Covid-19 : point infos !

Publié par Sophie-seronet le 02.04.2022
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ThérapeutiqueCovid-19

On en sait désormais un peu plus sur le Covid long qui touche un nombre important de personnes. De son côté, l'Agence européenne des médicaments pourrait disposer de données sur les vaccins ciblant Omicron dès avril. Sinon, les débats entre experts-es se poursuivent toujours sur l’opportunité d’une nouvelle dose de rappel (la quatrième dose) pour les personnes qui ont moins de 80 ans. En France, le nombre de cas d’infections augmente, tandis que l’IHU de Marseille suscite une nouvelle polémique avec un projet de colloque avec des antivax. Enfin, on sait que la mortalité touche plus les hommes que les femmes.

Covid long : 70 000 Français-es concernés-es

Selon des données du ministère de la Santé, le nombre de personnes concernées par un Covid long serait de l'ordre de 70 000 en France. « Actuellement, les symptômes doivent être observés au-delà d'une période de trois mois après le début de l'infection », explique le site d’infos Décision santé. Le Covid long se traduit classiquement par une fatigue intense, une dysautonomie (une forme de neuropathie), des troubles cognitifs, sensoriels qui ne réduisent pas à la seule anosmie (perte de l’odorat) ou agueusie (perte de goût). On ne sait pas encore expliquer sicentifiquement le Covid long. « Afin d'aider au diagnostic et à la prise en charge des patients souffrant d'un Covid long, un réseau de 130 cellules de coordination a été mis en place sur l'ensemble de l'Hexagone. Il doit aider les médecins généralistes à identifier les services hospitaliers compétents » dans la prise en charge de cette maladie, explique Décision santé. Outre la prise en charge médicale, les patients-es concernés-es sont susceptibles de bénéficier d'une ALD hors liste, accordée par l'assurance maladie. Une enveloppe de 20 millions sur trois ans financée dans le cadre du fonds d'action régionale (FIR) a été débloquée.

Vaccins ciblant Omicron

Le principal expert en vaccins de l'Agence européenne des médicaments (EMA) a déclaré (16 mars) que les données sur les vaccins ciblant le variant Omicron seraient disponibles entre avril et début juillet, ce qui pourrait permettre leur autorisation cet été. Les fabricants de vaccins, tels que Moderna, Pfizer, ont commencé à tester des sérums conçus pour cibler le variant Omicron, des données ayant montré que deux doses de leurs vaccins contre la Covid-19 n'offraient qu'une protection partielle contre ce variant. L'agence s'appuiera sur les données relatives aux vaccins ciblant Omicron pour établir un calendrier permettant l'octroi éventuel d'une autorisation. Elle espère disposer des données cet été, augmentant ainsi les chances qu'un vaccin puisse être utilisé à l'automne, a déclaré Marco Cavaleri, responsable de la stratégie des vaccins de l'AEM. Le français Valneva a déclaré en janvier que son candidat vaccin inactivé contre la Covid-19 montrait une neutralisation du variant Omicron.

Pour une deuxième dose de rappel ?

Les données disponibles actuellement ne permettent pas encore de recommander une deuxième dose de rappel des vaccins anti-Covid à l’ensemble de la population, a déclaré (16 mars) le régulateur européen alors que les infections repartent à la hausse sur le continent, explique l’AFP. « Je tiens à réitérer qu’il n’y a pas encore suffisamment de preuves (...) pour étayer la recommandation d’une deuxième dose de rappel au sein de l’ensemble de la population », a déclaré Marco Cavaleri, chef de la stratégie vaccinale de l’Agence européenne des médicaments (EMA). « Les taux d’infection augmentent à nouveau dans certains États membres après la baisse constante à laquelle nous avons assisté ces dernières semaines », a-t-il noté. La vague d’infections semble être portée par le sous-variant BA.2 d’Omicron, qui parait plus contagieux que les autres variant du Sars-CoV-2. La levée des restrictions a probablement également contribué à l’augmentation des cas. « Rien n’indique à l’heure actuelle que l’évasion immunitaire après la vaccination soit significativement différente avec Omicron BA.2 », a voulu rassurer Marco Cavaleri. L’activité des anticorps monoclonaux peut, en revanche, varier de manière significative face à chaque sous-variant d’Omicron. « Les pays ayant des taux de vaccination élevés signalent des taux de mortalité et d’hospitalisation nettement inférieurs », a insisté Marco Cavaleri. Le régulateur européen a, jusqu’à présent, approuvé cinq vaccins pour une utilisation dans l’UE : Pfizer et Moderna, qui utilisent la technologie de l’ARN messager, AstraZeneca et Johnson & Johnson, qui utilisent la technologie à vecteur viral, et Novavax, dont le vaccin est fondé sur une protéine de pointe produite en laboratoire. L’Organisation mondiale de la santé a fait part (15 mars) de son inquiétude face à la remontée des cas de Covid dans le monde, alors même que les gens se font de moins en moins dépister.

France : 100 000 cas sur 7 jours

En hausse. La moyenne des nouveaux cas sur sept jours s’élève à 104 176 cas contre 98 928 et 74 912, respectivement mardi 15 et mercredi 16 mars. Autrement dit, les cas d’infections par la Covid-19 repartent à la hausse. Depuis la levée des dernières restrictions, et notamment la levée de l'obligation du port du masque, la tendance a doucement repris, puis le cap des 100 000 cas en moyenne sur sept jours a été franchi, vers le 23 mars. On note aussi que les hospitalisations ne baissent plus que très légèrement, selon les données publiées par les autorités sanitaires. Dans le même temps, le nombre de malades de la Covid en soins critiques, indicateur très scruté, continue de décroître très légèrement, avec 1 564 personnes dans les services de réanimation (en date du 23 mars). Les hôpitaux accueillent au total 20 653 malades de la Covid (dont 1 373 nouveaux-lles patients-es). Côté vaccination, 54,24 millions de personnes au total ont reçu au moins une injection (80,4 % de la population totale), selon la direction générale de la Santé, et 53,32 millions ont un schéma vaccinal complet (79,1 %).

L'IHU Marseille à l’écoute des antivax ?

Dérive. Les six membres fondateurs de l'IHU Méditerranée Infection ont demandé (24 mars) à la direction de l'institut, toujours dirigé par le Pr Didier Raoult, de délocaliser un colloque sur la Covid-19 prévu fin mars entre ses murs avec des personnalités connues pour leurs positions anti-vaccin. Dans un communiqué commun, le Service de santé des armées, l'université Aix-Marseille, l'Institut de recherche pour le développement, l'Établissement français du sang, l'Assistance publique des hôpitaux de Marseille et l'Inserm expliquent « qu'ils n'ont pas été concertés et ne sont en rien associés » à cette réunion annoncée pour les 30 et 31 mars, indique l’AFP. Pour les membres fondateurs de l'IHU, « l'intitulé et la nature des participants et des associations partenaires de laissent aucun doute sur les objectifs » du colloque, d'où leur demande de « sa délocalisation ». Durant deux jours, le congrès organisé par le collectif Réinfo Covid fondé par l'anesthésiste marseillais Louis Fouché et intitulé « Covid-19: premier bilan des connaissances et des controverses scientifiques » prévoit l'intervention d'une vingtaine de personnalités, dont certaines se sont fait remarquer pour leur position à contre-courant de la communauté scientifique sur l'épidémie. Parmi elles, le Dr Laurent Toubiana, participant du documentaire complotiste « Hold-up », ou encore le sociologue du CNRS Laurent Mucchielli, qui a co-signé une étude relativisant l'impact de l'épidémie sur la mortalité en France. Mais aussi le médecin américain opposé au vaccin Robert Malone, ou le Dr Pierre Kory, défenseur de l'Ivermectine, médicament dont l'efficacité contre la Covid-19 n'a pas été démontrée. « Les membres fondateurs sont attachés à la liberté d'expression et nul manquement à l'exigence de rigueur et d'excellence (...) ne saurait être toléré », ont souligné dans leur communiqué les membres fondateurs de l'IHU, expliquant « qu'ils ne permettront pas non plus que la réputation de leurs établissements et équipes respectives soit mise en cause ». Le Pr Didier Raoult, qui doit assurer le discours d'ouverture du colloque, a justifié, dans un tweet, la tenue de ce colloque à l'IHU « par souci de liberté d'expression, sans le censurer ni le cautionner ».

Traitement préventif

L’Agence européenne des médicaments (EMA) a déclaré (24 mars) avoir recommandé la mise sur le marché pour les personnes de plus de 12 ans du traitement préventif Evusheld d’AstraZeneca. Il est destiné aux personnes qui manquent d’anticorps et dont l’organisme résiste à la vaccination. Le régulateur européen « a recommandé d’accorder une autorisation de mise sur le marché pour Evusheld, développé par AstraZeneca AB, pour la prévention de la Covid-19 chez les adultes et les adolescents à partir de 12 ans pesant au moins 40 kg avant une exposition potentielle » au virus, a déclaré l’EMA dans un communiqué. Evusheld combine deux types d’anticorps de synthèse (tixagevimab et cilgavimab). Il est administré en deux injections intramusculaires. Il est considéré comme efficace face au variant Omicron. Ces anticorps aident le système immunitaire à combattre le virus s’il est rencontré, en visant sa protéine Spike, qui lui permet d’entrer dans les cellules pour les infecter. Le régulateur européen a indiqué avoir pris cette décision après avoir analysé les résultats d’une étude sur plus de 5 000 personnes. « Le profil de sécurité d’Evusheld était favorable et les effets indésirables étaient généralement légers, un petit nombre de personnes présentant des réactions », a indiqué l’EMA. Le régulateur a conclu que les bénéfices du médicament sont supérieurs à ses risques dans l’utilisation approuvée et va maintenant envoyer sa recommandation à la Commission européenne pour une décision rapide applicable dans tous les États membres de l’UE.

Australie : 4e dose après 65 ans

L'Australie va proposer une quatrième dose de vaccin anti-Covid aux personnes de plus de 65 ans à partir d’avril, ont annoncé vendredi 25 mars les autorités sanitaires, au moment où une nouvelle souche du variant Omicron se propage au sein de la population. Le ministre de la Santé, Greg Hunt, a déclaré que la dose supplémentaire serait disponible à partir du 4 avril pour les personnes ayant reçu une troisième dose au moins quatre mois auparavant, précise l’AFP. La dose de rappel « est votre meilleure protection contre les effets les plus graves de la Covid et peut vous protéger contre » les effets à long terme du coronavirus, a souligné Greg Hunt. Celle-ci sera en priorité à destination des groupes vulnérables : les personnes âgées de plus de 65 ans, les personnes indigènes de plus de 50 ans, les personnes immunodéprimées et les résidents-es de maisons de retraite. Au cours des six dernières semaines, d'autres pays tels que la France, l'Allemagne et la Suède ont recommandé l'injection d'une quatrième dose pour les groupes les plus vulnérables, notamment les personnes âgées.

Mortalité : plus d'hommes que de femmes

La Covid-19 tue plus les hommes que les femmes. Des chercheurs-ses de l’Ined (Institut national d’études démographiques) ont voulu quantifier la différence. En France, à tout âge, un homme a un risque de mourir dans l’année plus élevé qu’une femme du même âge. Deux chercheurs-ses, Gilles Pison et France Meslé, ont donc étudié les décès par Covid-19 et cherché à voir s’il y avait une surmortalité masculine, dans ce domaine. « La France a enregistré 657 000 décès en 2021, soit 12 000 décès de moins que les 669 000 de 2020, mais 44 000 de plus que les 613 000 de 2019, expliquent les deux chercheurs-ses. C’est une hausse de 7,1 % par rapport à 2019. Elle vient pour partie de ce que la population a augmenté et a vieilli, comptant un nombre plus important de personnes âgées. Le calcul de l’espérance de vie permet d’éliminer dans les fluctuations de la mortalité ce qui revient aux variations de la taille de la population et de sa répartition par âge, pour ne faire apparaître que ce qui tient à l’évolution des risques de décès ». Et d’expliquer : « L’espérance de vie à la naissance atteint 79,3 ans pour les hommes et 85,4 ans pour les femmes en 2021, contre 79,1 ans et 85,1 ans en 2020, soit un gain de 0,2 an pour les hommes et 0,3 an pour les femmes. C’est un gain important, mais l’espérance de vie avait reculé de 0,6 an pour les hommes et 0,5 an pour les femmes en 2020 par rapport à 2019 en raison de l’épidémie de Covid-19. La hausse de 2021 ne permet pas de rattraper le niveau de 2019 – 79,7 ans pour les hommes et 85,6 ans pour les femmes – l’épidémie de Covid-19 ayant continué et entraîné de nombreux décès en 2021. De façon générale, les « femmes sont biologiquement moins fragiles que les hommes, mais les écarts viennent surtout de leurs activités et leurs comportements. Tout au long de la vie, les hommes s’exposent à  plus de risques que les femmes et ont plus fréquemment des comportements nocifs pour la santé, notamment ils fument plus et boivent davantage d’alcool. Les femmes de leur côté sont en général plus attentives à leur santé et consultent plus souvent les médecins », explique l’étude de l’Ined. « Il en résulte une surmortalité des hommes par rapport aux femmes toutes causes de décès confondues. Elle est plus ou moins importante selon l’âge avec un profil à deux « bosses » : elle atteint des sommets aux âges de jeune adulte et entre 55 et 74 ans. « La surmortalité masculine due à la Covid-19 est moindre que celle pour l’ensemble des décès quelle qu’en soit la cause avant la cinquantaine ; elle est plus importante à partir du groupe d’âge 55-64 ans, expliquent les chercheurs-ses. Cela pourrait venir d’un plus grand risque pour les hommes d’être contaminés, du fait de leurs comportements – moindre respect des gestes barrière, plus grande interaction sociale, moins de télétravail – et aussi de comorbidités (hypertension, diabète), plus fréquentes chez eux à partir de la cinquantaine, qui entraîneraient une plus grande létalité (risque de mourir de la maladie quand on est atteint) ». De plus, « la surmortalité masculine pour ce qui est des décès par Covid-19 a évolué depuis le début de la pandémie. Quelle que soit la période elle atteint un maximum vers 65-74 ans. Mais se rajoute au 1er semestre 2020 une première bosse à 25-34 ans. Elle pourrait s’expliquer par des comportements plus à risque chez les jeunes hommes que chez les jeunes femmes, un peu comme pour la mortalité accidentelle. Et aussi par la très forte mortalité par Covid-19 chez les jeunes adultes étrangers. La première vague a en effet été particulièrement meurtrière chez les personnes nées à l’étranger, en particulier celles nées en Afrique ou en Asie, car résidant souvent dans les régions les plus touchées par cette vague (Île-de-France, Grand Est), et exerçant aussi des métiers ne permettant pas le télétravail et exposant beaucoup à l’infection. Et parmi ces étrangers-ères nés-es en Afrique ou en Asie la mortalité a été plus élevée chez les hommes que chez les femmes. Enfin, l’étude de l’Ined explique que « la surmortalité masculine concernant les décès dus à la Covid-19 se situe en France dans la moyenne quand on la compare à celle observée dans d’autres pays. Elle est plus élevée qu’en Italie et en Espagne, et moindre en Angleterre-Galles et aux États-Unis. Les profils par âge se ressemblent dans les pays latins (Italie, Espagne, France), avec une bosse très marquée entre 60 et 70 ans. La bosse est moins marquée en Angleterre-Galles et aux États-Unis, et elle s’observe plutôt à des âges un peu plus jeunes ».