Dépistage : des seniors qui s’ignorent !

Publié par jfl-seronet le 20.01.2015
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Une vaste enquête menée par l’institut OpinionWay (1) sur environ 2 000 Français, dont plus de la moitié dans la tranche d’âge senior (50-70 ans) a révélé, au cours d’une conférence de presse organisée à Paris par le laboratoire Janssen le 26 novembre 2014, des éléments particulièrement inquiétants concernant le VIH/sida chez les seniors (personnes de plus de 50 ans). Voici quelques chiffres clefs.

L’enquête, analysée par Georges Vigarello, philosophe et sociologue de renom, révèle tout d’abord, une approche assez rigide et exclusive, de la notion de "groupe à risque" (homosexuels, usagers de drogues par injection, etc.) chez les seniors. Ils s’estiment, pour la grande majorité d’entre eux, peu ou pas du tout concernés par le VIH, dès lors qu’ils ne font pas partie de ces groupes. Du coup, très peu d’entre eux ont recours au dépistage : près de 60 % des personnes interrogées reconnaissent n’avoir jamais fait de test (contre environ 40 % des moins de 50 ans). Plus intéressant encore, ne se sentant pas concernés directement, ils se protègent significativement moins que les autres personnes, malgré une vie sexuelle active.

Ainsi, parmi les plus de 50 ans ayant une vie sexuelle avec des partenaires multiples, 40 % déclarent n’avoir jamais utilisé de préservatif au cours des 5 dernières années (contre 12 % chez les moins de 50 ans). C’est d’autant plus dommageable que certaines études ont montré une fragilisation naturelle des muqueuses (notamment vaginales) avec l’âge, avec une augmentation de la perméabilité de ces muqueuses au virus du sida. Les conséquences sont aujourd’hui officielles : en 2012, les seniors (personnes de plus de 50 ans) représentaient 18 % des 6 400 nouveaux cas de VIH diagnostiqués en France, alors qu’ils ne représentaient que 12 % des cas en 2003.

Moins protégés, moins dépistés… Pourtant, le professeur Gilles Pialoux, infectiologue à Paris, a rappelé au cours de cette conférence de presse que le fait d’être senior est, en soi, un facteur de gravité supplémentaire. Tout d’abord, parce que lorsque l’on découvre sa contamination à 65 ans, on peut avoir 8, 10, 15 ans de vie avec le virus. Une étude française montre que les personnes diagnostiquées après l’âge de 50 ans sont souvent dans un état d’immunodépression sévère, avec des risques majeurs d’infections opportunistes ou de cancers. D’autre part, à 65 ans, par définition, on n’a plus 20 ans ! L’organisme est naturellement plus fragile, avec des défenses immunitaires moins efficaces (d’où les recommandations du vaccin contre la grippe chez les personnes âgées, par exemple). Certaines études ont bien montré qu’à efficacité de traitement égale, la remontée des lymphocytes CD4 est plus longue et plus laborieuse chez les personnes de plus de 65 ans.

Au final, ces résultats révèlent l’importance de sensibiliser l’ensemble de la population française au dépistage contre le VIH, y compris les seniors, à qui l’on prête souvent une sexualité bien moindre qu’elle n’est en réalité ! En France, on considère à environ 30 000 le nombre de personnes touchées par le VIH, mais qui l’ignorent. Parmi elles, un nombre important de seniors.

(1) Etude de l’institut OpinionWay réalisée en septembre et octobre 2014 sur 1 310 individus âgés de 50 à 70 ans et 543 individus âgés de 18 à 49 ans interrogés pour l’enquête "VIH et Seniors".

Commentaires

Portrait de gys

Bsr à tous,

Je suis d'accord avec l'enquète menée ci-dessus, en Guadeloupe la prévalence des séniors en contamination  VIH est élevée à cause de leurs moeurs et culture.

Ici les adultères sont communs, aussi bien hommes que femmes, il existe 1 multi partenariat sexuel, les préservatifs ne sont pas utilisés systématiquement d'où risque de contaminations importantes.

La prévention est présente mais le tabou est énorme, la religion très présente bloque le dialogue.

Le dépistage existe mais il n'est pas suffisamment connu pour cette catégorie de personnes.