Un bien commun au monde entier. Sa coordination est assurée par Oxfam et l'Onusida. Frontline Aids, Global Justice Now, Nizami Ganjavi International Center, StopAids, Wemos ainsi que Yunus Centre comptent parmi ses membres.