Covid-19 : point infos !

Publié par Sophie-seronet le 13.04.2022
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ThérapeutiqueCovid-19

Le gouvernement français a choisi d’ouvrir la deuxième dose de rappel aux personnes de 60 ans et plus. L’Union européenne aussi réfléchit à une quatrième dose anti-Covid. Si l’Allemagne a échoué à mettre en place la vaccination obligatoire ; dans d’autres pays, on commence à comprendre que le « Zéro Covid » est une stratégie à bout de souffle.

60 ans et plus : deuxième dose de rappel

La deuxième dose de rappel de vaccin contre la Covid-19 va être ouverte aux personnes âgées de 60 ans et plus, dont la dernière injection remonte à plus de six mois, a annoncé jeudi 7 avril le ministre de la Santé, Olivier Véran, cité par l’AFP. « Nous allons pouvoir ouvrir cette 2e dose de rappel pour les Français âgés de 60 ans et plus s'ils sont à six mois de leur dernière injection de rappel », sans qu'elle devienne obligatoire, a indiqué le ministre sur RTL. Jusqu'ici, cette dose était réservée aux personnes de 80 ans et plus.  « On sait qu'une injection de rappel, quand on a 60 ans et plus, réduit de 80 % le risque d'hospitalisation, de réanimation et de décès. Même si ce risque est moins élevé aujourd'hui qu'il l'était avec les variants précédents et lorsqu'il n'y avait pas de couverture vaccinale, il y a un risque résiduel. On peut le réduire par quatre, donc on le propose », a fait valoir Olivier Véran, s'appuyant sur une recommandation de la Haute autorité de santé. Cette mesure, qui n'est donc pas obligatoire, concerne 500 000 Français-es de 60 ans et plus qui sont à six mois ou plus de leur dernière injection, a précisé Olivier Véran : « En période de circulation du virus, c'est autant de réduction d'un impact hospitalier. On sait que nos hôpitaux ont besoin de souffler ».  Les autorités sanitaires de l'Union européenne ont donné mercredi 6 avril leur feu vert à une deuxième dose de rappel des vaccins anti-Covid de Moderna et Pfizer aux personnes âgées de 80 ans et plus, mais jugé prématuré d'émettre une recommandation pour la population plus jeune. Toutefois, de plus en plus de pays ouvrent la deuxième dose de rappel — qui correspond à la quatrième dose — aux populations âgées de moins de 80 ans, dans un contexte de rebond épidémique.  Les autorités sanitaires grecques ont ainsi annoncé mardi une quatrième dose pour « les personnes âgés de plus de 60 ans, surtout en présence d'une maladie sous-jacente ». L'Australie va faire de même pour les plus de 65 ans.

Vaccins et Omicron

Le ministre allemand de la Santé Karl Lauterbach a estimé (29 mars) que les vaccins adaptés au variant Omicron ne seraient pas disponibles dans l’Union européenne « avant l’automne ». « C’est pourquoi il est très important que nous n’attendions pas l’arrivée des nouveaux vaccins adaptés pour procéder à la quatrième vaccination », a-t-il dit. Il a donc plaidé pour l’administration d’un nouveau rappel pour les personnes de plus de 60 ans, comme le précise l’AFP. L’Allemagne recommande actuellement une nouvelle dose de rappel (une quatrième dose pour celles et ceux ayant reçu un vaccin anti-Covid en deux doses) pour les plus de 70 ans, les personnes particulièrement vulnérables et les personnels de santé. Le ministre allemand souhaite une recommandation du régulateur européen pour une « quatrième dose de vaccin chez les personnes de plus de 60 ans », soulignant que, selon des données israéliennes, elle permet de réduire la mortalité de 80 %. L’Agence européenne des médicaments (EMA) avait indiqué le 17 mars que les données disponibles ne permettaient pas encore de recommander une nouvelle dose de rappel des vaccins anti-Covid à l’ensemble de la population.

UE : vers une quatrième dose

Les ministres européens-nes de la Santé souhaitent se coordonner sur l’injection d’une quatrième dose de vaccin anti-Covid aux personnes âgées ou vulnérables. Les ministres ont chargé, mardi 29 mars, la Commission de travailler à une position commune à ce sujet d’ici début avril, indique l’AFP. Lors d’une réunion à Bruxelles, l’Allemagne et l’Italie ont réclamé une recommandation européenne pour une deuxième dose de rappel (une quatrième dose pour ceux ayant reçu un vaccin anti-Covid en deux doses) aux plus de 60 ans. « Des données scientifiques commencent à apparaître qui montrent une diminution de l’immunité conférée par la troisième dose quelque quatre mois après cette troisième dose chez les personnes âgées de 60 ans et plus », a déclaré le ministre de la Santé Olivier Véran. « Le conseil a demandé à la Commission européenne de mener un travail de coordination avec les différents États membres, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et l’Agence européenne des médicaments (EMA) », « pour que nous puissions arrêter une position commune », a poursuivi le ministre. « Aujourd’hui, on voit des États qui ont ouvert la quatrième dose aux plus de 75 ans, d’autres aux plus de 80 ans, c’est le cas de la France, un autre, les Pays-Bas, aux plus de 60 ans, d’autres ne l’ont pas encore ouvert, donc cela crée des interrogations légitimes », a expliqué Olivier Véran. De son côté, la commissaire européenne à la Santé Stella Kyriakides a rappelé que la « Covid était toujours bien présent, avec des indicateurs en hausse dans plusieurs pays de l’UE, y compris dans certains cas les hospitalisations et la mortalité ». « Donc la vaccination reste essentielle », a-t-elle insisté. L’EMA avait indiqué le 17 mars que les données disponibles ne permettaient pas encore de recommander une nouvelle dose de rappel des vaccins anti-Covid à l’ensemble de la population.

Les contaminations plafonnent

L'épidémie de Covid-19 ne progresse plus, avec même une légère baisse du rythme des contaminations ces derniers jours, mais le nombre de malades hospitalisés-es augmente encore, y compris en soins critiques, selon les chiffres de Santé publique France (arrêtés au 5 avril dernier). À cette date, était constatée une « amorce de décrue » qui marquait une rupture avec la nette reprise observée au mois de mars, au cours duquel les contaminations avaient presque triplé. La tendance reste toutefois à la hausse à l'hôpital où l'on dénombrait désormais 23 010 malades infectés-es, dont 1 552 dans les services de soins critiques (+ 29). De son côté, l'Institut Pasteur a fait ses révisions : « Le ralentissement des hospitalisations pourrait arriver plus tardivement » toutefois si le reflux des contaminations était « décalé dans le temps » pour les plus âgés, préviennent les chercheurs-ses. La deuxième dose de rappel vaccinal, ouverte aux plus de 80 ans depuis le 14 mars, est censée limiter ce risque, mais les trois quarts de cette classe d'âge « ne sont pas protégés », d'après un document du ministère de la Santé présenté, début avril, aux syndicats de soignants-es libéraux-ales et aux fédérations hospitalières. La campagne reste loin des records de décembre-janvier, avec moins de 52 000 doses injectées (5 avril 2022) essentiellement des rappels, selon le bilan quotidien de la Direction générale de la santé (DGS). Pendant ce temps, le décompte macabre de la Covid s’alourdit chaque jour avec plus d’une centaine de décès, portant le total (en date du 5 avril) à 142 784 décès causés par la Covid-19 en France depuis le début de la pandémie, il y a plus de deux ans.

Zéro Covid, une stratégie à bout de souffle

À l'exception notable de la Chine, la plupart des pays ont abandonné la stratégie du zéro Covid. Elle vise à éviter toute circulation de la maladie. Elle apparaît désormais dépassée, voire anachronique alors qu'elle se défendait en début de pandémie. Alors que d'autres pays, tels l'Australie et la Nouvelle-Zélande, ont fini par abandonner cette stratégie après s'y être longtemps astreints, la Chine a, par exemple, imposé un confinement dur ces derniers jours à Shanghaï, séparant même les enfants infectés de leurs parents. Si la Chine apparaît désormais comme une exception mondiale, cela n'a pas toujours été le cas. En début de pandémie, au printemps 2020, de nombreux pays ont imposé de stricts confinements. Mais la donne a changé. Les vaccins sont arrivés début 2021 et ont considérablement limité le risque de formes graves. Puis le variant Omicron, a priori moins dangereux même s'il est difficile de dire ce qui est dû justement à la vaccination, a aussi réduit les risques tout en mettant à l'épreuve la stratégie zéro Covid en raison de sa forte contagiosité, explique l’AFP. La persistance chinoise s'explique peut-être par une situation particulière. Contrairement à l'Australie et la Nouvelle-Zélande, initialement à la traîne mais finalement bien vaccinées, la Chine n'a pas assez vacciné sa population.  C'est notamment le cas chez les personnes âgées, les plus menacées de mourir de la Covid. Seule la moitié des Chinois-es de plus de 80 ans sont vaccinés-es. Qui plus est, ce sont les vaccins Sinovac et Sinopharm, pas les plus efficaces, qui sont utilisés. Certaines études montrent que le « zéro Covid » n'incite pas à se faire vacciner : comment ressentir l'urgence de le faire quand le virus ne circule pas autour de soi ? Non seulement la population chinoise n'est pas assez vaccinée, mais elle ne peut pas non plus compter sur une immunité post-infectieuse : en empêchant quasiment toute contamination au virus, les autorités n'ont pas laissé celle-ci se développer. En tout état de cause, les derniers pratiquants du zéro Covid risquent aussi de se voir confrontés à une adhésion de plus en plus fragile de leur population, parfois amère et lasse après deux ans de restrictions radicales.

Pas de vaccination obligatoire en Allemagne

Le gouvernement du chancelier allemand Olaf Scholz a échoué, jeudi 7 avril, à faire voter par les députés-es une obligation vaccinale contre la Covid-19 à partir de 60 ans. Le projet de vaccination obligatoire, promesse du chancelier allemand enlisée depuis plusieurs mois, a obtenu 296 voix pour, mais a été rejeté par 378 députés-es. Neuf membres de la chambre basse du parlement allemand se sont abstenus. Le camouflet est de taille pour le successeur d’Angela Merkel, qui s’était prononcé à l’automne pour une vaccination obligatoire pour tous les adultes, promise pour « fin février ou début mars ». Mais le nouveau chancelier social-démocrate n’a pas pu entraîner derrière lui l’ensemble des trois partis de sa propre coalition gouvernementale, réunissant sociaux-démocrates, écologistes et libéraux, ni l’opposition conservatrice. Le sujet est épineux dans une Allemagne où la mouvance anti-vaccins est fortement mobilisée, souligne l’AFP. Les libéraux du FDP, en particulier, ont freiné depuis des mois sur l’idée d’une obligation vaccinale. Malgré une proposition de loi vidée au final en partie de sa substance, avec une obligation réservée aux seuls plus de 60 ans, le gouvernement n’a pas pu réunir autour de son projet de majorité au Bundestag. La situation sanitaire reste dégradée en Allemagne, qui enregistre ces derniers jours plus de 200 000 nouveaux cas de Covid toutes les 24 heures. Le taux d’incidence sur sept jours dépasse les 1 200. Quelque 76 % de la population ont reçu deux doses de vaccin. Seuls 58,9 % des Allemand-es ont reçu une dose de rappel contre la Covid, selon l’institut Robert Koch.

Inégalité d’accès aux vaccins

Échec mondial. Lutter contre l’iniquité vaccinale nécessite un soutien logistique, estime Thomas Cueni, le patron de la Fédération internationale de l’industrie pharmaceutique (Ifpma), alors que s’est tenu vendredi 8 avril un sommet à l’initiative de l’Alliance mondiale pour les vaccins, explique l’AFP « Depuis mi-2021, la production mondiale de vaccins a excédé la demande de vaccins, et cette différence s’accroît », a indiqué Thomas Cueni, lors d’un entretien à l’AFP. Selon l’Ifpma, il existait ainsi un excédent de 1,7 milliard de doses à fin 2021. Pour 2022, la production mondiale de vaccins pourrait même « excéder la demande de 1,3 à 3,1 milliards de doses », explique également l’Ifpma. La production est donc aujourd’hui largement suffisante pour permettre, en théorie, la vaccination des populations à travers le monde, mais ce n’est pas le cas. En effet, les inégalités restent énormes entre pays riches et pauvres, l’Afrique étant à 15 % de vaccination complète de la population, selon le site de l’université britannique d’Oxford, Our world in data. Bien loin des 80 % parfois atteints par des pays occidentaux. Le mécanisme international de distribution de vaccins Covax a, quant à lui, livré 1,4 milliard de doses à 145 pays, moins qu’initialement prévu. « Covax a été entravé lorsque les approvisionnements ont stoppé en raison d’une interdiction des exportations par l’Inde » en 2021, alors même que l’Inde produisait une grande partie de doses destinées aux pays pauvres, a souligné Thomas Cueni. Dans ce contexte, ce dernier plaide pour une aide à destination des populations faiblement vaccinées, autour des questions de la distribution notamment : transport, stockage, mais aussi soutien aux soignants-es et « campagne contre la désinformation ».  Quant à la levée des brevets, réclamée par de nombreux pays et ONG, l’Ifpma estime que ce n’est pas la solution ; ce qui n’est pas une surprise. « Les laboratoires sont passés de zéro dose produite à 13 milliards de doses en 16 mois. C’est sans précédent », a affirmé Thomas Cueni, préférant mettre en avant « les 372 partenariats qui ont eu lieu, dont 88 % incluent des transferts de technologies ». Pourtant, malgré les efforts évoqués, la vaccination mondiale contre la Covid-19 reste bel et bien un échec ; largement préjudiciable à une fin de cette pandémie.