Drogues : pour un changement de politique

Publié par jfl-seronet le 19.06.2013
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Ils sont anciens chefs d’Etat pour certains, personnalités incontournables des droits humains ou de la recherche pour d’autres. Toutes et tous ont en commun un point de vue qui décoiffe et qui s’efforce, année après année, d’engranger des soutiens. Leur idée est évidente et fait débat : "Régulons le trafic de drogues pour lutter contre la violence et la corruption". Explications.

Ils s’appellent Fernando Henrique Cardoso, Cesar Gaviria, Ricardo Lagos, George P. Shultz, Paul Volcker, Louise Arbour, Ernesto Zedillo, Ruth Dreifuss et Michel Kazatchkine. Ils s’engagent une nouvelle fois pour un changement radical de politique en matière de consommation de drogues. Ils le disent et l’écrivent. Dernier exemple en date, une tribune dans Le Monde (6 juin) où ils expliquent : "Après plus de quatre décennies d'une guerre contre la drogue qui s'est avérée être un échec, les appels à un changement de stratégie sont de plus en plus forts. En Amérique latine, le débat est omniprésent. Les dirigeants de Colombie, du Guatemala, du Mexique et de l’Uruguay ont pris l'initiative de transformations dans leurs propres politiques en matière de drogues, qui ont impulsé une forte dynamique de changement dans la région et dans le monde". Ils notent que "le débat s'est étendu aux Etats-Unis, où l'opinion publique en matière de régulation est en train d'évoluer". Et les auteurs de citer des sondages qui confirment les changements en cours dans l'opinion publique.

Ce n’est pas la première fois que ces personnalités s’engagent ainsi. Elles l’ont déjà fait, pour la plupart, dans le cadre d’une commission globale sur la drogue. Dans cette commission, une "vingtaine de dirigeants mondiaux avaient mis en évidence les effets dévastateurs des politiques de drogue répressives sur les personnes, la gouvernance et l'économie, non seulement en Amérique latine, mais partout dans le monde". Il en était ainsi dans leur rapport sur la guerre contre la drogue. Celui-ci énonçait deux recommandations principales.

D’une part de "remplacer la criminalisation de l'usage de drogues par une approche de santé publique" et d’autre part d’"expérimenter des modèles de régulation légale visant à saper le pouvoir du crime organisé. En ouvrant un débat véritablement global sur la réforme des politiques en matière de drogues, nous avons brisé un tabou séculaire", avancent les signataires de la tribune du monde. "Une nouvelle voix s'est récemment jointe à ce débat, celle de l'Organisation des Etats Américains (OEA), dans un rapport très attendu sur les scénarios alternatifs pour le contrôle et la réglementation des drogues pour les Amériques". Ce rapport propose quatre scénarios possibles pour les futures politiques de drogues. "Aucun scénario n'appelle au statu quo", notent les signataires du texte publié dans Le Monde. Les trois premiers préconisent : "le passage d'approches répressives à une approche privilégiant la sécurité des citoyens, l'expérimentation de différentes voies de régulation des drogues illégales et le renforcement de la résilience des communautés", le quatrième est écarté : la menace de "voir se créer des narco-Etats".

Ce rapport présente un ensemble de recommandations pour la réforme des politiques en matière de drogues. Il prend comme base "que la demande de substances psychoactives continuera d’exister au cours de la prochaine décennie et que seule une petite proportion d'utilisateurs en deviendra dépendante". Il note aussi que "de nombreux pays sont déjà sur la voie de la décriminalisation de l'usage de drogues et expérimentent la réglementation du cannabis, tout en investissant dans des programmes de réduction des risques, y compris la prescription médicale de drogues dites dures. Pour quels résultats ? "Loin de causer des problèmes, comme annoncé par leurs détracteurs, ces programmes génèrent des résultats positifs et mesurables", expliquent les signataires de la tribune. Ils estiment que ce nouveau rapport contribue à briser le "tabou qui a bloqué pendant si longtemps le débat sur une politique en matière de drogues plus humaine et plus efficace. Il est temps que les gouvernements du monde entier soient autorisés à expérimenter de façon responsable des modèles de régulation qui sont adaptés à leurs réalités et aux besoins locaux".

Commentaires

Portrait de frederic16

La depenalisation va se faire.Normal en addiction il est en 5ieme positions.Notre President a raison et l etat gagnera de l argent avec les taxes.J APPROUVE .AMITIE