Crack, boum, aïe !

Publié par jfl-seronet le 15.03.2011
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crack
"Aujourd'hui, de nombreux médias alertent sur "le retour du crack dans la capitale". Or, loin d'être un phénomène nouveau, la course-poursuite policière contre les scènes ouvertes de crack n'a jamais cessé entre le nord-est parisien et la Seine-Saint-Denis", affirment dans un communiqué de presse (9 mars) plusieurs associations (1). Explications.
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"Malgré son échec, cette stratégie répressive continue à être conduite au mépris de la santé des consommateurs et de la tranquillité des riverains (…) Ce scénario absurde et cynique se répète, depuis l'apparition du crack en 1991 aux alentours de la place Stalingrad : création d'une scène ouverte de consommation, plaintes des habitants et commerçants, alerte donnée par un coup de projecteur médiatique et réaction des décideurs pour montrer qu’ils font ce qu’il faut, envoi de cars de CRS pour une dispersion du lieu de consommation... qui se reforme un peu plus loin avant de revenir, évacuation après évacuation, à son point de départ". Cette stratégie qui mise sur "l’effet de déplacement" est un échec, affirment les signataires : "De Stalingrad à Stalingrad, en 20 ans, rien n'a changé". Ni l’état sanitaire et social des personnes, ni la tranquillité des riverains ne se sont améliorés, estiment les associations. Malgré cela, "ce désastre sanitaire et urbain n'a pourtant pas infléchi l'obstination de la préfecture, qui persiste dans une politique stérile. Elle a cantonné les acteurs socio-sanitaires dans un rôle de caution du dispositif répressif, leur déniant les moyens d’accompagner des usagers qui, ne pouvant consommer dans une structure adaptée, continuent de le faire dans les rues adjacentes. Les habitants et commerçants en sont ulcérés." Et pourtant, il ya des solutions "pour sortir de l'impasse", avancent les associations. Il suffit pour cela de s’inspirer des "expériences des villes européennes".
"Par exemple, il y a cinq ans, les quatre plus grosses villes des Pays-Bas (Amsterdam, Rotterdam, La Haie, Utrecht) ont adopté une approche des drogues dite "intégrée" mettant en place une coordination de tous les acteurs travaillant avec les usagers en grande précarité (services sociaux et sanitaires, municipalité, police, justice), et se concentrant sur les problèmes d'ordre public autant que sur l'amélioration du dispositif d’accompagnement. Ils ont ouvert des logements sociaux et des programmes d'hébergement adaptés, des programmes d'insertion sociale ainsi que des salles de consommation pour les usagers de crack", expliquent les associations. De son côté, la police s’est concentrée sur les gros dealers au lieu de mettre la pression sur les consommateurs comme c’est le cas en France. "Cette politique pragmatique incluant toute l'échelle de la réduction des risques et de l’accompagnement aux soins a été un succès pour les usagers comme pour la communauté. Il y a aujourd’hui très peu d’usagers qui consomment dans la rue et peu de problèmes d'ordre public", notent les associations. Elles considèrent que : "Cette approche intégrée est exportable au contexte parisien pourvu que les différents acteurs acceptent de sortir de leur logique cloisonnée (…) C'est à cette condition seulement que nos quartiers retrouveront la tranquillité sans sacrifier les usagers."
Plus d’infos.

(1) Le Réseau Français de Réduction des Risques, soutenu par Asud, Fédération Addiction, Act Up – Paris, Aides, Gaïa Paris, Safe, Sos Hépatites Fédération, salledeconsommation.fr, SOS Drogues International, Elus Santé Publique & Territoires, Elus Locaux contre le sida, Association Charonne, Union des Familles Laïques, Angrehc, SOS Addictions, Jeunes Ecologistes, Jeunes Radicaux de Gauche, Mouvement des Jeunes Socialistes, etc.