Droits des malades : l’érosion se poursuit

Publié par jfl-seronet le 12.03.2011
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Peu de personnes semblent s’en soucier, mais le 4 mars dernier, c’était le 9e anniversaire de la loi de 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé. A cette occasion, le Collectif interassociatif sur la santé (CISS) avait commandé à l’institut LH2, son nouveau baromètre annuel qui "montre une baisse significative de la confiance des Français quant à la qualité de leur système de santé". Voici les premiers résultats.
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Droits des malades : l’érosion continue…
Il faut se faire une raison… si le sentiment des Français sur la qualité de leur système de santé est toujours positif, il n’en demeure pas moins qu’il baisse dans tous les domaines d’environ cinq points par rapport à l’année dernière. Ainsi note le CISS : "Le pourcentage de Français satisfaits quant à l’information sur leur état de santé délivrée par leur(s) médecin(s) passe de 89 % à 84 %". C’est le même résultat qui est obtenu quand on questionne les personnes "sur la prise en compte par leur(s) médecin(s) de leurs attentes et demandes dans les soins et traitements préconisés". "De la même façon, on note une baisse de plus de 4 points du pourcentage de Français satisfaits de l’information délivrée sur les actions à mener en cas de problème suite à un acte de soin (66 % cette année  contre 70 % l’année dernière)", précise le CISS. Par ailleurs, le "jugement des Français sur l’information concernant la qualité des soins qu’ils vont recevoir lorsqu’ils se rendent chez un professionnel de santé en France suit la même baisse, avec un pourcentage de personnes se déclarant "bien informées" qui passe de 84 % à 79 %". Pour le CISS : "Plus frappante encore, l’estimation de l’information reçue quant au coût des soins et à leur prise en charge, déjà basse les années précédentes, passe de 58 % à 53 % de personnes satisfaites".

Affaire Mediator
Très clairement, elle a eu une "influence négative sur la confiance des Français envers l’ensemble des acteurs de la santé", indique le baromètre du CISS. Assez logiquement, note LH2, les acteurs les plus affectés sont l’industrie pharmaceutique vis-à-vis de laquelle plus des deux tiers des Français s’estiment moins confiants depuis la mise à jour de l’affaire, ainsi que les institutions publiques (62 % des Français s’estiment moins confiants). Viennent ensuite les associations et le corps médical pour lesquels les Français déclarent que leur confiance a été affectée (respectivement 45% et 43%). Enfin, le médecin traitant aussi voit la confiance qu’on place en lui entamée. Ainsi 22 % des Français interrogés s’estiment moins confiants envers leur médecin traitant, cela alors même qu’il bénéfice traditionnellement d’une image assez solide. Ces chiffres incitent le CISS et ses associations membres qui vont "poursuivre leur implication dans les suites qui sont données à cette affaire". Le CISS va d’abord se battre "pour une indemnisation intégrale simple et rapide des victimes via la mise en place d’un fonds d’indemnisation". Par ailleurs, le CISS entend participer "à la réflexion initiée sous l’égide des pouvoirs publics pour s’assurer que nos dispositifs de pharmacovigilance et de sécurité sanitaire fassent effectivement l’objet des évolutions et réformes nécessaires révélées par cette affaire". Enfin, le CISS entend "se porter partie civile dans la procédure judiciaire en cours pour suivre au plus près l’identification des responsabilités et souhaiter que la confiance de tous les usagers envers leur système de santé puisse ainsi être au plus vite rétablie".

Encore plus de difficultés
Autre enseignement de ce baromètre LH2/CISS, les difficultés d’accès aux soins sont de plus en plus nombreuses. "Le report ou le renoncement à la consultation d’un médecin, à des soins dentaires, à l’achat de lunettes ou de médicaments en raison de leur coût concerne 1/5 à 1/3 des Français. A noter que les soins dentaires constituent le type de soins auquel les Français sont plus nombreux (30 %) à renoncer pour des raisons financières. Les personnes dont les revenus sont inférieurs sont logiquement davantage touchés par ce type de choix financier. Le sondage indique aussi que les "femmes sont plus nombreuses que la moyenne à avoir déjà reporté ou renoncé à l’achat de médicaments ou à la consultation d’un médecin".
"En matière de difficultés d’accès aux soins, en lien avec la mauvaise répartition des médecins sur le territoire français, ils sont près des 2/3 (65 %) à affirmer qu’il faut "encadrer l’installation des médecins pour les amener à exercer dans les zones où ils sont absents" plutôt que d’"augmenter les aides publiques versées aux médecins pour les inciter à exercer dans les zones où ils sont absents" (32 %). La lutte contre les déserts médicaux est prévue dans la loi HPST, mais cette disposition fait actuellement l’objet d’un détricotage méticuleux de la part des sénateurs.

Y a des trucs qui énervent…
Dans le communiqué (3 mars) qui commente les résultats de son dernier baromètre, le CISS rappelle, avec amertume et agacement, que "ni le gouvernement, ni le législateur, ni les partenaires sociaux n’ont pu porter de façon durable des dispositions permettant de répondre à ces difficultés auxquelles sont confrontés les usagers du système de santé dans l’exercice de leur droit à l’accès aux soins". Le CISS dénonce même des mesures qui vont à l’encontre d’une amélioration de l’accès aux soins. Il s’oppose ainsi à la "suppression probable du Contrat santé solidarité (…) qui ne visait qu’à apporter un minimum d’encadrement pour la participation de tous à l’effort commun d’une meilleure utilisation de la ressource médicale sur le territoire". Il dénonce également qu’il n’y ait "aucune mesure visant à limiter les dépassements d’honoraires, ni dans la loi ni dans la négociation conventionnelle, en dehors de la création d’un nouveau secteur optionnel aux contours très risqués pour les restes à charge des patients". Outre critique que rien n’ait été fait "pour permettre la généralisation du tiers payant chez le médecin traitant, malgré l’intérêt d’une mesure aussi simple à mettre en œuvre pour faciliter le recours aux soins de millions d’assurés sociaux". Détérioration des soins, de l’accès aux soins, atteinte à la confiance, etc. tout semble désormais se dégrader. De surcroît, d’autres éléments (déserts médicaux, dépassements d’honoraires, etc.) jouent… Pour le CISS, la conclusion est assez simple : "Les difficultés grandissantes d’accès aux soins doivent aussi être prises en compte pour que les Français accordent à nouveau une confiance durable à leur système de santé".

"Baromètre des droits des malades". Sondage LH2 réalisé pour le CISS les 18 et 19 février 2011 par téléphone auprès d’un échantillon de 1 006 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus (méthode des quotas).

Commentaires

Portrait de madelin40

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Portrait de ionesco

la dégradation des services publics (suppression des personnels, fermeture......)et le démantèlement de la sécurité social, le refus d'accès aux soins des étrangers sont des CHOIX POLITIQUE L’Etat démantelé : une révolution silencieuse 1 http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2125 L’Etat démantelé : une révolution silencieuse II http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2126 Ah, l’Auvergne, la fourme d’Ambert, les montagnes, le petit train découverte... C’est beau. C’est beau sauf que la maternité ferme. Que l’école va fermer. Qu’il n’y a plus de train pour les usagers. Une lente agonie... Pourquoi ? Parce qu’il est gros, parce qu’il est gras, parce qu’il est malade. Qui ? L’Etat ! Il faut le faire maigrir, le muscler, qu’il ait les plus jolis mollets pour la compétition internationale. "Les Français ne sont pas sportifs parce que nous avons l’habitude de l’Etat-providence". Olivier Mazerolle, 1994 Un reportage de Charlotte Perry