Descovy, oui mais non !

Publié par Mathieu Brancourt le 22.08.2018
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ThérapeutiqueDescovy

Ce médicament de Gilead, nouvelle version du Truvada, devait être le moyen pour le laboratoire de contrer la prescription des génériques du Truvada. Mais alors qu’il est officiellement autorisé à la commercialisation depuis 2016, le Descovy n’est toujours pas disponible en France, faute d’accord sur son prix. Pourtant, des personnes vivant avec le VIH en France auraient besoin de ce médicament, moins toxique pour les reins. Seronet fait le point.

Le Descovy est-il un mirage en France ? Le médicament antirétroviral, combinaison en un seul comprimé (emtricitabine et ténofovir AF), et remplaçant du Truvada (avec Tenofovir DF), n’a toujours pas rejoint son aïeul dans les étals des pharmacies françaises. Cette "nouvelle génération", qui contient du TAF, forme micro dosée du ténofovir et considérée comme moins toxique pour les reins et les os, demeure inaccessible. Il a certes été reconnu comme "important" dans le service médical rendu, a obtenu son AMM en avril 2016, mais en considérant l’absence d’amélioration du service médical rendu (ASMR), les experts de la commission de la transparence de la Haute autorité de santé ont, de fait, limité les prétentions tarifaires du laboratoire Gilead.

Le prix ne peut dès lors pas dépasser celui du Truvada génériqué, autour de 135 euros (prix hôpital). Pour le laboratoire américain, il est impossible de commercialiser une molécule princeps au prix d’une version génériquée, et surtout en comparaison des tarifs sensiblement supérieurs obtenus dans d’autres pays d’Europe (400 euros en Allemagne, par exemple). Pour Michel Joly, directeur général de Gilead France, c’est aussi une nonprise en compte de la toxicité dans les critères de décision de la HAS. Mais pour les personnes vivant avec le VIH et présentant une insuffisance rénale sévère, l’arrivée du Descovy représentait une solution thérapeutique nécessaire, et près d’une trentaine d’entre elles ont pu bénéficier d’une ATU (autorisation temporaire d’utilisation) de cohorte avant l’autorisation de mise sur le marché du médicament. Or, l’obtention d’une autorisation de mise sur le marché stoppe l’accès à l’autorisation temporaire d’utilisation (ATU). Problème, les demandes pour les nouvelles personnes potentiellement éligibles à cette ATU se retrouvent bloquées, maintenant que l’AMM est obtenue, mais le médicament est non commercialisé…faute d’un accord sur les prix. Pour le TRT-5, cela représente une dizaine de personnes, et une véritable inquiétude.

Le groupe interassociatif Traitements et recherche thérapeutique a interpellé l’Agence du médicament (ANSM), sans obtenir de réponse jusque là. Les négociations entre le Comité économique des produits de santé (CEPS) et Gilead sont toujours en cours.