Drogues : les résultats de l’ODFT

Publié par jfl-seronet le 22.01.2020
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Très régulièrement, l’ODFT (Observatoire français des drogues et des toxicomanies) publie les données du dispositif national de détection des phénomènes émergents appelé : « Tendances récentes et nouvelles drogues (Trend) ». Trend assure une « veille sur les phénomènes émergents dans le champ des produits psychoactifs » et décrit « des populations particulièrement consommatrices ». Voici les dernières données en date.

Le contexte général décrit par Trend se caractérise par une offre de drogues illicites abondante que « traduisent les hauts niveaux de saisies de 2018. Les produits qui circulent sont aussi très fortement dosés : le rapport prix/pureté n’a, en 20 ans, jamais été aussi élevé pour l’héroïne ou la cocaïne et les comprimés d’ecstasy contiennent 2,5 fois plus de MDMA qu’en 2005 », note le rapport de l’OFDT.

Concernant les marchés, Trend explique que « ce flux important de substances se double de la pression d’une offre de plus en plus concurrentielle. Après le recours aux livraisons à domicile et aux SMS promotionnels des trafiquants en direction des usagers les plus insérés, le dispositif souligne désormais l’importance prise par les « centrales d’achat ». Le phénomène a été constaté à Bordeaux, Lyon, Marseille, Metz, Paris et Seine-Saint-Denis, Toulouse. Ces « centrales d’achat » utilisent des messageries telles que Snapchat, Whatsapp ou Instagram. De plus en plus, certains réseaux rationalisent leur activité en reprenant les méthodes d’organisation des entreprises classiques : stratégies marketing, diminution des stocks ou flexibilisation de la main-d’œuvre. Le darknet apparaît quant à lui comme une source croissante d’approvisionnement pour de petits trafics.

Concernant les personnes usagères, Trend évoque l’état sanitaire particulièrement dégradé et l’aggravation des difficultés rencontrées par les personnes les plus précaires. Plusieurs villes comme Lille, Lyon, Paris, Rennes, Toulouse mentionnent une intensification des opérations policières avec des évacuations de squats. En parallèle, les professionnels-les de la prise en charge constatent que l’inexistence ou la saturation des structures adaptées aux personnes sans domicile est un obstacle majeur à la mise en œuvre d’un accompagnement. Parmi les différentes populations précaires repérées, Trend souligne que sont très concernés les jeunes usagers (15-25 ans) polyconsommateurs. Trend relève aussi l’augmentation des arrivées de personnes usagères d’Europe de l’Est, notamment de Géorgie. Beaucoup de ces personnes usagères pratiquent l’injection, particulièrement de médicaments opioïdes.

Comme, c’était déjà le cas en 2016 et 2017, Trend insiste sur l’accessibilité élargie de la cocaïne en pointant la visibilité accrue de la cocaïne basée (ou crack). « Sur le territoire national la concurrence entre les multiples filières d’approvisionnement et réseaux de revente favorise la circulation d’un produit aux teneurs élevées dont le prix moyen diminue (71,5 euros le gramme) ». Une intensification des usages de cocaïne chez des personnes déjà consommatrices d’autres psychotropes ou chez des « jeunes en errance », est observée alors que l’émergence d’usages chez de très jeunes majeurs, visibles en consultations jeunes consommateurs est rapportée dans des villes comme Bordeaux, Lyon ou Metz. Cette propagation des usages de cocaïne, qui reste limitée à l’échelle de la population générale, concerne d’abord la forme poudre, sniffée par les usagers-ères les plus insérés-es et davantage injectée chez les plus précaires ou personnes dépendantes. Le produit est aussi de plus en plus consommé sous sa forme base et fumé. « Certains usagers socialement intégrés parviennent à maîtriser leurs prises en le consommant ponctuellement », indique Trend.

Concernant les opioïdes, les personnes usagères demeurent tournées « vers les produits les plus courants sur le marché hexagonal : héroïne, médicaments de substitution (buprénorphine haut dosage et méthadone) et Skenan. En dépit de signalements croissants, les antalgiques opioïdes faibles (tramadol) ou forts (oxycodone et fentanyl) occupent une place restreinte dans les consommations ». L’analyse de Trend porte également sur des produits majoritairement diffusés au sein de milieux festifs spécifiques et qui sont consommés par de nouveaux publics. Ainsi Trend observe « une hausse importante de la disponibilité de kétamine (anesthésique aux propriétés hallucinogènes puissantes) en dehors des scènes festives alternatives.

Pour le GBL (gamma butyrolactone), solvant industriel précurseur du GHB, Bordeaux, Lille Lyon, Marseille et Paris signalent des consommations en espace festifs alternatifs ou commerciaux, c’est-à-dire hors du milieu festif gay et des consommations en contextes sexuels (chemsex) auxquels il a été longtemps cantonné. Apprécié pour la brièveté de ses effets et la modicité de son prix, le GBL est néanmoins à l’origine de cas d’intoxications et d’accidents en raison des risques potentiels liés à un usage « récréatif » non maîtrisé, particulièrement s’il est associé à une prise d’alcool.