Dépistage aux urgences : quel intérêt ?

Publié par Franck-seronet le 15.11.2011
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dépistageurgenceshôpital
Un dépistage généralisé aux urgence à l’hôpital a-t-il un intérêt en termes de santé publique ? C’est ce que cherchait à évaluer une étude (soutenue par l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales et Sidaction) réalisée en Ile-de-France. Les résultats de cette étude ont été publiés le 24 octobre dans la version en ligne des Archives of Internal Medicine, une publication du Journal of the American Medical Association (JAMA).
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L’étude montre que ce "type d’approche est faisable, bien acceptée et apporte des éléments nouveaux aux débats actuels sur l’opportunité de développer un dépistage généralisé ou, à l’inverse, de privilégier un dépistage ciblé, ce que suggèrent les auteurs de cette étude". Levons d’abord une interrogation, lorsqu’on parle de dépistage généralisé, il ne s’agit pas d’un dépistage contraint, mais systématiquement proposé. En l’occurrence, dans cette étude, il s’agissait de le proposer à toute personne se présentant aux urgences et en capacité de décider et de donner ou pas son accord. "Sur 78 411 consultants aux urgences, 20 962 personnes se sont vu proposer le test de dépistage. Les deux tiers (63%) l’ont accepté et 12 754 ont été testées. Une infection par le VIH a été découverte chez 18 personnes. Parmi elles, sept (39%) ont déclaré être des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), dix (55%) étaient hétérosexuels originaires d’Afrique Sub-saharienne et une personne était hétérosexuelle née à l’étranger, explique le communiqué de presse de l’ANRS (Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales). Huit infections ont été découvertes à un stade avancé de la maladie et six patients dépistés séropositifs ne se sont pas présentés ensuite pour leur visite de suivi".
Quelles conclusions en tirent les auteurs de l’étude ? Premier enseignement, "La proportion de cas nouvellement dépistés s’est avérée être la plus élevée chez les HSH [hommes ayant des relations sexuelles entre eux] et les hétérosexuels originaires d’Afrique Sub-saharienne, particulièrement chez les femmes. Le taux des cas VIH nouvellement diagnostiqués [La personne ne connaissait pas son statut sérologique avant l’étude] est de 0,14%, légèrement inferieur au taux attendu en population générale. Deuxième enseignement, si le dépistage au niveau des urgences est faisable et bien accepté. Ils estiment, en revanche, que "ces résultats n’apportent pas d’argument en faveur du dépistage en routine du VIH dans les urgences de la région Ile-de-France". A contrario, ils soutiennent "l’idée d’un renforcement des stratégies de dépistage ciblé sur les populations à forte prévalence", comprendre les gays, les personnes originaires d’Afrique Sub-saharienne, etc. Dans son communiqué, l’ANRS indique qu’elle "attend dans les prochains mois les résultats des autres études de son programme de recherche sur le dépistage en population générale qui permettront de nourrir les débats au sein de la communauté scientifique et d’éclairer les décisions des responsables de santé publique, en particulier de la Haute autorité de santé publique (HAS)".

Commentaires

Portrait de ZONOK

Voyons voir, elle est intéressante cette étude.

18 personnes testées VIH+ sur un groupe total de 12754 testés,

Cela nous donne un pourcentage de (18 / 12754 x 100) = 0,141 %

Soit environ 1,41 pour 1000 personnes, qui sont VIH+ sans connaître leur statut.

Si on rapporte cette proportion à 40 millions de personnes, soit la population adulte en France, en âge d'avoir des relations sexuelles (environ 2 tiers de 60 millions),

Cela nous donne 40 000 000 x 0,141 / 100 = 56 400

Donc 56 400 personnes en France qui ignorent encore leur statut VIH +

Ce qui correspond finalement aux chiffres de 50 000 dont on nous parle souvent...

Avec cette précision que 39% de ces personnes sont des HSH,et 55% d'origine Africaine sub-sahara.

Soit 39% de 56 400 = 22 016 HSH qui sont VIH+ sans le savoir.

Soit 55% de 56 400 = 32 020 Africains sub-sahara VIH+ sans le savoir.

Il est donc urgent de prendre conscience de la gravité de ces chiffres, dans des campagnes de prévention (inexistantes), et de dépistage afin de pouvoir offrir des soins et une prévention par le traitement.