Etat… de santé

Publié par jfl-seronet le 02.01.2012
1 356 lectures
Notez l'article : 
0
 
mortalitéétat de santé
Bourré de chiffres, de schémas, cartes et graphiques, il est sorti récemment. Lui, c’est le rapport sur l’Etat de santé de la population en France en 2011, réalisé par la Drees. Il fait évidemment le point sur quasiment toutes les questions de santé dont le VIH et les hépatites virales. Voici quelques chiffres avec de bonnes nouvelles et des infos qui font réfléchir.
rapport_0.jpg

Qu’est ce que ce rapport ?
La loi de santé publique de 2004 avait fixé des objectifs presque maladie par maladie. En 2006, il a été demandé à la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) de faire le bilan des objectifs de cette loi. Depuis, chaque année, sort ce rapport qui présente, selon ses auteurs, "une vision d’ensemble de l’état de santé de la population en France".

Espérance de vie… encore
Pour une bonne nouvelle, c’est une bonne nouvelle. Ces dix dernières années, l'espérance de vie à la naissance n'a cessé de s'allonger en France. "Elle est même la plus élevée d'Europe pour les femmes et les hommes âgés aujourd'hui de 65 ans. Les femmes peuvent espérer vivre encore 22,8 ans, les hommes 18,6 ans", note "Le Figaro", fin novembre dans un article consacré au rapport. En 2008, précise le rapport, on comptait 108 825 décès prématurés [décès avant 65 ans, ndlr], soit 20% de l'ensemble des décès. Contre environ 124 800 en 2000. On observe une baisse régulière de cette mortalité prématurée : moins 15 % entre 2000 et 2008".

Tabac : ça fume toujours
Sur cinq années, les experts de la santé publique espéraient réduire de 33% à 25% la prévalence des fumeurs quotidiens. Ils sont toujours 32,4%. L’objectif de santé publique n’est donc pas atteint. "Même résistance pour les femmes, puisque la prévalence reste à 26% en 2010 alors que l'objectif était de passer de 26% à 20%", indique "Le Figaro". "Les seules tranches d'âge pour lesquelles on observe une diminution de prévalence entre 2005 et 2010 sont les femmes de 15-19 ans (-10%), les hommes de 20-25 ans (-10%) et ceux de 65-75 ans (-7%)", note le rapport.

Maladies chroniques : ALD en progression
Les maladies chroniques touchent une personne sur trois après 15 ans et c'est pourquoi leur prise en charge est aussi au cœur de la santé publique et des enjeux de financement. Le rapport rappelle qu’ "en 2009, 1,4 million de nouvelles affections longue durée (ALD) ont été prises en charge par la collectivité, soit une augmentation d'environ 40% depuis 2000". Cette augmentation traduit paradoxalement une amélioration de l'espérance de vie des malades et de la qualité des soins. Elle est aussi à mettre sur le compte du vieillissement de la population. Plus cette dernière vieillit (et tant mieux) plus on constate de personnes en ALD (c’est un peu logique d’être malade lorsqu’on vieillit).

VIH : des chiffres stables mais pas pour tous, ni partout
L’objectif de la loi de santé publique de 2004 était de réduire l’incidence des cas de sida a 2,4 pour 100 000 personnes à un horizon quinquennal. Ce même objectif était mentionné dans le Programme national de lutte contre le VIH-sida et les infections sexuellement transmissibles pour la période 2005 à 2008. "Entre le début de l’épidémie et le 31 décembre 2009, environ 83 000 personnes ont développé un sida. Parmi elles, environ 47 000 sont décédées. Après avoir atteint un pic en 1994 (7 000 diagnostics), le nombre annuel de cas de sida a connu une diminution très marquée entre 1996 (5 000 diagnostics) et 1 998 (2500), du fait de la diffusion des puissantes associations d’antirétroviraux", indique le rapport qui précise que "depuis 1998, le nombre de cas de sida diagnostiqués chaque année a diminué plus lentement, même si, depuis 2003, la baisse est plus marquée (-10% entre 2008 et 2009)".
Le nombre de découvertes de séropositivité au VIH qui avait diminué entre 2004 et 2008 a augmenté légèrement en 2009. Parmi les groupes exposés, l’augmentation n’est retrouvée que chez les hommes homosexuels. Cette augmentation est sans doute le reflet d’une augmentation d’homosexuels ignorant leur séropositivité, dans la mesure ou le dépistage (même fréquent) ne suffit pas dans un contexte de transmission du VIH importante : le nombre de nouvelles contaminations chaque année est supérieur au nombre de découvertes de séropositivité entrainant une augmentation du pool d’homosexuels ignorant leur séropositivité. Les régions les plus touchées sont toujours les départements français d’Amérique, notamment la Guyane et dans une moindre mesure la Guadeloupe. La Martinique et l’Ile-de-France ont enregistré des niveaux moindres, mais plus élevés que les autres régions françaises", indique le rapport.

Hépatites virales… puisqu’on vous dit que c’est grave !

Les infections par les virus de l’hépatite C (VHC) et de l’hépatite B (VHB) sont un enjeu important de santé publique en France, du fait de leur fréquence et de leur gravité potentielle (évolution vers la cirrhose ou le cancer primitif du foie). La loi de santé publique de 2004 a fixé pour objectif, a un horizon quinquennal, de réduire la mortalité attribuable aux hépatites chroniques de 30%. Jusqu’en 2001, il n’existait pas de données nationales fiables sur la mortalité associée au VHB et au VHC. "Pour la première fois en 2001, une enquête a permis d’établir une estimation fiable de la mortalité liée aux virus des hépatites B et C en France métropolitaine. Elle confirme la gravite des hépatites virales B et C : 4 000 décès étaient en effet imputables à ces virus. Par ailleurs, on relève la présence d’une cirrhose dans plus de 90% des décès et d’un carcinome hépatocellulaire [cancer du foie, ndlr] dans un décès sur trois. Les personnes dont le décès est attribué au VHC et au VHB meurent aux alentours de 65 ans, mais beaucoup plus précocement en cas d’alcoolisation excessive (respectivement 58 et 52 ans). La co-infection par le VIH a également des effets aggravants sur l’espérance de vie : lorsqu’une personne est infectée par le VHC et le VIH, l’âge moyen au décès est inférieur à 40 ans. Cette étude souligne la nécessité de poursuivre les efforts engagés dans la prévention et le dépistage du portage chronique de ces virus, et d’améliorer la prise en charge des co-morbidités et l’accès au traitement des patients", indique le rapport.