Covid-19 : la Chine encore

Publié par jfl-seronet le 21.01.2023
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ThérapeutiqueCovid-19

La situation de l’épidémie de Covid-19 en Chine reste un sujet tendu entre le pays et les instances internationales de santé, tout particulièrement l’OMS ; puisque l’institution demande à Pékin de détailler davantage ses nouvelles données. Du côté de la recherche, les nouvelles sont bonnes concernant le Covid long. Une étude explique que dans le cadre du Covid long, la plupart des symptômes d'une infection modérée disparaissent dans l'année. De son côté l’Europe fait le bilan des outils qu’elle a mis en place au plus fort de l’épidémie pour faciliter les déplacements.

Flambée en Chine : pas d'impact en Europe

La flambée des cas de Covid-19 en Chine ne devrait pas avoir d’impact « significatif » en Europe car les variants qui y circulent sont déjà présents en Europe, a affirmé mardi 10 janvier l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le directeur régional de l’OMS, Hans Kluge, a appelé les pays de cette zone à seulement prendre des mesures « proportionnées et non discriminatoires » vis-à-vis des voyageurs-ses en provenance de Chine. Plusieurs pays dont les États-Unis, le Japon, la France et l’Allemagne ont instauré l’exigence d’un test négatif pour les voyageurs-ses en provenance de Chine. Un certain nombre de pays ont également déconseillé les voyages non nécessaires vers la Chine. L’Union européenne a vivement encouragé, début janvier, ses États membres à imposer un dépistage réalisé en Chine avant le vol et encouragé les Vingt-Sept à compléter le test négatif par des « tests aléatoires » à l’arrivée sur le sol européen. « Il n’est pas déraisonnable pour les pays de prendre des mesures de précaution pour protéger leurs populations, alors que nous attendons des informations plus détaillées » de la Chine mais « ces mesures doivent être scientifiquement justifiées », a souligné Hans Kluge. Selon l’OMS, les 53 pays de la région Europe qui s’étend jusqu’à l’Asie centrale sont bien armés pour faire face à la Covid, grâce notamment au fort taux de vaccination. « Au début de 2023, la région (…) est en fait en très bonne position. Nous avons une forte protection de la population, grâce, en partie, aux vagues d’infection naturelle qui se sont produites, mais surtout grâce à une excellente adhésion générale à la vaccination », a souligné Catherine Smallwood, responsable des situations d’urgence à l’OMS Europe. Toutefois, il importe de maintenir élevé le niveau de surveillance, selon l’organisation onusienne. « Après trois longues années de pandémie, alors que de nombreux pays sont aux prises avec des systèmes de santé surchargés, des pénuries de médicaments essentiels et un personnel de santé épuisé, nous ne pouvons pas nous permettre de faire peser de nouvelles pressions sur nos systèmes de santé », a insisté Hans Kluge.  « Une telle menace pourrait provenir d’un nouveau variant préoccupant, n’importe où, n’importe quand — y compris ici même en Europe et en Asie centrale. Sur la base des enseignements tirés, nous devons être en mesure d’anticiper, de détecter et de réagir à temps », a-t-il conclu.

Chine et États-Unis

Bons et mauvais points. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a encore critiqué la réticence de la Chine à partager des données fiables sur la vague de Covid qui balaie le pays. Elle a, en revanche, salué « la transparence radicale » des États-Unis dans leur lutte contre le sous-variant XBB.1.5. L’OMS reste convaincue « que le nombre de décès en Chine est toujours très sous-évalué », a ainsi expliqué docteur Michael Ryan, responsable des situations d’urgence à l’OMS, lors d’un point presse. C’est lié à la définition très étroite des autorités chinoises de ce qu’est une mort du fait de la Covid-19 mais aussi au fait que les médecins « doivent être encouragés à signaler les cas et pas découragés », a-t-il expliqué. À l’inverse, le Dr Ryan a salué la collaboration des autorités américaines, qui sont confrontées à un sous-variant d’Omicron très présent dans le pays : le XBB.1.5. « Il y a eu une transparence radicale de la part des États-Unis en termes d’engagement avec l’OMS concernant les données et l’impact de ces données », s’est-il félicité.  Pour l’heure, si ce sous-variant « est plus transmissible que les sous-variants précédents, il n’y a pas de données indiquant s’il est plus ou moins sévère », a souligné la docteure Maria Van Kerkhove, qui chapeaute la lutte contre le Covid à l’OMS. Le fait que le sous-variant XBB.1.5 soit très transmissible est une source d’inquiétude quant à l’émergence d’une nouvelle vague. L’OMS estime d’ailleurs avec beaucoup de prudence que ce sous-variant pourrait « mener à une augmentation de l’incidence des cas » mais souligne qu’elle est obligée de se baser quasiment uniquement sur la situation aux États-Unis, où ce sous-variant est désormais majoritaire. C’est là qu’ont été réalisé plus de 82 % des 5 288 séquençages qui ont permis de détecter le XBB.1.5 dans 38 pays.

En Chine, malgré une collaboration de plus en plus étroite, « nous ne disposons toujours pas d’informations suffisantes pour procéder à une évaluation complète des risques », a renchéri Mike Ryan. C’est ce qui explique, selon lui, en partie les tests imposés par de nombreux pays aux voyageurs-ses chinois-es plutôt qu’à ceux qui viennent des États-Unis. Or, c’est un motif de plainte récurrent des autorités chinoises. « L’absence de données leur fait prendre des mesures de précaution et c’est compréhensible », a renchéri le docteur Ryan, évoquant les pays qui ont mis en place des contrôles concernant tous-tes les voyageurs-es venant de Chine. Côté chinois, les autorités n’ont pas l’intention de changer de méthode. « Pour le moment, je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’enquêter sur la cause (de décès) pour chaque cas individuel », a estimé l’épidémiologiste Liang Wannian, mi-janvier. À en croire les chiffres officiels, seuls 37 décès liés à la Covid ont été enregistrés en Chine depuis le mois dernier, sur une population de 1,4 milliard d’habitants-es. Du coup, personne n’y croit. Au-delà du cas des morts, l’OMS regrette aussi le manque de séquençage qui, seul, permet de détecter de nouveaux sous-variants rapidement. Le choix chinois n’est pas unique. Énormément de pays ont réduit les tests à la portion congrue.  « La proportion de séquençage a chuté de 90 % depuis le haut de la vague Omicron » l’année dernière, a dénoncé le patron de l’OMS. La Covid-19 fait entre 10 000 et 14 000 morts par semaine malgré les vaccins et les traitements disponibles, a-t-il d’ailleurs rappelé, soulignant que ces chiffres étaient sans aucun doute très largement en-deçà de la réalité. La pandémie vient d’entrer dans sa quatrième année. Le patron de l’OMS a, une nouvelle fois, appelé les pays « à se concentrer sur la vaccination complète des groupes les plus à risque, en particulier les personnes âgées ». Et de conclure : « Nous continuons d’appeler tout le monde à prendre les précautions appropriées pour se protéger et protéger les autres.

Succès mitigé des outils de déplacements

Les outils mis en place dans l’Union européenne (UE) pour faciliter les déplacements pendant la pandémie de Covdi-19 ont été très insuffisamment utilisés par les Vingt-Sept, à l’exception notable du succès rencontré par le certificat numérique européen, a indiqué (11 janvier) la Cour des comptes de l’UE. Au printemps 2020, les États membres avaient réagi en ordre dispersé à la Covid-19, fermant leurs frontières sans concertation et adoptant des confinements variés. La Commission européenne avait proposé des dispositifs communs pour limiter l’impact sur la libre circulation dans l’UE, mais « ces outils ont été utilisés de façon très variable » avec une efficacité diverse, juge l’institution. L’UE a déboursé 71 millions d’euros pour développer plusieurs outils informatiques, dont un système permettant l’interopérabilité (la capacité que possède un système informatique à fonctionner avec d'autres produits ou systèmes informatiques) des applications nationales de suivi des cas contacts (« passerelle de suivi »), et un « formulaire numérique de localisation » à remplir par les passagers-ères arrivant dans l’UE ainsi qu’une plateforme pour échanger ces formulaires entre États. Autre solution développée : le certificat Covid numérique européen, un QR-code attestant d’une vaccination, d’un test négatif ou d’une infection dans les six derniers mois. « La passerelle de suivi des contacts fonctionnait sept mois seulement après le début de la pandémie, tandis que le certificat numérique était prêt avant que les États aient fini d’établir leurs plans de vaccination, note le rapport. Le formulaire de localisation des passagers est arrivé trop tard (mise en service en mai 2021), certaines solutions nationales étant déjà en place », observe l’institution. Le succès a été contrasté : « seuls, quatre États membres ont recouru au formulaire numérique européen de localisation des passagers et, sur les quelque 27 millions de formulaires délivrés jusqu’en février 2022, plus de 9 sur 10 ont été émis dans un seul pays, l’Italie », déplore-t-elle. Et la plateforme d’échange n’a guère été utilisée : « fin février 2022, seuls 256 formulaires avaient été échangés, tous provenant d’Espagne, sauf un ». En pratique, seul le certificat Covid numérique européen a été utilisé dans tous les États membres, ainsi que dans 45 pays et territoires non-membres de l’UE, avec plus de 1,7 milliard de certificats délivrés à la fin mars 2022.  Ce certificat sanitaire commun « a contribué à coordonner les restrictions de voyage entre pays de l’UE et facilité efficacement les déplacements pendant la pandémie », constatent les auditeurs-rices, mais « ce succès n’a pas été au rendez-vous pour les autres instruments ». L’audit souligne « les réticences de certains État sur la protection des données et d’autres préoccupations d’ordre juridique, ou parce qu’ils avaient déjà élaboré leurs propres outils nationaux », et s’alarme de « l’absence de procédures » de long terme pour réactiver rapidement ces outils à l’avenir si cela s’avérait nécessaire.

L'Allemagne lève l'obligation du masque

Changement. Le port du masque ne sera plus obligatoire en Allemagne à partir du 2 février dans les transports de longue distance, trains et bus, compte tenu de l'accalmie de la situation sanitaire, a annoncé (13 janvier) le ministre allemand de la Santé, Karl Lauterbach. Les personnes vulnérables sont encouragées à continuer de porter des masques dans les transports « sur la base de la responsabilité personnelle et du volontariat », a déclaré le ministre. Selon la loi en vigueur sur la protection contre les infections, les masques FFP2 devaient rester obligatoires dans les bus et les trains longue distance jusqu'au 7 avril. Or, « la situation de l'infection s'est stabilisée », a expliqué Karl Lauterbach, au regard d'un niveau d'immunité de la population désormais élevé.  Au sein du gouvernement de coalition mené par le social-démocrate Olaf Scholz, l'allié libéral (FDP), qui détient le portefeuille des transports, avait fait pression au cours des dernières semaines pour abandonner l'exigence du port du masque sur les trains longue distance. Certaines régions ont, comme la Bavière, déjà levé l'obligation de masque dans les transports locaux et d'autres, la capitale Berlin notamment, s'apprêtent à le faire dans les semaines à venir.

L’OMS demande à Pékin plus de détails

Léger progrès. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a demandé, une fois encore, (14 janvier) à la Chine de fournir plus de données après l’annonce d’au moins 60 000 morts en lien avec la Covid depuis la levée des restrictions. Elle a réclamé une « transparence accrue » pour comprendre les origines de la pandémie. « Plus tôt dans la journée, le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, s’est entretenu avec le ministre Ma Xiaowei, directeur de la Commission nationale de la santé de Chine, au sujet de la situation de la Covid-19 dans le pays », a précisé l’organisation dans un communiqué. Après trois années de restrictions parmi les plus draconiennes au monde, la Chine a brutalement levé, début décembre, l’essentiel de ses mesures sanitaires contre le coronavirus, provoquant un vif rebond de l’épidémie. L’OMS a indiqué qu’elle « analyse ces informations, qui couvrent la période allant de début décembre 2022 au 12 janvier 2023 et permettent de mieux comprendre la situation épidémiologique et l’impact de cette vague en Chine », et demande à Pékin que « ce type d’informations détaillées continue à être partagé » avec l’organisation internationale et le public. Dans son communiqué, l’OMS ne fait aucun commentaire sur le nouveau nombre de morts déclarés par la Chine, mais indique que « l’épidémiologie générale — qui reflète une vague rapide et intense de la maladie causée par des sous-variants connus d’Omicron ayant un impact clinique plus important sur les personnes âgées et les personnes atteintes d’affections sous-jacentes — est similaire aux vagues d’infection que connaissent d’autres pays, tout comme la pression accrue sur les services de santé ».  Par ailleurs, ajoute l’OMS, « les données rapportées indiquent une diminution du nombre de cas, des hospitalisations et des personnes nécessitant des soins critiques », avant d’ajouter avoir demandé à Pékin « une ventilation plus détaillée des données par province au fil du temps ». Elle demande par ailleurs aux autorités scientifiques chinoises de partager davantage ses données en matière de séquençage génétique afin de mieux surveiller l’évolution du virus. L’OMS assure qu’elle continuera de travailler avec la Chine, en lui fournissant des conseils et un soutien technique.

Covid long et symptômes

Rassurant. La majorité des symptômes liés à une forme prolongée, mais modérée ou légère de Covid-19 tendent à disparaître durant l'année qui suit l'infection. C’est ce que démontre une étude de cohorte israélienne, publiée ce 12 janvier, dans le British Medical Journal (BMJ), rapporte Le Quotidien du Médecin. « La plupart des symptômes ou des états qui se développent après une infection bénigne à la Covid-19 persistent pendant plusieurs mois, mais reviennent à la normale au cours de l'année », affirment les auteurs-rices. « C'est une bonne nouvelle, encourageante : la grande majorité des patients iront bien après un an », résume, auprès de l'AFP, Maytal Bivas-Benita, chercheuse à l'Institut de recherche israélien KI et co-autrice de l'étude. Comme le rappelle le quotidien médical, la « Covid de longue durée est caractérisée par la persistance de symptômes ou l'apparition de nouveaux symptômes plus de quatre semaines après une infection initiale ». Les chercheurs-ses se sont intéressés-es en particulier à 70 items et ont étudié leur évolution, d'une période précoce (30 à 180 jours après infection) à une plus tardive (180 à 360 jours). Près de 300 000 personnes ayant contracté la Covid sans hospitalisation ont été comparées à 300 000 personnes testées négatives, d'âge, sexe, et statut vaccinal semblable, explique le quotidien. Si les différences sont faibles entre hommes et femmes infectés-es, et selon les variants Alpha et Delta, elles se creusent entre vaccinés-es et non-vaccinés-es. Les patients-es immunisés-es présentaient un risque plus faible de dyspnée, et plus largement, de difficultés respiratoires, même si le risque était similaire pour les autres symptômes. « Une preuve supplémentaire en faveur des bénéfices de la vaccination même si elle n'empêche pas très bien la transmission virale », a commenté le professeur de médecine expérimentale Peter Openshaw (Imperial College de Londres).