Dépistage rapide en France : doucement mais sûrement

Publié par Costa le 31.10.2008
1 838 lectures
Notez l'article : 
0
 
dépistagecentre de dépistagetest rapide
Chargée par la Direction générale de la santé de plancher sur les modalités et les stratégies de dépistage du VIH en France, la Haute autorité de santé vient de rendre publiques une première série de recommandations qui entrouvrent la porte aux tests de dépistage rapide. Prochaine étape – et conclusion – au premier semestre 2009.
test_0.jpg

Facilement réalisables (sur sang total, salive, sérum ou plasma), les tests de dépistage rapide  VIH permettent d’obtenir un résultat en moins de 30 minutes en général. Un bon moyen d’éviter l’angoisse de l’attente des résultats qui prend généralement de 3 à 7 jours dans les centres de dépistage anonymes et gratuits, au moins 24 heures dans les laboratoires privés. Des tests déjà autorisés Outre-Atlantique depuis janvier 2002.

Reconnaissant qu’ils constituent un outil complémentaire intéressant au modèle classique, en particulier dans certaines situations d’urgence ou pour favoriser l’accès au dépistage des personnes qui ne recourent pas ou pas suffisamment au dispositif classique, la Haute autorité de santé (HAS) explique cependant que “la difficulté de transposer les résultats des études menées aux États-Unis, leurs limites et le manque de données épidémiologiques empêchent de formuler d’emblée des recommandations”.

Pour l’HAS, il faudra donc attendre les résultats d’évaluations made in France pour pouvoir trancher. D’ici là, ces tests pourront être utilisés dans certaines situations d’urgence (accidents professionnels d’exposition au sang, accidents d’exposition sexuelle, etc.) afin d’obtenir un diagnostic rapide et une prise en charge adaptée. Ils seront alors pratiqués par un professionnel de santé, après recueil du consentement éclairé, et suivis d’un test de confirmation, quel que soit le résultat.

Afin de favoriser l’accès au dépistage, ils pourront également être réalisés dans des structures traditionnelles (CDAG*, Ciddist**) ou “alternatives” par des volontaires associatifs ou des travailleurs sociaux. Mais uniquement dans le cadre de projets expérimentaux dont seule l’évaluation ultérieure permettra d’en  “confirmer les bénéfices attendus dans le contexte français”. Tous les tests de dépistage rapide devront, là encore être suivis d’un test classique Elisa combiné, quel que soit le résultat.

Trois projets associatifs ont d’ores et déjà été retenus : celui d’Actis et du ciddist lancé en juin dernier à Saint-Étienne afin de toucher les hommes réticents au dépistage, celui du Kiosque info sida à Paris qui devrait débuter en 2009, là encore dans le cadre de consultations ciblées « hommes », et celui de l’association Aides qui proposera dans 3 sites pilotes (Montpellier, Lille et Paris) un dépistage hors cadre médical réalisé par des volontaires formés.

Enfin, certains services d’urgence d’Île-de-France devraient également proposer le dépistage rapide dès la fin de l’année à tous les patients afin d’évaluer la pertinence d’une généralisation du dépistage dans une région qui totalise à elle seule la moitié des nouveaux diagnostics positifs. Une dernière éventualité – proposer “en routine” un test de dépistage à la population générale – sur laquelle l’HAS se prononcera au premier semestre 2009, dans un second volet de recommandations qui seront consacrées à l’évolution des stratégies et du dispositif de dépistage français.

Reste que, comme le déclare au Généraliste le président du Conseil national du sida, Willy Rozenbaum, alors qu’ils sont déjà utilisés en routine à travers le monde, attendre de nouvelles évaluations sur les TDR est  à la fois “une perte de temps et une perte de chance” car leur introduction  “est importante pour le contrôle de la maladie”. Selon les estimations, 40 000 personnes ignorent actuellement leur statut en France et 30% des personnes infectées bénéficient encore d’une prise en charge trop tardive.


Encadré
En matière de dépistage « classique », l’HAS recommande de ne plus utiliser qu’une seule technique, le test Elisa combiné, qui permet de considérer une personne comme non infectée s’il est négatif 6 semaines après l’exposition supposée au VIH, contre 3 mois auparavant. Si la personne prend un traitement préventif post-exposition, ce test doit cependant être réalisé 3 mois après l’arrêt du traitement comme c’est déjà le cas actuellement.


* Centre de dépistage anonyme et gratuit
** Centre d’information de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles

Commentaires

Portrait de sonia

Pourquoi attendre trois mois pour une personne traitée contre un mois et demi pour les autres? La trithérapie provoquerait elle un faux résultat positif??
Portrait de Vincent

En effet la trithérapie prescrite dans le cadre du Traitement Post-Exposition peut fausser le résultat.