En prison... au Sud

Publié par olivier-seronet le 31.03.2010
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La 5e conférence francophone a été l'occasion de discuter des questions d'accès aux soins dans les prisons de plusieurs pays d'Afrique. Au Sud comme au Nord en France, la situation faites aux personnes détenues est peu ou prou la même. Surpopulation, insuffisance de formation du personnel pénitentiaire, non dits et discrimination. Même si parfois l'accès aux soins s'améliore, les carences en terme d'accompagnement restent flagrantes.
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Ainsi que l'on soit détenu en maison centrale de Bamako (Mali), en maison d'Arrêt d'Abidjan (Côte d'Ivoire), au Burkina ou encore à New-Bell au Cameroun, le paysage, pour les détenus, est le même. Les prisons sont vétustes, surpeuplées, avec des taux d’occupation pouvant monter jusqu’à 300 % (Cote d’Ivoire), voir 400% (Mali). S'y ajoute une absence de formation des personnels de l’administration pénitentiaire. L'accès médical varie selon les lieux, sans présence de médecin, parfois,  comme dans le cas d'une prison malienne pour femmes, ou sinon avec un nombre de médecins insuffisant au regard du nombre de détenus. Dans ces conditions, inutile d'espérer des soins rapides, ou même tout simplement de se faire soigner quand on est séropositif ou porteur du VHC.


Trop souvent, la présence d'équipes médicales et paramédicales n'implique pas les associations de malades ou de lutte contre le VIH. Celles-ci sont la plupart du temps absentes, alors même qu'elles sont un élément essentiel du dispositif de soins. Elles permettent par exemple de limiter la perte de vue des personnes qui suivent un traitement, une fois leur peine effectuée. Les associations de lutte contre le sida peuvent aussi contrebalancer par leur action les différents dénis liés à la sexualité (les relations sexuelles sont interdites, donc elles n’existent pas, la prise de drogues est interdite, donc il n’y a pas de drogues en circulation dans les lieux de détention, et donc à fortiori pas de consommation et pourtant ..... Bien entendu la discrimination, la stigmatisation, freinent l’accès au traitement. Elles amènent un détenu à ne pas faire état de son statut sérologique, empêchent des personnes à faire un test de dépistage, car la confidentialité du milieu médical et pénitentiaire reste défaillante. Quand il y a incitation au dépistage, c'est sans accompagnement (le counselling). Dans ces conditions, lorsqu'un résultat de test est positif, les personnes se retrouvent seules sans possibilité d'en parler à qui que ce soit.


Les associations tentent de développer divers programmes pour mettre en place les conditions d’une meilleure prévention et d’une meilleure prise en charge des personnes infectées par le VIH, les hépatites ou les IST. Certes les objectifs sont multiples et parfois difficiles à atteindre. Tout d'abord il est essentiel de former les détenus, mais aussi le personnel pénitentiaire. Ainsi dans plusieurs pays s’expérimente la formation de pairs éducateurs, par exemple au Burkina Faso ou au Cameroun. Le soutien aux séropositifs peut aussi passer par la mise en œuvre de groupes d'auto support. S'il est important de proposer le dépistage au détenu, celui-ci devrait aussi être étendu aux surveillants, dépistage du VIH, mais également des hépatites et des IST. Question soins, les associations souhaitent que les traitements puissent être initiés, même si les conditions de vie restent difficiles en prison, car ces traitements restent tout de même efficaces. Et puis au delà de l'emprisonnement, les associations souhaitent être présentes à la fin de détention pour accompagner les personnes vers la vie civile et ainsi limiter le nombre de « perdus de vue ».