De Bill Clinton à Bill Gates

Publié par administrateur_SERONET le 20.07.2010
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Vienne 2010fonds mondial
L’ancien président des Etats-Unis Bill Clinton a animé, le 19 juillet 2010, une plénière lors de la Conférence de Vienne. Devant une salle comble, Bill Clinton a traité, entre autres, de la crise économique et des solutions pour le financement des actions de lutte contre au VIH/sida. Un peu plus tard, l’ancien président de Microsoft et multimilliardaire Bill Gates est intervenu, lui aussi, sur les perspectives d'avenir, mais aussi sur les actions conduites actuellement un peu partout dans le monde. Youssef Shoufan de Fréquence VIH y était.
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Bill Clinton rêve de faire l’ascension du Kilimandjaro avant de mourir, mais ce désir n’est pour lui qu’un rêve de second ordre. Ce qu’il veut voir à tout prix, ce sont ses petits-enfants à lui, mais aussi tous les petits-enfants du monde entier "ne pas mourir avant le temps prévu et de voir leurs rêves se réaliser". L’ancien président américain, qui a créé la William J. Clinton Foundation, pense qu’il est possible d’y arriver en mobilisant, par exemple, les donateurs ainsi qu’en soutenant le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Parmi les moyens que Bill Clinton propose, outre le travail conduit par sa fondation en matière d'accès aux traitements pour les pays du Sud, il y a la taxe sur les vols que certaines compagnies aériennes imposent déjà à leurs clients (dans le cadre d'Unitaid) et qui sert déjà à financer de nombreux projets. Bill Clinton évoque aussi la création d'une petite taxe qui pourrait, par exemple, être appliquée dans les pays riches sur des billets d’événements sportifs.

"Les Américains ont donné un milliard de dollars lors du tsunami en Indonésie en 2006 et un autre milliard lors du tremblement de terre à Haïti en 2010, et la moitié de cet argent a été récolté via le web ou les téléphones intelligents."  Selon Clinton, qui en a aussi profité pour mentionner la générosité des Canadiens, le futur des donations privées passera par des petits montants faits par de grandes masses de personnes, totalisant ainsi des sommes importantes.

Pour lui, il faut donc plus d’argent, mais aussi savoir mieux l’utiliser, parce que "chaque dollar gaspillé tue". "Nous devons diminuer le coût de l'aide", a déclaré Bill Clinton qui prône "une utilisation plus efficace des fonds mobilisés en ces temps de crise économique." Histoire de bien se faire comprendre, il a expliqué que : "Dans beaucoup trop de pays, beaucoup trop d'argent va à trop de gens qui vont à trop de réunions, qui prennent trop d'avions pour faire trop d'aide technique". Bill Clinton défend la nécessité d'un changement de stratégie, avec le soutien direct aux plans nationaux de santé des pays en développement.  Dans certains cas, ce n’est pas nécessairement l’argent qui manquerait, mais le nombre de professionnels dans le domaine de la santé, citant, pour exemple, certaines régions africaines.

Plus tard, Bill Gates a suivi les propos de Bill Clinton, dans la même salle, mais, cette fois, nettement moins remplie. Bill Gates y a été accueilli par un groupe de manifestants, habillés en vert avec chapeau de Robin des Bois, qui réclamaient la mise en place de la taxe Robin (des Bois), une micro taxe sur les transaction bancaires qui permettraient de récolter des sommes colossales dont une partie pourrait être affectée à la lutte contre le sida, par exemple en soutenant financièrement le Fonds mondial.

"Les sceptiques disaient au début qu’il n’y avait pas de médication possible, mais cela s’est avéré faux. Ensuite, les sceptiques ont dit qu’il serait impossible d’avoir de la médication à prix abordable, et cela s’est avéré faux également. Aujourd’hui, on dit qu’à cause de la crise financière, on ne peut plus adéquatement financer les programmes liés au VIH/sida, mais c’est faux aussi", a explique Bill Gates. Ce dernier abonde dans le même sens que Bill Clinton qui reconnaissait dans son intervention que c'était fini le temps où on se demandait s’il fallait choisir entre la prévention et le traitement, entre les enfants et les adultes, entre les pays pauvres et les pays riches. Comme l’ancien président, Bill Gates estime que chaque dollar est important. Il défend donc également le principe d'une "optimisation" des fonds existants. En gros, son message est que les financements ne sont pas extensibles et qu'ils doivent donc être utilisés au mieux. "Si nous continuons à dépenser nos ressources exactement comme aujourd'hui, notre capacité à traiter tous les malades va diminuer", a-t-il prévenu dans un discours cité par l'AFP. Si les coûts sont ramenés à 300 dollars par personne et par an, "nous pourrons traiter deux fois plus de personnes" avec le budget actuel, a souligné Bill Gates, dont la fondation a consacré en onze ans 2,2 milliards de dollars à la recherche et la prévention du sida. Bill Gates affirme aussi qu’investir de grandes sommes dans la prévention évite d’en payer d’encore plus grandes pour le traitement plusieurs années plus tard. Le multimilliardaire invite enfin les gens qui réussissent à faire fortune à "revenir" aux sources et à soutenir les gens qui travaillent. Récemment, il a, lui-même, promis de donner plus de la moitié de sa fortune à des fondations et œuvres de charité.

Plus d'infos (en anglais) sur http://www.clintonfoundation.org/
Plus d'infos (en anglais) sur http://www.gatesfoundation.org

Crédit photo : IAS/Marcus Rose et IAS/SteveForrest