Dry january est lancé

Publié par jfl-seronet le 07.01.2020
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InitiativealcoolDry january

Dry january, autrement dit « janvier sans alcool », est un défi collectif qui propose de faire une pause avec sa consommation d’alcool pendant un mois. L’objectif est sur la base du volontariat de constater les bénéfices sur le corps et au quotidien de l’arrêt de l’alcool. Explications sur une initiative qui ne plait pas au gouvernement.

Les autorités de santé françaises y ont travaillé de longs mois et investi pas mal d’argent (Le Canard enchaîné évoque un montant de 900 000 euros), mais Emmanuel Macron a décidé de supprimer cette campagne « mois sans alcool » pourtant déjà présente dans quatorze pays. La première opération du genre a été lancée en Finlande en 2004. La version belge  a fait remonter de nombreux bénéfices chez les participants-es, avec neuf participants-es sur dix de l’édition 2018 de l’opération témoignant d’au moins un effet positif : plus d’énergie, un sommeil de plus grande qualité, des économies, un retour au poids de forme… Cette opération a été créée en Grande-Bretagne par l’association britannique Alcohol Change UK et a permis d’obtenir de bons résultats.

Une équipe de chercheurs-ses de l'université du Sussex (Grande-Bretagne) s'est intéressée aux adultes qui ont pris part au Dry January 2018. Un premier sondage a été réalisé auprès de 2 821 personnes inscrites à l'événement. Un deuxième a été réalisé auprès de 1 715 personnes la première semaine de février et le dernier, auprès de 816 participants-es en août, donc quelques mois après l’opération. Les résultats montrent que ceux-lles qui ont participé au Dry January ont aussi déclaré boire moins les mois suivants, avec une consommation en baisse même au mois d'août. Les participants-es ont également révélé que le nombre moyen de jours où ils avaient bu était passé de 4,3 à 3,3 jours par semaine. Le nombre d'unités d'alcool consommées par jour a également baissé de 8,6 à 7,1 et la fréquence d'ébriété est passée de 3,4 fois par mois à 2,1 fois par mois en moyenne. Parmi les autres bienfaits, ont été rapportés un sens de l'accomplissement personnel, sentiment mentionné par 93 % des participants-es, ainsi qu'une économie d'argent, rapportée par 88 % des personnes interrogées.

Cette opération avait donc toute sa place en France et c’est d’ailleurs pour ça que les autorités de santé (ministère de la Santé, Santé publique France) y ont travaillé. Dans notre pays, la consommation d’alcool provoque la mort de 41 000 personnes par an et cause 8 000 handicaps. Le pays est par ailleurs le troisième plus gros consommateur d’alcool des pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) avec 13 litres d’alcool par habitant consommés chaque année. Interrogée par France Info en novembre dernier, Eileen Rocard, économiste à l’OCDE, rappelait qu’en « moyenne, en France on boit 2,5 bouteilles de vin par semaine par adulte ».

Annulée sur volonté présidentielle, cette campagne a été reprise par un certain nombre d’associations de santé et de sociétés savantes (dont la Fédération Addictions, France Assos Santé, Aides, le Fonds Actions Addictions, la Fédération française d’addictologie), La Ligue contre le cancer, la SFA (Société Française d’Alcoologie), Société française de Santé publique, Uniopss, etc.).

Qu’est-ce que trop boire ?

Même une consommation minimale d’alcool est néfaste pour la santé assurait une vaste étude publiée dans The Lancet contredisant celles suggérant l’effet bénéfique du verre de vin rouge bu avec modération. Les nouveaux « repères santé » proposés par Santé Publique France en 2019 préconisent maximum deux verres par jour et pas tous les jours, pour un maximum de dix par semaine. Un quart des Français-es de 18 à 75 ans dépasserait l’un de ces trois repères… Avec de fortes inégalités : la proportion bondit à 33 % chez les hommes et plafonne à 14 % chez les femmes, rappelle l’AFP. De son côté, le National health service (NHS) anglais recommande aux hommes comme aux femmes de ne pas dépasser les 14 unités (qui ne sont pas des verres !) par semaine et de répartir ces unités sur trois jours ou plus. Un petit verre de vin (125 ml, teneur en alcool éthylique absolu par volume de 12 %) compte pour 1,5 unité. Un verre standard (175 ml, 12 %) pour 2,1 unités. Une bouteille de vin de 750 ml (13,5 %) contient dix unités.

Et si on faisait une pause ?

Une simple pause, pendant un petit mois, le temps de prendre du recul sur sa consommation et de faire du bien à son corps. Pour celles et ceux qui veulent relever le défi, il faut se rendre sur le site dédié. Repris à leur compte par les associations et certaines sociétés savantes avec le mot-clé #LeDéfiDeJanvier, sur Twitter : @fr_dry, Facebook : DryJanuaryFR et Instagram : dry_januaryfr, cette opération propose donc aux volontaires de ne pas boire d'alcool pendant le mois de janvier. Il est possible de s'inscrire en ligne pour recevoir des astuces et des conseils, lire des témoignages servant à motiver les participants-es à prendre du recul vis-à-vis de leur consommation personnelle d'alcool tout au long de l'année.