Droits des femmes : tout en messages !

Publié par jfl-seronet le 22.03.2023
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Initiativefemmes

À l’occasion du 8 mars 2023, journée internationale pour les droits des femmes, de nombreuses organisations, investies dans la lutte contre le sida, ont publié des messages, des appels ou des tribunes. Morceaux choisis.

Fédération LGBTI+ solidaire

L’an dernier, la Fédération LGBTI+ avait évoqué le « bilan désastreux » du dernier quinquennat dans le « combat pour l’égalité ». En 2023, elle constate que « peu de dossiers ont avancé depuis lors », mais explique que son « niveau d’exigence sur ce sujet reste intact ». Et d’expliquer : « L’année 2022 a été marquée par la perpétuation des violences à l’encontre des femmes ». La Fédération LGBTI+ dit se « réjouir » que « les femmes dans leur diversité soient de mieux en mieux prises en compte au sein du mouvement féministe. Ainsi, bien qu’elle fût l’occasion d’une campagne hostile de l’extrême-droite française, la publication de l’affiche du Planning Familial acte la prise en compte non-discriminatoire des personnes transmasculines au sein de cette association phare du mouvement féministe français. Cet acte démontre preuve à l’appui que, dans son travail quotidien, le mouvement féministe prend, aujourd’hui, en compte l’existence et les besoins des personnes transgenres ». « Il reste toutefois des progrès à accomplir collectivement. C’est notamment le cas de la santé et du bien-être des femmes lesbiennes et bisexuelles. Nous soulignons la grande faiblesse des dispositifs de santé en faveur des femmes LGBTI+ et le trop faible nombre de recherches portant sur la santé des femmes lesbiennes et bisexuelles », critique la Fédération. Et la fédération de conclure : « À l’approche des prochains débats parlementaires sur l’immigration, l’intégration et l’asile, la Fédération LGBTI+ rappelle aussi que cette journée est avant tout une journée internationale. Parmi les personnes exilées en France en raison de leur identité de genre, de leur orientation ou de leurs caractéristiques sexuelles, les femmes constituent un public particulièrement vulnérable hélas trop souvent oublié des politiques publiques ».

AIDES et les droits des femmes

« Depuis bientôt 40 ans, l’association AIDES n’a de cesse de constater et de dénoncer comment l’épidémie de VIH/sida expose ou touche les plus vulnérables d’entre nous. Cette épidémie est encore révélatrice des inégalités sociales et de santé : le VIH reste la première cause de mortalité dans le monde pour les femmes de 15 à 44 ans. En 2021, les femmes représentaient 29 % des découvertes de séropositivité VIH en France », a rappelé Camille Spire, présidente de AIDES. « Face au VIH/sida et aux hépatites virales, aux inégalités sociales et de genre, les femmes cumulent les facteurs de vulnérabilité qui les exposent davantage : parcours d’exil et de migration économique ; précarité ; violences sexuelles ; transphobie ; conditions d’exercice du travail du sexe ; consommation de produits psychoactifs… Les femmes migrantes, les travailleuses du sexe, les usagères de drogues et les femmes trans, et certaines cumulent ces différents statuts, sont de ce fait plus exposées aux risques d’infection et par le stigma », a souligné la présidente de AIDES. Et de conclure : « Nous nous battons pour l’accès à la santé et les droits des femmes les plus vulnérables au VIH et aux hépatites. Et cela profite à l’ensemble de la société ! ».

Faire entendre leurs voix et faire respecter leur droits !

En tant qu’association de personnes concernées, Actions Traitements a tenu « à rappeler que les femmes vivant avec le VIH, comme celles qui sont exposées à ce virus, sont davantage victimes de discriminations, de violences sexistes et sexuelles et de sérophobie en raison de leur genre et de leur statut sérologique. Chaque semaine, dans le monde, environ 5 000 jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans sont infectées par le VIH (Onusida, 2022). En France, les femmes représentent 30 % des découvertes de séropositivité en 2021. Parmi elles, la majorité compte des femmes nées à l’étranger notamment en Afrique subsaharienne. Dans son message, Actions Traitements a pointé le déficit d’accès à la Prep des femmes en France. « D’après les derniers chiffres présentés par l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament), les femmes ne représentent que 3 % des personnes prenant la Prep (enquête Epi-Phare 2022). Cet outil de prévention contre le VIH, pourtant très efficace, reste toujours difficilement accessible aux femmes, encore plus à celles nées à l’étranger, alors qu’elles font partie des publics qui devraient en bénéficier en priorité ». « Plus d’une personne sur deux vivant avec le VIH aujourd’hui en France est une femme. Leur statut sérologique, dans leur vie intime comme dans leur parcours de soins, est souvent une source de discrimination supplémentaire, en plus de leur origine (supposée), leur statut social, leur activité ou leur orientation sexuelle. Des discriminations qui viennent s’ajouter aux violences sexistes et sexuelles dont elles sont parfois victimes », a souligné l’association.

Le message du Fonds mondial

Le Fonds mondial n’a pas raté le coche du 8 mars. Cette année, il a choisi de traiter des enjeux liés au genre, soulignant que dans toutes les régions du monde, le genre demeure l’un des principaux facteurs de la santé et du bien-être. Le constat est simple : les femmes et les filles sont souvent plus vulnérables et confrontées à des risques plus élevés en ce qui a trait à l’infection par le VIH et aux obstacles qui entravent l’accès aux renseignements et aux services liés à la santé. De plus, les normes de genre rigides et les rôles et les relations entourant la masculinité et la féminité contribuent à la dégradation des résultats en matière de santé chez les hommes et les garçons, ainsi que chez les femmes, les filles et les communautés de diverses identités de genre. « L’inégalité entre les genres est reconnue depuis longtemps comme un puissant moteur de l’épidémie de VIH. Les adolescentes et les jeunes femmes continuent d’être touchées de manière disproportionnée : en Afrique subsaharienne, six jeunes de 15 à 19 ans sur sept qui contractent le VIH sont des adolescentes », avance le Fonds mondial. Les différences et les inégalités entre les genres peuvent également avoir des répercussions sur les résultats en matière de tuberculose, rappelle le Fonds qui est également engagée dans la lutte contre cette pandémie. Et d’expliquer que « les femmes sont généralement confrontées à des obstacles plus importants quant à la prise en charge de la maladie, mais les hommes sont au moins deux fois plus susceptibles que les femmes de souffrir de tuberculose évolutive ». Dans son texte, le Fonds mondial explique que les « interventions biomédicales ne peuvent, à elles seules, mettre fin aux épidémies de VIH, de tuberculose et de paludisme. Il faut aussi s’attaquer aux injustices qui rendent certaines populations particulièrement vulnérables aux maladies et les empêchent d’accéder aux services de santé dont elles ont besoin. Nous ne pourrons mettre un terme aux épidémies de VIH, de tuberculose et de paludisme sans accorder la priorité à l’égalité des genres. Dans son texte, le fonds mondial indique être « déterminé à lutter contre l’inégalité entre les genres dans toutes ses actions – non seulement par l’intermédiaire d’aides précises liées à l’égalité des genres et à la santé (par exemple, par la modification des normes de genre néfastes, la lutte contre la discrimination et la violence fondées sur le genre, le soutien à une éducation sexuelle complète, etc.), mais aussi dans ses modes d’action avec ses partenaires de manière à accroître l’égalité des genres et à garantir la satisfaction des besoins de la population en matière de genre ».

Le Fonds s’est doté d’une stratégie pour la période 2023-2028. Elle vise « à transformer les normes sociales et culturelles et à lutter contre les lois, les politiques et les pratiques discriminatoires qui contribuent aux inégalités de genre et exacerbent les vulnérabilités liées au VIH, à la tuberculose et au paludisme ». « Nos priorités clés sont la mise à l’échelle de programmes visant à éliminer les obstacles à la santé liés aux droits humains et au genre ; le soutien de tous les droits en matière de santé sexuelle et reproductive ; l’élaboration de programmes qui font entendre les voix et les priorités des jeunes, en particulier des adolescentes et des jeunes femmes ; et la collecte, l’analyse et l’utilisation de données ventilées liées à l’âge et au sexe pour définir les facteurs d’inégalité et étayer les interventions », détaille l’institution.