Drogues : défendre la dépénalisation de l’usage

Publié par olivier-seronet le 28.09.2009
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Le climat politique évolue dans certains pays et laisse une part de plus en plus grande aux critiques contre les méthodes de la lutte contre les drogues engagée au siècle précédent. Encourageant !
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La prohibition et le tout répressif ont, depuis longtemps, montré leurs limites et surtout leur inefficacité. Un tableau noir de ces conséquences a d'ailleurs été dressé à l'occasion de la 20ème  Conférence internationale sur la réduction des risques qui s'est tenue à Bangkok en avril dernier :
La prohibition génère du crime, elle pousse au vol et à la prostitution, engorgeant le système judiciaire et les prisons. Le budget dépensé à faire appliquer les lois prohibitionnistes et remplir les prisons est bien plus élevé que le budget dépensé pour la réduction des risques et l’accès au traitement ;
La prohibition pousse à la clandestinité et aggrave les dommages : elle pousse à adopter des pratiques et des modes de préparations toujours plus dangereux ;
La prohibition déstabilise les pays producteurs tels que l'Afghanistan, la Colombie, le Mexique et l'Afrique de l'Ouest. Elle alimente la corruption et les conflits, souvent armés ;
La prohibition fragilise les droits de l'Homme : dans de nombreux pays, les usagers de drogues sont soumis à des violences policières, à des traitements imposés voire à la peine de mort.
La grande question reste : "Comment faire avancer ce débat ?". Les Anglais ont récemment choisi de viser le grand public sur la ligne "Nous sommes tous des usagers de drogues" (tout du moins de médicaments, d'alcool, de tabac, de caféine et bien d'autres produits psychoactifs). L'idée : créer un climat bienveillant pour que des élus osent ré-aborder cette question sans craindre de se mettre à dos leur électorat.

Coordinateur des programmes de réduction des risques de la ville de Vancouver (Canada), Donald MacPherson considère qu'il faudrait, en dépénalisant l’usage de stupéfiants, mettre en place une politique de prévention spécifique à chaque produit comme ce fut le cas pour le tabac et l’alcool. Donald MacPherson a même proposé que la conférence soit renommée "Conférence internationale sur les dommages crées par la politique prohibitionniste sur l’usage de drogues" !

Commentaires

Portrait de Ferdy

Le papier de Sandra Essid résume assez clairement la situation impossible de la prohibition en ce XXIè s. Il conviendrait cependant de discerner le marché, la géopolitique, la corruption et le bilan sanitaire. Entre drogues dures, drogues douces, les enjeux ne sont pas les mêmes. Et sans vouloir prêcher pour notre paroisse, on serait peut-être aussi en droit d'attendre une démarche un peu plus audacieuse en matière du recours thérapeutique (cannabis), que l'on tolère ici et là, pour le bien-être des malades. Enfin, à la liste déjà longue des produits toxiques, on serait tenté d'ajouter l'argent qui agit de manière insidieuse sur la plupart des comportements dits vertueux.
Portrait de frabro

Je ne suis pas d'accord avec ferdy sur ce point : pour moi ce n'est pas le produit qui est en cause mais la relation que la personne a avec celui-ci, l'usage qu'elle en fait, son degré de dépendance, et les répercussions que cette dépendance induit sur son mode de vie. Le cannabis peut être à cet égard aussi destructeur que n'importe quel autre "drogue". Si l'on parle de vertus thérapeutiques, le même raisonnement s'applique à la morphine qu'au cannabis, lorsqu'elle est utilisée comme anti douleur et sous contrôle. Par exemple, je prends des médicaments à base de morphine depuis dix ans pour combattre les douleurs dues soit au vih soit aux anciens traitements, et je ne pourrai pas vivre normalement si je ne le faisait pas. La prohibition est une bétise sur le plan de la santé publique comme sur celui de l'ordre social, et il n'y a qu'à voir les chiffres de la France en la matière : pays le plus répressif d'Europe, c'est aussi celui ou les consommations démarrent le plus tôt et sont les plus importantes. Et je ne parle même pas de la surcharge des milieux pénitentiaires dues uniquement à celà ! Il s'agît bien d'une question de société et de santé publique, les deux étant indissociable quelle que soit la nature du produit : le tabac et l'alcool tuent bien plus et coûtent bien plus cher à notre secu que les fameuses "drogues dures" !
Portrait de Ferdy

Le danger, Frabro, c'est de mettre sur le même plan cannabis / héro / coke / tabac / alcool et d'évoquer le trou de la sécu. Enfin, les vignerons n'ont pas, à ma connaissance, de liens avec la maffia et ne sont mêlés à aucune guerrilla.
Portrait de Kaaphar

salut, Excellent état des lieux Sandra !! Et, mon cher Frabro, chapeau aussi pour ta perception du truc !! (tu vois quand tu veux, je peux, lol, lol). Par ailleurs, j'ajouterais qu'on peut discuter indéfiniment sur le "bon" ou "pas bon" de telle ou telle principe actif des substances, qu'elles soient licites ou non, ou réputées "dures" ou "douces" ; mais le problème n'est pas QUE là mon sens. La prohibition entraîne donc le trafic et le trafic entraîne le COUPAGE ! On peut trouver aujourd'hui dans la rue du "simple" shit (dite drogue "douce") mais coupé avec des tas de saloperies addictantes (genre trempé dans des bains de résidus de crack) ; donc le gentil hash de papa devient aux mains des nouvelles mafias une substance réellement dangereuse et addictive (je ne parle bien-sûr des beuh locales de nos jardins ou de nos placards). Et je ne parle pas bien sûr pas non plus des diverses saloperies avec lesquelles peuvent être coupés coke, hero, ecsta etc... Et Frabro (le morphinomane !! lol) a aussi raison quand il défend l'idée que "c'est la dose qui est toxique" (ou le mésusage). Moi, je ne vois pas d'inconvénient majeur à ce que quelqu'un qui serait morphino-dépendant puisse être approvisionné avec des produits de qualité ; les suisses (encore !!) notamment ont montré l'exemple (il y a eu des articles seronet là-dessus - si kekun sait les retrouver). On pourrait très bien concevoir que le cannabis soit commercialisé par la seita avec une taxation de l'état (comme pour les clopes ou l'alcool), mais en contrepartie une assurance de qualité, voire même des AOC (marocain, afghan, népalais, colombienne etc... ). A ce propos, ce matin sur France Cu chronique de Marc Kravetz qui trace le portrait d'un parlementaire américain (californien et pédé accessoirement) qui dit que la légalisation du cannabis rapporterait à l'état de Californie ente 1 et 1.5 milliards de USD, alors que le répression (police, prison, etc...) coûte à ce même état 13;5 milliards USD !! cherchez l'erreur !! http://sites.radiofrance.fr/play_aod.php?BR=8812&BD=28092009 suis pas sûr que le lien soit longtemps vivant ! en plus il y avait Balladur sur le plateau... devrait en toucher un mot à Nicolas !! fais tourner ! Kaaphar
Portrait de seanaque

Economiser du fric sur les institutions californiennes citées m'inquièterait un peu pour y remettre les pieds!

Il ne s'agirait pas de légaliser le cannabis mais de confier le monopole de la culture à l'Etat qui permettrait de combler le déficit budgétaire du montant que tu cites .

Portrait de Kaaphar

salut,

chopé sur le web : article du "parisien" avec interview de l'ancien ministre de l'intérieur socialiste et maire du XVIIIe à Paris, DANIEL VAILLANT :

"Dans le vaste problème que pose la drogue, il y a la question du cannabis. Ce produit est interdit, et pourtant sa consommation explose ; aujourd’hui, un jeune sur deux a déjà fumé du cannabis. Cette croissance s’accompagne d’une aggravation des trafics et de la criminalité. Aujourd’hui, je dis : « Ne faudrait-il pas prendre le pari de légaliser la consommation personnelle de cannabis à travers un contrôle de la production et de l’importation, comme c’est le cas avec l’alcool ? »

LIRE LA SUITE là : 

http://www.leparisien.fr/paris-75/paris-75018/daniel-vaillant-la-consommation-de-cannabis-peut-etre-legalisee-09-10-2009-667885.php 

c'est ce que je dis depuis des lustres : avec des "AOC" qui éviteraient les coupages avec des saloperies et "libérerait" la police et les tribunaux pour des trucs plus importants... 

Kaaphar