Encore des économies sur le dos des malades !

Publié par jfl-seronet le 12.09.2018
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Fin août, France Assos Santé a interpellé le gouvernement dénonçant le choix fait, une fois encore, de faire des « économies sur le dos des malades ». Indemnités journalières, maladies chroniques, pensions d’invalidité, le collectif explique, critique et dénonce.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les choix sociaux du gouvernement sont largement critiqués… y compris par les associations d’usagers-ères de la santé. C’est tout particulièrement le cas de France Assos Santé. Dans un communiqué (30 août), le collectif explique le contexte : « Le gouvernement doit agir vite pour assurer l’équilibre budgétaire auquel il s’est engagé auprès notamment de ses partenaires européens. Résultat : l’annonce en urgence d’une série de mesures visant à réduire la dépense publique, mesures qui concernent le sanitaire et le social et qui risquent d’ébranler fortement les principes mêmes de notre système de sécurité sociale. »

Premier point d’achoppement, la mesure qui concerne les indemnités journalières et qui, selon France Assos Santé, serait une « porte ouverte vers la fin des indemnités journalières pour les arrêts de travail de moins de huit jours ».  « Faire porter par l’employeur [ce qui ne serait plus le cas, selon les dernières annonces gouvernementales, ndlr] la totalité de la prise en charge des indemnités journalières pour les arrêts de travail de moins de huit jours constitue une faille potentiellement lourde de conséquences dans les missions de l’assurance maladie obligatoire ». « C’est la porte ouverte à la réduction du droit des salariés-es aux indemnités journalières parce qu’elles feront l’objet de négociations au sein de chaque entreprise. On voudrait détricoter le système de mutualisation solidaire des financements de la sécurité sociale, en le remplaçant par une mise à contribution plus individualisée au niveau de chaque entreprise, qu’on ne s’y prendrait pas autrement », critique France Assos Santé.

Des mesures sanctionnant d’abord les 20 millions de malades chroniques

« Le gouvernement essaie de calmer le jeu en expliquant que cette mesure modificative de prise en charge des indemnités journalières ne concernera pas les affections de longue durée puisqu’elle ne porterait que sur les arrêts de moins de huit jours ! » Pour France Assos Santé, ce n’est évidemment pas si simple. « Quelle vision purement technocratique de la vie quotidienne de la plupart de nos concitoyens en ALD [affections de longue durée, ndlr]: la vie au long cours avec la maladie, ce n’est pas forcément être en arrêt de travail long. C’est souvent avoir une activité professionnelle conciliable avec la maladie, ce qui implique de pouvoir recourir à des arrêts de travail de courte durée lorsque nécessaire. C’est précisément ce qui permet de faciliter la compatibilité entre les exigences d’une vie professionnelle et les contraintes de la vie avec la maladie. Si le régime de l’ALD est en principe protecteur puisqu’il prévoit que soient exclus les jours de carence en cas d’arrêt de travail quelle qu’en soit la durée, la pratique démontre hélas une méconnaissance fréquente de cette règle, volontaire ou pas… soit que le médecin prescripteur de l’arrêt de travail ne vise pas le régime de l’ALD, soit que la CPAM n’ouvre pas le droit à l’ALD. Stigmatiser les arrêts courts, c’est donc stigmatiser avant tout les personnes confrontées à la maladie : NON les arrêts de travail de courte durée ne sont pas que des congés déguisés, des arrêts de confort. Ils permettent le maintien au travail de millions de personnes vivant avec la maladie, pour lesquelles la suspicion induite par une telle communication est difficilement supportable. »

Désindexation de l’inflation des pensions d’invalidité

Dernier sujet de critique pour France Assos Santé. Le choix de procéder à des réductions de dépenses « sans mesurer les conséquences sociales pour des millions de personnes déjà atteintes dans leur intégrité physique ». C’est, selon France Assos Santé, prendre le risque de « détruire le ciment social déjà fragilisé de notre République ! » « Les associations représentant les usagers-ères du système de santé, et au premier chef France Assos Santé en tant qu’union de référence en la matière, revendiquent ainsi de « prendre part à la concertation annoncée par le gouvernement sur le sujet afin qu’y soit pleinement prise en compte la réalité vécue des personnes malades », conclut le communiqué.

 

Commentaires

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Cela fait quand même plusieurs décennies que la France n'est plus une grande puissance et est repliée sur un territoire exigu qui, pour reprendre une expression souvent moquée, "ne peut accueillir toute la misère du monde".