DRAG : nouvelle offre de dépistage, premiers chiffres

Publié par jfl-seronet le 27.07.2013
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DRAG. Quatre lettres pour un projet de recherche portant sur le dépistage rapide auprès des gays. Il y a quelques semaines les premiers résultats ont été publiés. Quels étaient les objectifs de cette recherche ? Quels en sont les premiers résultats ? Seronet vous explique le principal.

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, il n’est pas inutile de rappeler quelques points. On dépiste beaucoup en France, mais mal. Autrement dit, l’offre de dépistage est importante, mais pas toujours adaptée aux groupes où la dynamique de l’épidémie, comme disent les experts, est la plus forte. Ainsi, la France connaît-elle des dépistages tardifs ou des formes de dépistage peu voire mal adaptées à certains besoins. Les associations de lutte contre le sida ont souhaité ouvrir l’offre de dépistage. Par exemple, avec les TROD (Tests rapides d’orientation diagnostic) mis en ouvre par des militants formés spécifiquement pour cela, mais qui ne sont pas des professionnels de santé. C’est dans ce contexte que AIDES, l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS), l’Observatoire régional de la Santé de Provence-Alpes-Côte d’Azur et le Sestim ont lancé une recherche qui "cherchait à évaluer les forces et les limites d’un dispositif de dépistage rapide peu médicalisé auprès d’hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH)" : le projet DRAG.

Qui était concerné ?

Il s’agissait d’une recherche nationale réalisée sur plusieurs centres de dépistage anonymes et gratuits, les CDAG, (deux à Paris, un à Marseille et un quatrième à Nice). Cette recherche ne s’adressait qu’aux hommes qui "entreprenaient une démarche de test de dépistage du VIH et qui déclaraient avoir eu des relations sexuelles avec d’autres hommes".

Quels étaient les objectifs ?

L’objectif de DRAG était de proposer des tests de dépistage du VIH à résultats rapides, accompagné d’un ensemble de conseils en prévention réalisé par une association communautaire (en l’occurrence AIDES) dans l’idée, premièrement "d’attirer une population qui prend des risques de façon répétée, qui souhaite avoir des recours fréquents au dépistage et bénéficier de conseils en prévention plus adaptés à ses pratiques" ; deuxièmement de "montrer que le dépistage communautaire par tests rapides est satisfaisant" et en fin de "décrire les conditions optimales d’un dépistage communautaire par tests rapides pour le transposer dans la vie quotidienne".

Une recherche… en phases

Il y en a eu deux. Une phase de contrôle dont l’objectif, via des questionnaires, était de "décrire" les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes qui se font dépister en CDAG, ainsi que leurs pratiques sexuelles. Une phase d’expérimentation qui, elle, a été réalisée dans deux contextes. Premier contexte : pendant les heures d’ouverture des CDAG durant lesquelles les participants étaient orientés, par tirage au sort, vers un dépistage classique ou vers un dépistage avec tests à résultat rapide. Second contexte : en dehors des heures d’ouverture des CDAG, durant lesquelles un dépistage avec tests à résultats rapides encadré uniquement par des acteurs communautaires (des militants de AIDES) était proposé aux participants.

Quels sont les principaux résultats de la phase de contrôle ?

287 personnes (des HSH) ont été retenues pour l’analyse. 74 % ont été recrutés dans les deux CDAG de Paris, 14 % à Marseille et 12 % à Nice. L’âge moyen est de 32 ans. 69 % étaient célibataires, 67 % avaient au moins le bac et 90 % avaient un emploi.

Côté pratiques sexuelles, quels sont les résultats ?
44 % déclarent des pénétrations anales non protégées au cours des six derniers mois.
19 % déclarent des difficultés à utiliser le préservatif lors de la pénétration anale avec un partenaire séronégatif.
24 % ressentent des difficultés à utiliser le préservatif lors des pénétrations anales, lorsqu'ils sont sous l'influence de drogues ou d'alcool.

Qu’en pensent les responsables de l’enquête ?
"Cette phase a permis de mettre en évidence que 41 % des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) fréquentant les centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG), ne s’étaient pas fait dépister au cours des deux dernières années. Les pénétrations anales non protégées sont plus fréquentes chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes non dépistés au cours des deux dernières années et chez ceux déclarant plus de partenaires sexuels, des relations d’un soir, la consommation de drogues ou d’alcool, et la difficulté à utiliser le préservatif dans certains contextes". Les auteurs de l’enquête expliquent que les "dépistages en CDAG  aident une partie des HSH à adopter des comportements préventifs dans leur vie sexuelle".

Quels sont les principaux résultats de la phase d’expérimentation ?

Si on fait le bilan des inclusions dans DRAG : 343 personnes ont réalisé un test de dépistage dans l’étude. 6 personnes ont été dépistées positives (soit 1,7 %) : quatre personnes par dépistage rapide et deux personnes par dépistage classique. Qui sont ces personnes dépistées positives ? Elles ont en moyenne 31 ans et déclarent toutes avoir un emploi. Parmi elles, 5 sont célibataires, 4 se définissent comme bisexuels. 4 ont réalisé un test de dépistage au cours des deux dernières années. Elles déclarent toutes avoir eu des pénétrations anales non protégées avec des partenaires occasionnels ou réguliers au cours des six derniers mois, et 5 d’entre elles déclarent venir se faire dépister dans le cadre du DRAG, pour se rassurer" écrivent les auteurs.

Qui sont les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes ayant participé à la phase expérimentale de DRAG ?

Au total, 330 personnes ont été retenues dans l’analyse : 119 (dépistage classique) et 211 (dépistage communautaire). Ces hommes ont 31 ans en moyenne. 63 % ont le bac et plus. 72 % sont célibataires. 49 % vivent seuls. 75 % sont propriétaires ou locataires et 78 % ont un emploi.

51 % déclarent des pénétrations anales non protégées avec des partenaires occasionnels et/ou réguliers. "Les HSH venus dans l’offre de dépistage communautaire sont plus confrontés aux lieux et situations à risque, mais n’ont pas plus de pénétrations anales non protégées ; par ailleurs, ils sont moins nombreux à avoir fait un dépistage dans les deux dernières années", écrivent les auteurs. Les responsables de DRAG estiment que "cette nouvelle offre de dépistage est complémentaire par rapport à l’offre classique en CDAG et attire une population différente de celle qui fréquente habituellement les CDAG. Les analyses préliminaires montrent que les gays dépistés dans l’offre communautaire par tests rapides sont globalement très satisfaits (83,4 %).