Croi 2016 : des témoins d’un combat de trente ans en ouverture

Publié par Bruno Spire et Emmanuel Trénado le 23.02.2016
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ConférencesCroi 2016

La conférence américaine sur le sida (Croi) se tient, cette année, du 22 au 25 février à Boston. Quatre mille participants provenant de 95 pays y sont attendus. Des centaines de résultats d’étude seront présentés et discutés dans les domaines des sciences fondamentales, de la virologie, de l’immunologie, de la prévention biomédicale, de la prise en charge clinique, etc. Comme chaque année, il est possible de suivre la conférence à distance sur Internet (uniquement en anglais). En effet, la plupart des sessions sont filmées et diffusées sur le site de la conférence.

En ouverture

La première journée de la conférence accueille les participants. Elle permet aussi d’organiser quelques ateliers à destination des jeunes chercheurs puis une cérémonie d’ouverture est organisée en fin de journée. Trois présentations générales permettent aux participants d’appréhender le sens qu’entendent donner les organisateurs à cette édition de la conférence. Trois acteurs majeurs de la lutte contre le sida sont venus raconter leurs trente années de mobilisation. Un immunologiste, un clinicien et un créateur de mode.

Bruce D. Walker, la science au Sud

Trente années de travaux sur le combat du système immunitaire contre le VIH ont conduit les équipes de Bruce D. Walker (Ragon Institute of MGH, MIT et Harvard) à aider à la mise de place de centres de recherche de haut niveau en Afrique du Sud pour permettre de conduire des travaux à proximité des communautés les plus touchées par l’épidémie. Cela a permis de mieux comprendre comment le système immunitaire se met en ordre de bataille contre le VIH au moment de la contamination et qu’une intervention très précoce (traiter tôt) permettait de sauvegarder les principales fonctions anti-VIH du système immunitaire afin de pouvoir ensuite proposer des interventions telles que les vaccins thérapeutiques ou autres immunomodulateurs.

Gerald H. Friedland, le VIH et la tuberculose, des maladies de la pauvreté et de l’exclusion

Trente années de mobilisation pour organiser des services de santé qui correspondent aux besoins des communautés. Gerald H. Friedland (Yale, University School of Medicine) a pris l’exemple du Bronx et d’une région très pauvre d’Afrique du Sud (Tugela Ferry) et a décrit l’arrivée conjointe de la tuberculose et du VIH. L’extrême pauvreté des communautés et l’abandon total des services publics ont facilité l’explosion de ces deux maladies, dans les années 80 dans le Bronx et dans les années 2000 à Tugela Ferry. La mobilisation des communautés et l’organisation de services de santé de qualité et adaptés ont permis d’améliorer de manière considérable l’état de santé des habitants de ces quartiers.

Kenneth Cale, la mode au service de la lutte contre le VIH

Les artistes se sont mobilisés et ont été des acteurs clés de la lutte contre le VIH ces trente dernières années. L’Amfar (American Foundation for Aids Research) présidée par Kenneth Cale, une association américaine qui collecte des fonds pour la recherche, a permis de mettre à disposition des chercheurs des centaines de millions de dollars pour financer leurs travaux. Elle a été créée en 1985 par Elizabeth Taylor.