Covid-19 : mensonges et vérité

Publié par jfl-seronet le 30.10.2022
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ThérapeutiqueCovid-19

Climat étrange durant cette période qui voit fléchir la huitème vague de Covid-19… avec la récente publication des extraits d’un journal de la crise tenu par l’ancienne ministre de la Santé. Agnès Buzyn y explique que ses appels d’alerte n’ont pas été sérieusement pris en compte au sommet de l’État . Désormais, il est tout autant question de médecine que de justice. En témoigne le placemente de l’ancien Premier ministre, Édouard Philippe, sous le statut de témoin assisté. De son côté, le Covars, qui a pris la suite du comité scientifique, a sorti son premier avis.

Enquête sur la gestion gouvernementale

Le 22 octobre dernier, l’AFP a fait le point sur les différentes étapes de l’enquête lancée à la suite des plaintes émanant de particuliers-ères et de médecins, notamment, sur la gestion gouvernementale de la réponse à l’épidémie de Covid-19 en France.

Premières plaintes : 25 mars 2020, huit jours après le début du premier confinement, cinq plaintes contre des membres du gouvernement visant leur gestion de la pandémie de Covid-19 sont enregistrées par la Cour de justice de la République (CJR). C’est l’unique organisme habilité à ouvrir une procédure contre les actes d’un-e ministre en exercice. Elles émanent de particuliers-ères, de médecins, d'associations et visent le Premier ministre Édouard Philippe, l'ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn (qui a quitté ses fonctions le 16 février pour se présenter aux municipales à Paris) ou son successeur Olivier Véran. Les plaignants-es les accusent, selon les cas, de « mise en danger de la vie d'autrui », « d'homicide involontaire », de « non-assistance à personne en danger » ou de s'être abstenus de prendre à temps des mesures pour endiguer l'épidémie.

Ouverture d'une enquête : 7 juillet 2020, la CJR ouvre une enquête pour « abstention de combattre un sinistre », neuf plaintes, parmi les 90 reçues par la CJR, ayant été jugées recevables. Leurs griefs portent sur les stocks de masques insuffisants, les problèmes d'approvisionnement, le risque épidémique sous-estimé, etc. L'enquête s'intéresse à l'anticipation et la gestion au quotidien de l'épidémie. D'autres plaintes jugées recevables seront ensuite jointes au dossier.

Perquisitions : début septembre 2020, la Cour commence ses auditions. 15 octobre 2020, les domiciles et bureaux de Olivier Véran, Édouard Philippe, Agnès Buzyn et de l'ancienne porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, sont perquisitionnés. D'autres perquisitions ont lieu chez le directeur général de la Santé (DGS), le professeur Jérôme Salomon et la directrice générale de Santé Publique France, la professeure Geneviève Chêne.

Les plaintes se multiplient : en novembre 2020, la CJR juge irrecevable une plainte contre Jean Castex, qui a succédé à Édouard Philippe à Matignon le 3 juillet. La plainte avait été déposée par une association de victimes estimant que le gouvernement continuait de « naviguer à vue ». En janvier 2021, l'association Anticor porte plainte contre Olivier Véran pour « favoritisme » dans la gestion de l'application « Stop Covid » devenue TousAntiCovid. Le 30 mars, un collectif d'enseignants-es porte plainte contre le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, accusé de « ne pas protéger les personnels en contact avec les enfants » qui « répandent le virus » de la Covid-19.

Agnès Buzyn mise en examen : 10 septembre 2021, Agnès Buzyn est mise en examen pour « mise en danger de la vie d'autrui ». Elle est, par ailleurs, placée sous le statut plus favorable de témoin assisté pour « abstention volontaire de combattre un sinistre ». 18 octobre 2022, Édouard Philippe est entendu par la CJR et placé sous le statut de témoin assisté.

Édouard Philippe, témoin assisté : Après avoir été entendu (22 octobre) dans le cadre de l'enquête sur la gestion de l'épidémie de Covid-19 en France, « Édouard Philippe a été placé sous le statut de témoin assisté par la Cour de justice de la République qui enquête sur les responsabilités dans la gestion de l'épidémie de Covid-19 », a fait savoir Franceinfo. « Avec ce statut intermédiaire, l'ancien Premier ministre échappe à une mise en examen. Il est placé sous le statut de témoin assisté pour « mise en danger de la vie d'autrui » et « abstention volontaire de combattre un sinistre » », a précisé la radio. La convocation du maire du Havre (Horizons) avait été initialement fixée au 24 octobre. Le statut de « témoin assisté », propre au droit français, est un statut hybride à mi-chemin entre le témoin classique et le mis en examen. Dans un récent entretien au Parisien, Édouard Philippe déclarait contester « vigoureusement les incriminations » à son encontre.

Rejet de la plainte contre Perronne

Inattendu. Une plainte du Conseil national de l'Ordre des médecins visant le Pr Christian Perronne dénonçait ses « propos outranciers contraires à tout principe de dignité » et l'accusait d'avoir « fait courir un risque injustifié » aux patients-es par sa défense de l'hydroxychloroquine. Cette plainte qui avait été déposée en décembre 2020, a été rejetée en première instance par la chambre disciplinaire du conseil régional d'Île-de-France, indique l’AFP (24 octobre). Le Cnom a très rapidement appel de cette décision. Il y a près de deux ans, le Cnom avait examiné une série de plaintes ou de signalements visant des médecins, pour des faits ou propos tenus publiquement sur la pandémie de coronavirus, rappelle Le Figaro. Il avait décidé de saisir les chambres disciplinaires de première instance de plaintes, ou de s'associer à une plainte en cours à l'égard de six médecins, dont l'infectiologue Christian Perronne, alors chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine). Dans sa plainte, le Cnom dénonçait ses « propos outranciers contraires à tout principe de dignité », ainsi qu'à « plusieurs règles de la déontologie médicale », et l'accusait d'avoir « fait courir un risque injustifié » aux patients par sa défense de l'hydroxychloroquine. Des arguments balayés par la chambre disciplinaire, qui a estimé que les prises de position du Pr Perronne « n'ont pas mis en danger l'action entreprise par les pouvoirs publics », ni promu « un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé ». Infectiologue controversé, Christian Perronne a été démis de ses fonctions de chef de service fin 2020 suite au dépôt de la plainte du Cnom. Depuis 2020, l'AFP Factuel et de nombreux autres médias ont consacré plusieurs articles de vérifications à certaines des déclarations du Pr. Perronne sur la vaccination anti-Covid, dans lesquels de nombreux scientifiques ont réfuté ses propos.

Le Covars et le masque

Le 20 octobre dernier, le Covars (Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires) a publié son dernier avis (le premier rédigé par cette institution) en date sur la Covid-19. Dans cet avis d’une trentaine de pages, le comité indique que nous sommes confrontés-es à une « vague épidémique actuelle d’intensité modérée due au même variant que celui de la 7e vague ». Elle est de « gravité amortie par l’immunité collective acquise par les vaccinations et les expositions antérieures au virus, mais restant potentiellement létale chez les personnes fragiles à haut risque de forme grave et notamment chez les immunodéprimés peu répondeurs à la vaccination ». Le Covars fait aussi état d’un « contexte de fatigue pandémique limitant l’adhésion aux gestes de prévention, au dépistage et au traitement » et d’un « contexte d’altération de la santé mentale de la société dont il faut tenir compte dans les recommandations ». Pour autant, la « présence de quelques variants préoccupants issus du lignage Omicron BA5 [sont] à surveiller avec une forte attention ». Par ailleurs, ce qui se passe en France est assez similaire à d’autres situations en Europe occidentale. Dans cet avis, le Covars fait aussi mention du port du masque (pages 19 à 20 du document). « Dans le contexte actuel où le masque est désormais très peu utilisé, le Covars estime qu’il est peu probable que l’adhésion au masque suffise à stopper la croissance de l’épidémie (…) C’est en additionnant l’effet de plusieurs mesures (port du masque, gestes barrières, distanciation physique, etc.), qui apporte chacune une petite réduction du risque d’infection, qu’on réussit à obtenir un impact important sur la dynamique de l’épidémie. Le port du masque a donc un rôle important à jouer dans ce type de stratégie « combinée ». Au niveau européen, l’Allemagne a rendu le port du masque obligatoire dans les transports en commun et songe à étendre la liste des lieux d’obligation ».

Covars et prudence

Le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires a donc publié son avis sur la situation actuelle de la pandémie. Dans son viseur notamment : la croissance rapide du sous-variant d’Omicron BQ.1.1, détecté dans l’Hexagone, mi-septembre. Il représente désormais 15 % des virus détectés en France métropolitaine, et près de la moitié en Île-de-France. Or « le niveau d’échappement immunitaire de BQ.1.1 est incertain », prévient le Covars. Quoi qu’il en soit, le redémarrage épidémique observé en France, comme dans une partie de l’Europe, « ne semble pas être dû à l’apparition d’un nouveau variant stricto-sensu », estime-t-il, mais plutôt à un ensemble d’autres facteurs (baisse d’immunité collective, conditions climatiques favorable à la diffusion du virus, etc.) Selon l’organisme de veille, « l’analyse des taux de croissance des différents indicateurs épidémiologiques suggère qu’on pourrait être très proche du pic épidémique ».  Mais « ces signaux encourageants doivent être tempérés » en raison d’une « croissance rapide du variant BQ.1.1 sur le territoire national ». Descendant de « BA.5 », ce « sous-sous variant » présente plusieurs mutations qui pourraient favoriser un échappement immunitaire. « Cela reste un descendant d’Omicron », qui marque une différence « moins nette que quand Omicron avait remplacé Delta », a expliqué le virologue Bruno Lina, l’un des 19 membres du Covars lors d’un point presse. En attendant, la vague épidémique apparue mi-septembre 2022 « a un retentissement hospitalier direct moins important que les vagues antérieures ». Mais avant même le début de l’hiver « les capacités hospitalières restent amputées de façon significative », alerte le Covars. D’autres maladies infectieuses hivernales comme la grippe, la bronchiolite ou la gastro-entérite, pourraient, en outre, affecter le système de santé.

Buzyn avait prévenu

Malaise. Mise en examen pour sa gestion des premières semaines de l'épidémie de Covid-19, l'ex-ministre de la Santé, Agnès Buzyn, affirme dans un témoignage publié par Le Monde (25 octobre) qu'elle a alerté, dès janvier 2020, Emmanuel Macron et Édouard Philippe, alors Premier ministre, mais qu'elle n'avait « pas l'impression d'être entendue ». « Non seulement j'avais vu, mais prévenu. J'ai été, de très loin en Europe, la ministre la plus alerte. Mais tout le monde s'en foutait », selon des propos rapportés par Le Monde qui dit avoir eu accès à un journal rédigé par l'ex-ministre pendant la pandémie. Le quotidien fait état de nombreux textos adressés au chef de l'État et à son ancien Premier ministre, le premier le 11 janvier 2020 à propos de l'épidémie apparue en Chine, qui n'apparaît alors « pas encore dans les médias » mais qui « peut monter », écrit-elle. Malgré ces éléments — qui constituent désormais une pièce de l'enquête instruite par la Cour de justice de la République (CJR) —, « je n'avais pas l'impression d'être entendue », ajoute Agnès Buzyn, qui « n'arrivait pas à avoir de rendez-vous » avec le président de la République, jusqu'à un entretien téléphonique le 8 février. Soit une semaine avant son départ du ministère pour remplacer au pied levé Benjamin Griveaux dans la course à la mairie de Paris. « Je n'aurais jamais dû partir », estime-t-elle, ajoutant « qu’on (la) poussait au mauvais endroit au mauvais moment ». Jusqu'à sa défaite cuisante au second tour, elle a continué à alerter l'exécutif. Ainsi ce message le 29 février à Emmanuel Macron : « On perd du temps sur l'épidémie (...) Le pays n'est pas prêt ! » Ou encore celui-ci, le 10 mars à Édouard Philippe, à qui elle enjoint « de tout arrêter, comme en Italie, le plus vite possible », prédisant que « ça va être la bérézina dans les hôpitaux ».  « J'ai senti que je ne pesais plus rien et que je parlais dans le vide. Je n'étais plus aux affaires et on me le faisait sentir », ajoute-t-elle aujourd'hui dans le quotidien.

L'OMS appelle à ne pas baisser la garde

Facile à dire. À l'approche de l'hiver, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a souligné (24 octobre) la nécessité de ne pas baisser la garde à l'heure où les cas de Covid et de grippe augmentent en Europe. « Ce n'est pas le moment de se relâcher », a ainsi affirmé le directeur-régional pour l'Europe de l'Organisation mondiale de la Santé Hans Kluge lors d'une conférence de presse, citée par l’AFP.  Au début de l'automne, la région européenne, qui regroupe 53 pays dont certains en Asie centrale, était à nouveau l'épicentre de l'épidémie comptant 60 % des nouveaux cas de Covid dans le monde.  Parallèlement, un pic de cas de grippe saisonnière a été enregistré.  Avec cette nouvelle vague de Covid, décès et admissions en soins intensifs n'augmentent que faiblement, a souligné l'OMS insistant sur le lien avec la vaccination. « La vaccination reste l'un de nos outils les plus efficaces contre la grippe et le Covid 19 », a souligné l’agence.

Pfizer annonce une forte hausse du prix

C’est tout bénef ! À partir de 2023, le prix de vente du vaccin anti-Covid de Pfizer se situera entre 110 et 130 dollars la dose. Soit quatre fois plus environ que le tarif actuel, indique Le Figaro (23 octobre). Le géant pharmaceutique américain a annoncé jeudi 23 octobre viser un prix de vente entre 110 et 130 dollars (entre 112 et 132 euros) la dose, une fois le programme d'achat actuel du gouvernement américain expiré et ses stocks épuisés, soit dès 2023. Aujourd'hui, il en coûte 30 dollars (30 euros) la dose à l'administration américaine. « Avec la fin attendue l'année prochaine de l'urgence de santé publique concernant la Covid-19 outre-Atlantique, l'achat de vaccins va cesser d'être financé par le gouvernement, et sera transféré au secteur privé », explique le quotidien français. Un changement qui laissera Pfizer libre d'augmenter le prix de son vaccin. Cette annonce a fait « bondir la People's Vaccine Alliance, une coalition d'organisations qui plaide pour un accès facile et gratuit aux vaccins ». « C'est du vol au grand jour », a pesté Julia Kosgei, conseillère politique auprès de l'organisme. Estimant, sur la base d'analyses de l'ONG Oxfam que le coût de production du vaccin anti-Covid de Pfizer n'est que de 1,18 dollar (1,20 euro), « faire payer 130 dollars la dose représenterait une majoration de plus de 10 000 %», conclut Julia Kosgei, citée par Le Figaro. Le média américain NBC News relève que le futur prix estimé du vaccin de Pfizer est dans la fourchette de prix d'autres vaccins pour adultes (comme l'hépatite ou le zona), qui va de 13 à plus de 200 dollars, selon les données des CDC, l'agence de santé publique des États-Unis.