Europride à Marseille : Clap de fin !

Publié par Mathieu Brancourt le 23.07.2013
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Dernier acte de cette édition 2013 de l’Europride, la marche finale de samedi (20 juillet) a été, sans surprise, le point d’orgue du rassemblement LGBT à Marseille. Sous un soleil de plomb, les 20 000 participants ont donné à la ville un parfum de fête populaire et colorée.

Devant le Vieux-Port fermé pour l’occasion, une masse compacte se forme à proximité de l’ombrière. Non loin de là, les chars stationnent en attendant le départ d’une marche prévue à 14 heures. Avant cela, politiques et associatifs sont invités à s’exprimer sur le toit du bus de tête. Ces derniers n'ont d'ailleurs pas manqué de reparler du contexte houleux du récent débat pour l'ouverture du mariage et de l'adoption aux homosexuels en France. "La lutte contre les discriminations ne doit pas connaître l'austérité", a ainsi défendu Pierre Laurent, Premier secrétaire du PCF. "Les opposants à l’égalité ont maintenant un visage", a ajouté Pierre Serne, vice-président (EELV) de la région Ile-de-France. Dominique, un proche d'Eric Lembembe, militant camerounais LGBT sauvagement assassiné à Yaoundé la même semaine, a pris également la parole. Il a rappelé que l'homophobie restait virulente en Afrique, où "cette haine, au delà des insultes et des discriminations, tue encore des homosexuels" ou des personnes présumées comme tel.


La manifestation s’est ensuite dirigée lentement vers les plages du Prado. Durant les quatre heures de traversée de la ville, rien n’est venu perturber la musique et la célébration par la fête d’une avancée historique en matière des droits LGBT en France : le mariage pour tous. Sur les six kilomètres du parcours, la musique a bercé les oreilles des jeunes, vieux, familles ou couples, hétéros, homos, trans, venus danser ou s’embrasser en toute liberté. Les opposants au "mariage pour tous" avaient eux promis une contre-manifestation. Heureusement, rien de tout ça samedi. A peine un drapeau "Un papa, une maman" aperçu, glissé dans un volet clos, copieusement sifflé par les participants.

En l'honneur d'Eric Lembembe spécialement, mais aussi des personnes mortes des suites du sida, trois minutes de silence ont été respectées. Sono éteinte, des panneaux "fier-e-s à Marseille, mort-e-s au Cameroun" ont été brandi pour que personne n'oublie que le combat pour les droits ne se limite pas à la France, ni à l'Europe. La foule s’est tue, consciente de ce que la communauté LGBT a pu et peut encore subir. Avant l’échéance électorale européenne de 2014, Bruno Spire, président de AIDES, a souligné que "c’est la colère qui domine", alors que l’homophobie demeure plus que jamais violente et que les Etats renoncent à leurs engagements financiers dans la lutte mondiale contre le sida.

La marche fut le point final d'un événement au succès limité. Mal organisé pour beaucoup, trop long pour certains, la liste des griefs envers l’organisation de l’Europride made in France est longue. On pourrait s’arrêter également au bilan purement comptable de la marche de ce weekend. Avec une foule moins nombreuse qu’escomptée – on avançait encore 400 000 personnes il y a 15 jours – la Marche des fiertés cristallise la question de l’affluence qui n’a jamais été au rendez-vous, pour ce qui devait être LA plus grande manifestation européenne des LGBTI de 2013. Mais ce défilé pluriel et bon enfant de samedi est loin d’être un échec. Il a permis, enfin, de donner un sens politique et musical au slogan de l’Europride marseillaise : "Des minorités pour transformer les sociétés". Une Europe plus tolérante, plus égalitaire, pour laquelle la bataille débutait dans ce terreau des futures revendications des LGBT.