Drogues : l'Académie bien sous tous rapports

Publié par jfl-seronet le 02.02.2009
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Le récent Rapport de l'Académie (française) nationale de pharmacie sur le "Bilan des politiques en matière de substitution aux opiacés" est, c'est une première, salué par les principales associations de soutien et d'accompagnement des usagers.
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L'Académie nationale de pharmacie a publié, fin janvier, un rapport. Il s'agit d'un "Bilan des politiques en matière de substitution aux opiacés". Le Journal international de Médecine (30 janvier 2009) a consacré un article sur les conclusions de ce Rapport. Dans un premier temps, l'Académie constate "la baisse spectaculaire de la mortalité liée à l'usage des opiacés depuis la mise sur le marché des médicaments de substitution". Comme le fait remarquer le journal , elle "émet néanmoins plusieurs recommandations afin que la politique actuelle gagne en sécurité et en efficacité. Du côté de la sécurité, l'Académie souhaite une meilleure évaluation de "l'impact des traitements de substitution dans l'augmentation récente de la mortalité liée à l'usage des opiacés". Il s'agit très clairement d'avoir une "meilleure connaissance des mécanismes de détournement de ces produits". Côté efficacité,  l'Académie veut une "une clarification du rôle des instances chargées de la mise en œuvre des politiques publiques en matière de : lutte contre les toxicomanies, mise en œuvre de la prévention, organisation de la substitution". Autre recommandation, le rôle du pharmacien. Comme le rappelle le Journal international de Médecine,  l'Académie prône la "mise en place d'un parcours de soins incluant un médecin et un pharmacien référent, nominativement désignés sur l'ordonnance". Elle recommande "que soit limité le nombre de toxicomanes suivis par les mêmes professionnels".

La publication du rapport de l'Académie de pharmacie est saluée par plusieurs associations comme Asud, Safe et l'AFR (Associations française pour la réduction des risques). "La plupart de leurs recommandations viennent rejoindre les revendications de nos associations", notent les trois associations dans un communiqué commun le 30 janvier 2009. "L'académie prend acte du succès de la politique de substitution en France, en particulier sur la réduction par dix du nombre d'overdoses et la baisse du nombre de contaminations par le virus de VIH." Les associations sont aussi satisfaites que l'Académie ne demande pas le classement du Subutex comme stupéfiant. Mais pour elles, ce qui est le plus intéressant, c'est que cette instance ne ferme "aucune porte" en matière de traitements pour les personnes usagères de drogues, notamment en indiquant que la morphine puisse être utilisée "quand les malades ne répondent pas bien aux deux médicaments disposant d'AMM [autorisation de mise sur le marché]". Pour Asud, Safe et l'AFR : "C'est un rappel indispensable, à l'heure ou les patients sous morphine sont inquiétés et menacés d'arrêt de traitement par la sécurité sociale, avec pour conséquence de les renvoyer au marché noir."
Autre piste défendue par l'Académie, l'usage de "l'héroïne comme traitement de substitution en milieu médicalisé, qui fait l'objet d'expérimentation chez nos voisins européens". "C'est une raison de plus pour que de tels programmes, qui ont montré leur efficacité sur la santé des patients, se mettent en place dans les plus brefs délais", avancent les associations. Globalement, ce Rapport est bien accueilli par les associations qui y voient un "retournement de position radicale" par rapport aux positions d'avant. Un retournement qui serait le fruit de "longues consultations de tous les acteurs du champs de la toxicomanie, en particulier des usagers. C'est une bonne nouvelle pour la réduction des risques et pour les usagers, et une marche à suivre pour l'Etat !"


Infos sur Asud : http://www.asud.org/
Infos sur Safe : http://www.safe.asso.fr/
Infos sur l'AFR : http://a-f-r.org