Dépistage : le TROD plus efficace que les tests classiques

Publié par jfl-seronet le 27.10.2013
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Chiffresdepistage rapide

Le dépistage du VIH dans des centres anonymes et gratuits ainsi que les tests de dépistage rapide TROD (tests rapides d’orientation diagnostique) permettent de découvrir deux à cinq fois plus de personnes séropositives que les tests classiques, selon des chiffres fournis le 22 octobre 2013 par l'Institut national de veille sanitaire (InVS). AIDES qui réalise plusieurs milliers de TROD a réagi aux données de l’institut officiel.

Ces données publiées dans le dernier "Bulletin épidémiologique hebdomadaire" (BEH) font apparaître une proportion de sérologies positives de 3,5 pour mille parmi les tests anonymes réalisés en 2012, contre 2 pour mille pour les tests non anonymes. Mais le taux le plus élevé (10,5  pour mille) a été observé l'an dernier dans les TROD (ou tests rapides d'orientation diagnostique). Autorisés depuis 2010, les TROD permettent de déceler la présence d'anticorps dirigés contre le virus du sida en quelques minutes à partir de quelques gouttes de sang prélevées au niveau du doigt. Ils sont réalisés par des militants associatifs auprès des populations les plus à risques en dehors des lieux traditionnels de dépistage.

31 700 TROD ont été effectués en 2012, contre 4 000 pour les quatre derniers mois de 2011, une période correspondant à la montée en puissance du dispositif. Sur les personnes dépistées par TROD en 2012, 30 % n'avaient jamais fait de dépistage au cours de leur vie, ce qui, selon l'InVS, montre que le dispositif "touche une population particulièrement exposée au VIH, même s'il n'est pas exclu qu'une partie des TROD positifs correspondent à des tests sollicités par des personnes séropositives". 5,24 millions de sérologies VIH ont été effectuées l'an dernier en France, soit 80 sérologies pour 1 000 habitants dont environ 367 000 (8%) ont été réalisées dans un cadre anonyme, selon les chiffres de l’InVS. L’organisme rappelle qu'une même personne peut être comptée plusieurs fois si elle a réalisé plusieurs tests dans l'année et précise que la proportion de sérologies positives correspondant à des nouveaux cas (personnes ayant découvert leur séropositivité dans l'année) tourne depuis 2009 aux environs de 58 %. Le pourcentage observé en 2012 ne sera connu qu'en décembre prochain lors d’une conférence de presse de l’InVS.

Dépistages : résultats Outre-mer

Le nombre des tests de dépistage est globalement stable depuis 2010, malgré une petite augmentation l'an dernier (+ 5 %), atteignant 15 % dans les départements d'Outre-mer (DOM). Le nombre des tests pour 1 000 habitants était l'an dernier 2,8 fois plus élevé que la moyenne nationale à Paris, 2,5 fois plus élevé en Guadeloupe et 2,2 fois plus élevé en Guyane. La Guyane arrive également en tête pour les sérologies positives par million d'habitants, avec un taux neuf fois plus élevé l'an dernier que la moyenne nationale, devant la ville de Paris (taux huit fois plus élevé), la Guadeloupe (cinq fois plus élevé) et l'Ile-de-France (trois fois plus élevé).

AIDES donne ses chiffres

"Il aura fallu à AIDES plusieurs années de plaidoyer et d'expérimentation pour enfin obtenir, fin 2010, le précieux décret permettant la généralisation du test rapide communautaire [TROD]. Les résultats publiés par l'InVS aujourd'hui montrent à quel point ce combat était légitime", rappelle AIDES dans un communiqué (22 octobre). "D'abord quelques chiffres bruts : sur les 31 700 tests rapides recensés par l'InVS en 2012, plus de 22000 ont été réalisés par les militants de AIDES. L'InVS évoque également "un dispositif qui monte en charge rapidement". Et pour cause : sur les 6 premiers mois de l'année 2013, AIDES a déjà réalisé plus de 16 600 tests, soit une augmentation de 35 % par rapport à 2012. Une montée en charge rendue possible par la formidable mobilisation de nos militants, présents chaque jour sur le terrain." "Comme l'a fait valoir l'association, l'InVS confirme que le TROD permet de "toucher une population particulièrement exposée au VIH" et "d'aller à la rencontre de publics cibles éloignés du système de santé, qui ne viennent pas ou ne peuvent pas se rendre habituellement dans les structures de dépistage", indique l’association. " Pour preuve, la proportion remarquable de primo-testants : 30 % des personnes que nous avons dépistées en 2012 n'avaient jamais eu recours au test VIH de toute leur vie. Sur le seul premier semestre 2013, 27 % des personnes dépistées séropositives réalisaient avec AIDES leur tout premier test. Sans cette offre correspondant à leurs besoins et directement proposée sur leur lieu de vie, ces personnes auraient sans doute appris leur séropositivité beaucoup trop tard. Elles auraient alors mis en danger leur santé et risqué de transmettre sans le savoir le virus à leurs partenaires", indique AIDES.

TROD : des découvertes plus importantes

Des taux de découvertes de séropositivité deux à quatre fois plus élevés que dans les structures de dépistage classiques. "C'est le résultat le plus significatif parmi les chiffres publiés par l'InVS. De l'ordre de 1 % en 2012, il est 2 à 4 fois plus élevé que dans les centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG), les urgences hospitalières ou les laboratoires de ville. Ce résultat démontre toute la pertinence de l'approche communautaire, en parfaite complémentarité avec l'offre de dépistage classique : aller vers et faire avec les communautés les plus touchées", explique AIDES qui se félicite de "la publication de ces résultats et entend intensifier plus encore son offre de dépistage rapide." "Il y a urgence, car 30 000 personnes en France ignorent toujours leur séropositivité. Nous appelons les pouvoirs publics à s'emparer de ces données et à accroître les financements dédiés au TROD, aujourd'hui insuffisants, en particulier dans les régions les plus touchées : Ile-de-France, PACA, et départements français d'Amérique (Guyane, Martinique, Guadeloupe et Saint-Martin).