En finir avec le VHB : plan mondial !

Publié par jfl-seronet le 04.05.2019
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Thérapeutiquehépatite BVHB

En finir avec le VHB ! Ice-HBV (International coalition to eliminate HBV ou Coalition internationale pour l’élimination du VHB) a élaboré une stratégie scientifique globale pour l’élimination du VHB. Cette structure a récemment lancé son plan pour mettre fin à l’épidémie de VHB (hépatite B) dans le monde, indique un communiqué de l’ANRS (Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales), publié le 11 avril dernier.

L’hépatite B représente un défi mondial pour la santé publique, d’échelle comparable à la tuberculose, au VIH et au paludisme, explique l’ANRS dans un communiqué. Dans le monde, plus de 257 millions de personnes présentent une infection chronique par le VHB, et près de 900 000 personnes sont décédées de cette maladie en 2017. Récemment, la revue scientifique The Lancet Gastroenterology & Hepatology a publié la « stratégie scientifique globale » de Ice-HBV. Elle pose les fondations de la dynamique qui animera la recherche d’un traitement curatif pour l’hépatite B et la mise en œuvre à long terme de mesures préparatoires à une guérison de l’infection par le virus de l’hépatite B (VHB). Aujourd’hui, il existe une vaccination (très efficace) contre le VHB, mais les traitements actuels ne permettent pas la guérison de l’infection.

La Coalition internationale pour l’élimination du VHB, un groupe rassemblant des chercheurs-euses, des représentants-es de patients-es et des organisations sanitaires, dont l'ANRS est partenaire, a donc publié sa feuille de route. Cette dernière, outre sa publication, a été présentée en ouverture du Congrès international d’hépatologie (International liver congress, EASL) qui s’est tenu à Vienne. L’hépatite B est une infection virale qui s’attaque au foie, et se manifeste par des formes aiguës et chroniques. Le virus est transmis par contact avec le sang ou d’autres liquides corporels d’une personne infectée. Aujourd’hui, à l’échelle mondiale, un plus grand nombre de personnes meurent d’infection chronique par le virus de l’hépatite B que du paludisme. L’hépatite B chronique (HBC) provoque plus de 40 % des cas de cancer s du foie (carcinome hépatocellulaire), la deuxième cause de mortalité liée au cancer à travers le monde. Dans son intervention, le Professeur Peter Revill, directeur de l’Ice-HBV et responsable scientifique principal du Victorian Diseases Reference Laboratory (Institut Peter Doherty, Université de Melbourne, Australie) a expliqué : « Quelque 900 000 personnes décèdent chaque année de l’hépatite B, ce qui est simplement inacceptable. De manière inexplicable, malgré le bilan humain et économique catastrophique de l’hépatite B chronique, les recherches sur le VHB restent largement sous-financées, au point que cette infection peut être comparée à une maladie tropicale négligée. Les recherches sur la guérison de l’infection par le VHB pourraient faire une grande différence et prévenir les conséquences négatives que subissent toutes les personnes infectées par le VHB, en leur permettant de mener une vie productive sans traitement et en réduisant les stigmates associés à cette infection chronique.

Directeur adjoint de l’Ice-HBV, vice-président du conseil scientifique consultatif et directeur du programme Guérir l’hépatite B, à l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS) à Paris, le professeur Fabien Zoulim a, lui, indiqué : « Nous avons la ferme conviction que les agences de recherche doivent voir au-delà des objectifs actuels et œuvrer ensemble pour découvrir et permettre l'accès à un traitement pour les personnes vivant avec le VHB ».

Dans la mesure où nous disposons d’un vaccin et de médicaments pour traiter l’hépatite B, pourquoi avons-nous besoin d’effectuer des recherches sur un traitement curatif ? Cette question, Ice-HBV se l’est posée. Un vaccin sûr et efficace pour prévenir l’infection par le VHB existe, et sa disponibilité universelle est essentielle pour l’élimination du VHB en tant que menace pour la santé publique… mais ce vaccin est inégalement accessible. Des traitements permanents sont également nécessaires pour les personnes déjà infectées de manière chronique, mais ils ne sont actuellement accessibles qu’à 8 % des millions de personnes qui en ont besoin, en particulier à cause de la complexité de la surveillance de la maladie. La Stratégie scientifique globale Ice-HBV plaide donc « énergiquement pour la nécessité de recherches et de mesures préparatoires appropriées pour un traitement curatif, afin de compléter la stratégie d’élimination mondiale de l’Organisation mondiale de la santé, le vaccin contre le VHB et les traitements certes bien tolérés, mais d’accès limité ». Le schéma thérapeutique actuel contribue à garder le VHB sous contrôle, mais il n’est actuellement pas curatif, car il ne peut pas éliminer totalement le VHB des cellules infectées, pointe le communiqué de l’ANRS.

L’ADN circulaire fermé de manière covalente (ADNccc) est une structure d’ADN spécifique qui apparaît pendant la propagation du virus de l’hépatite B dans le noyau cellulaire, et peut rester à cet endroit de manière permanente. Après une infection par le virus de l’hépatite B, l’ADNccc peut rester dans les cellules hépatiques après un traitement clinique et peut même se réactiver. Même avec un traitement permanent, les personnes sont toujours exposées à un risque plus élevé de développer un cancer du foie, notamment en présence d’une cirrhose sous-jacente. Cet aspect soulève également le problème de l’observance du traitement et nécessite un investissement considérable pour une surveillance permanente, ce qui ajoute des difficultés au défi que représente l’élimination du virus. Comme on l’imagine, certains systèmes de santé (faute de moyens, de spécialistes, etc.) ne sont pas en mesure d’assurer un tel suivi.

La stratégie de Ice-HBV comporte deux approches principales : guérir l’infection par le VHB sans tuer les cellules infectées  et induire un contrôle immunitaire pour éliminer en toute sécurité les cellules infectées. Ice-HBV indique que chacune de ces approches devra être sous-tendue par des études cliniques coordonnées. IL cite également des preuves récentes indiquant que l’« horloge » de l’infection par le VHB commence à se déclencher plus tôt que prévu, et que des intégrations de l’ADN du VHB sont associées au cancer du foie, nécessitant un traitement à un stade beaucoup plus précoce que celui actuellement recommandé.

« Les millions d’entre nous affectés par l’hépatite B applaudissent les efforts actuels pour éliminer la maladie, mais nous attendons aussi avec impatience de voir un engagement dans la découverte d’un traitement curatif. Nous avons besoin de quelqu’un qui change les règles du jeu. Pendant que l’industrie pharmaceutique développera de nouveaux médicaments et les évaluera au cours des essais cliniques, nous sommes face à l’impératif éthique et scientifique de mettre en œuvre des collaborations avec des scientifiques cliniques en dehors de l’industrie si nous voulons voir aboutir le développement de médicaments, faciliter les études cliniques, définir des corrélats caractéristiques de la « guérison », affiner les critères d’évaluation du traitement et identifier les meilleurs patients pour les essais cliniques en fonction du mode d’action des médicaments testés. La Stratégie scientifique globale Ice-HBV peut nous aider à atteindre cet objectif, à nous mettre sur la voie d’un traitement curatif de l’infection par le VHB et à changer la vie de millions de personnes vivant avec la maladie », a longuement détaillé Su Wang, président de l’Alliance mondiale contre l’hépatite (World hepatitis alliance) qui vit, lui-même avec une hépatite B. De ce point de vue, la révolution thérapeutique qu’a connue le traitement du VHC fait des émules et suscite des espoirs… dans la prise en charge du VHB. De ce fait, La stratégie prônée par Ice-HBV demande une « augmentation des investissements dans les recherches d’un traitement curatif de l’hépatite B et les mesures préparatoires au traitement curatif ». «Nous avons la ferme conviction que la santé publique et les agences de recherche doivent aller au-delà des objectifs existants, et collaborer pour découvrir des traitements curatifs pour les personnes vivant avec le VHB et en assurer l’accès », a plaidé le professeur Fabien Zoulim.